Four Winds

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17/20
Nom du groupe Tangier
Nom de l'album Four Winds
Type Album
Date de parution 1989
Labels Atco
Style MusicalHard Rock
Membres possèdant cet album31

Tracklist

1.
 Ripcord
 
2.
 Mississippi
 
3.
 On the Line
 
4.
 In Time
 
5.
 Four Winds
 
6.
 Fever for Gold
 
7.
 Southbound Train
 
8.
 Sweet Surrender
 
9.
 Bad Girl
 
10.
 Good Lovin'
 

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Tangier


Chronique @ adrien86fr

23 Septembre 2012

I hear the whistle of a southbound train..

Tanger, cité portuaire du nord du Maroc ouverte sur le détroit de Gibraltar et fondée au IVème siècle avant J-C par les Carthaginois en guise de comptoir d’import et d’export de marchandises diverses et variées. Jouissant d’une situation géographique particulièrement stratégique, Tanger ou Tanja en arabe devient à la chute de Carthage en – 146 une colonie romaine liée à la province d’Espagne. Tour à tour ville capitale de la Mauritanie Tingitane (IIIème siècle après J-C), occupée par les Vandales de Genséric (Vème siècle) puis rattachée à l’Empire Byzantin au début du VIème siècle sous le règne de l’empereur Justinien le Grand, Tanger voit sa souveraineté être disputée les siècles suivants par les dynasties du Maroc, de la Tunisie et de l’Espagne aux prix de violents affrontements entre les armées des camps concernés avant de connaitre une domination portugaise longue de 109 ans. Cédée à l’Angleterre en 1661 avant de redevenir espagnole quelques temps plus tard, Tanger vit ensuite à l’heure française jusqu’au 29 octobre 1956 et la Conférence de Fedala proclamant l’indépendance du Maroc et la souveraineté du roi Mohammed V. Empreinte d’une histoire antique et contemporaine riche, Tanger expérimente en 1985 le fait le plus remarquable de sa destinée en ayant l’honneur de donner la version anglo-saxonne de son illustre patronyme, Tangier, à un groupe du sacro saint hard rock américain de la décennie 80.

Tangier voit le jour à Philadelphie courant 1984 sous l’impulsion créatrice du lead guitarist Doug Gordon très vite rejoint par son confrère six-cordiste Rocco Mazzella, le bassiste Mike Host et le percussionniste Mark Hopkins. Combo on ne peut plus actif de la scène hard rock de la côte est et de ses clubs réputés ayant contribué à écrire l’histoire des mythiques Bon Jovi, Kix, White Lion et autres Cinderella avec lequel il fricotte notamment, Tangier sort fin 1985 un premier album éponyme sur l’obscur label Wolfe Records qui passera assez logiquement inaperçu du grand public car objet malheureux d’une distribution sous le manteau. Qu’à cela ne tienne, après avoir mis en sommeil le groupe pendant quelques mois le temps d’imaginer sa renaissance, Gordon et Tangier réapparaissent fort d’un nouveau line-up comprenant une nouvelle section rythmique composée de Gari Saint à la guitare, de Garry Nutt à la basse et du batteur Bobby Bender et ne tardent pas à s’attirer les faveurs du label Atlantic Records qui signe le quintette pour deux albums. Enregistré à domicile aux Kajem Studios de Gladwyn en Pennsylvanie sous les précieuses directives du légendaire Andy Johns (Humble Pie, Free, McAuley Schenker Group, Autograph, Cinderella…), le full length « Four Winds » débarque dans tout les record stores dignes de ce nom en 1989.

L’indicible charme des groupes hard rock de la côte est. A mille lieux de la luxure et du soleil d’Hollywood la grossière et débridée, l’élégance et le raffinement hérités du Vieux Continent comme contexte à l’expression décibellisée d’un rock lourd sensible et sibyllin traitant de problématiques banales et quotidiennes que rencontre le citoyen américain moyen dans la quête mystique de son idéal Budweiser-McDonald’s-NFL qu’il n’atteindra probablement jamais tant les places sont désormais chères au pays de la pseudo bonne conscience institutionnelle et moralisatrice. Philosophie du café du commerce à part, les entités de la côte atlantique ne possèdent-elles pas ce petit quelque chose en plus leur permettant de se distinguer avec brio des combos de L.A. et de rivaliser plus qu’honorablement avec ces derniers si rivalité il y a ? Bien qu’originaire de Philly l’altruiste, Tangier donne plutôt l’image d’un groupe de cowboys de l’ouest au vu de l’accoutrement de Doug Gordon et de son gang de outlaws sur la pochette de « Four Winds » n’étant d’ailleurs pas sans rappeler dans l’esprit celle du « Ace of Spades » du légendaire Motörhead. Tangier serait-il au hard US ce que sont au power metal ces combos sud-américains risibles au possible glorifiant avec on ne peut plus de conviction royaumes de glace imaginaires et autres contrées enneigées d’Europe du Nord ? « Four Winds » démarre assez péniblement avouons-le via « Ripcord » et son introduction maladroitement électro ( ?!?) ; titre assez poussif et relativement fade laissant présager l’écoute d’un travail bâclé et peu inspiré dans son ensemble mené néanmoins tambour battant par un Bill Mattson doué vocalement et dont le timbre rappelle immanquablement d’ailleurs celui du grand David Coverdale. Après cette incartade incompréhensible, l’auditeur fait fort heureusement face au véritable visage de Tangier, celui d’un groupe de hard rock bluesy particulièrement inspiré et enthousiaste pratiquant son art avec dévouement tel que sur la superbe « Mississippi » rappelant ci et là le Great White des grandes heures et faisant voyager le possesseur de la galette aux confins d’un Sud sauvage et mystique, indomptable en somme. Dans une veine comparable de feeling, nous relèverons l’esthétique et racé « On the Line » ; mid tempo ultra efficace donnant l’irrépressible envie de vider une bouteille de bourbon seul avec sa conscience tourmentée dans un troquet d’autoroute mal fréquenté de Louisiane ou encore l’éponyme « Four Winds », complainte mélancolique simple mais ô combien efficace mettant en relief la vie de vagabond de toute rock star qui se respecte, fatidiquement confrontée à la solitude et à l’éphémère de l’instant.

