Voilà bien une découverte singulière que ce Foundation of
Burden, dernier né de
Pallbearer, groupe de
Doom montant venu de Little Rock en Arkansas, et bientôt en tournée avec YOB (rien que ça oui).
Pour commencer cette critique de manière logique, il advient de souligner la laideur de la couverture. Des couleurs utilisées jusqu'au coup de crayon, le tout dans un esprit pseudo rétro, elle ne donnera certainement pas l'envie à l'éventuel auditeur de se pencher sur la galette.
Et quel dommage, car pour résumer la chose cet album est une perle.
La musique de
Pallbearer n'est pas aisée à décrire, la basse est certes très présente, le tempo est certes lent, et on sent certes une véritable recherche dans la lourdeur, néanmoins elle ne possède pas cette noirceur habituellement liée - presque par nature - au doom. En effet tout l'effet réside dans le contraste crée entre des mélodies très aériennes et une section rythmique pachydermique.
Ainsi
Pallbearer parvient ici à trouver un équilibre instable et improbable, mais avance sur cette corde raide avec une aisance qui force le respect.
Les chansons, en dehors de
Ashes, évoluent entre 8 et 11 minutes, prenant le temps de développer une atmosphère, avant d'y inclure un thème mélodique qui atteindra petit à petit son apogée, mais sans jamais forcer la chose, au cours de longs breaks savamment développées.
On sent donc une volonté de sortir des schémas de construction habituels de morceaux pour proposer quelque chose de très lyrique et progressif, avec la sensation qu'à chaque chanson, une nouvelle histoire nous est racontée, son introduction, ses retournements de situation, son évolution, sa conclusion, le tout en évoluant dans une atmosphère dense mais pourtant douce, prenante sans être suffocante, et se concentrant avant tout sur l'émotion dégagée, en dehors de pures considérations techniques.
Vous l'aurez comprit la part instrumentale de l'album vaut à elle seule son pesant d'or, certains développements étant absolument fabuleux : le final écrasant de
Worlds Apart, les breaks de Foundation dans son ensemble, découpée en 3 à 4 plans différents s'enchainant à merveille, The
Ghost I used to Be et sa cohérence invraisemblable étant donnée le nombre de plans et d'ambiances qui prennent naissance içi, l'intermède plus que planant
Ashes, sorte de réveil en douceur avant de replonger dans le final très mélancolique de presque 12 minutes offert par Vanished.
Il y a toutefois quelques défauts à relever. La voix de Brett Campbell (qui tient fonction de guitariste et de vocaliste), bien qu'originale de par sa clarté, donnant un côté très pur à ses lignes vocales, manque parfois cruellement de relief et d'interprétation, ce qui est particulièrement dommage pour une musique où la recherche de l'expression juste des sentiments est autant prégnante. Cet aspect assez monocorde confère néanmoins un côté très incantatoire qui se révèle par moments vraiment plaisant. On notera aussi des chœurs très réussis, notamment sur le final de Watcher in the
Dark ou le début particulièrement planant de Vanished.
Petit bémol aussi sur la production qui par moments sonne un peu trop rétro à mon goût, pour une musique qui, quoi qu'en dise l'imagerie et le son, est loin de l'être.
Pour conclure l'album possède certes quelques défauts, mais l'atmosphère générale et les différentes "scènes" créées sur cet album invitent à un véritable voyage et dévoilent souvent, au delà de l'originalité manifeste, une grande beauté, encore une fois douce et mélancolique, qui m'a personnellement retourné à bien des moments.
Les conditions d'écoute ont bien entendu leur importance ici et je ne saurais que trop vous conseiller d'écouter ce Foundation of
Burden au calme, isolé, et, de manière à plonger entièrement dans leur univers, avec un casque évidemment.
16/20
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