Album étiqueté hard US sorti en 1989 sur le géant Atlantic Records se devant donc de répondre invariablement à une logique excrémentielle de rentabilité sur investissement, « Four Winds » s’avère également être un disque recelant de titres plus énergiques que les délicieuses sérénades bluesy énoncées ci-dessus. Ainsi, les plus conventionnels « In Time » et son riffing assassin doublé de sublimes notes de keyboards similaires à celles magnifiant le « Between the Eyes » de l’anthologique Ratt sur « Invasion of your Privacy » ou encore « Fever to Gold » et ses chœurs d’affinités FM sauront habilement séduire les schizophrènes insensibles à la remarquable obédience bluesy de Tangier, également palpable soit dit en passant sur le sympathique « Southbound Train » dans un style plus festif cependant et davantage proche du fameux Chicago Blues des Muddy Waters et autres Blues Brothers. Au chapitre du hard rock pur et dur, il conviendra de souligner la survoltée « Sweet Surrender », petite bombe fougueuse de speed rock n’ roll imparable dont le rythme logiquement effréné sied à merveille le caractère spontané et naturellement efficient de cet album lauréat en son temps d’une anonyme 91ème place au Billboard 200 alors dominé notamment par le « Dr. Feelgood » de Mötley Crüe rayon hard rock/metal. Epilogue notablement frénétique de ce surprenant « Four Winds » se devant bien évidemment de squatter sans modération la platine des amateurs passionnés de hard rock de la seconde moitié des 80’s avides de groupes authentiques et inspirés dans la tradition US la plus orthodoxe, « Good Lovin’ » constituera le final entêtant d’une galette qui à défaut de révolutionner quelque style que ce soit passe comme une lettre à La Poste. Petit bémol et principal défaut du disque nonobstant, sa production un peu trop light pourtant signé Andy Johns, laquelle aurait peut être mérité d’être plus substantielle notamment au niveau de la puissance des guitares de la paire essentiellement complémentaire Gordon/Saint au vu de l’aspect globalement qualitatif des dix compositions de ce « Four Winds » agréablement efficace et intuitif dans son ensemble.

Malgré des origines géographiques qui en apparence ne le prédisposait sans doute pas à pratiquer l’art du hard rock bluesy empli de feeling avec talent et distinction, Tangier parvient étonnamment avec ce deuxième album à offrir au grand public une réalisation qualitative fruit d’une démarche créatrice inspirée et lucide. Sans être un chef d’œuvre du genre auquel on le rattache et sans prétendre faire de l’ombre à l’irremplaçable et unique Great White auquel on a souvent comparé son auteur, « Four Winds » se veut être incontestablement racé et honnête d’un point de vue général. A apprécier tranquillement et introspectivement chez soi une bouteille de bourbon whiskey à portée de main, face à ses propres démons.

6 Commentaires

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samolice - 01 Octobre 2012: Merci pour a chro.
Je ne connais que l'album suivant "Stranded" qui est remarquable. Tu le connais Adrien? Il est dans la même ligne musicale je suppose?
ZazPanzer - 01 Octobre 2012: J'ai failli zapper ce texte, c'eut été dommage. Comme Marko, les deux clips m'ont bien plu et la perspective de m'écouter le disque devant une bouteille de Jack n'est pas non plus pour me déplaire. Affaire à suivre.
adrien86fr - 01 Octobre 2012: Je connais assez superficiellement "Stranded" (écoute youtube..), et il me parait en apparence plus "hard", énergique que son prédécésseur "Four Winds" étant quant à lui davantage raffiné, bluesy etc.. Achat prévu dans un futur plus ou moins proche pour confirmer cette supposition.

Il est cependant nécéssaire de souligner que ce ne sont pas les mêmes chanteurs qui officient sur les 2 albums ; Bill Mattson sur "Four Winds" et un dénommé Mike LeCompt sur "Stranded". Je préfère personnellement le timbre vocal de Mattson. Aussi, il n'y a plus qu'un guitariste sur "Stranded" en la personne de Doug Gordon, Gari Saint ayant quitté le navire avant l'enregistrement de "Stranded".

Pour le whiskey, ce fut personnellement un Jim Beam que je me suis envoyé durant les écoutes et la préparation de la chro.. Mon bourbon de chevet, celui que boit d'ailleurs Nicholson dans Easy Rider avant d'enfourcher le chopper de Peter Fonda.. A la vôtre !
samolice - 01 Octobre 2012: Merci pour toutes ces précisions Adrien.
Effectivement, pas mal de changements entre les 2 disques. Les influences bluesy et même sudistes sont présentes sur "Stranded" mais peut être moins que sur le précédent (je peux pas dire, je le connais pas).
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