Un des facteurs sympathiques attachés au fait de rédiger des chroniques consiste dans l’enrichissement de sa culture personnelle. Par exemple, quand on doit chercher le pourquoi du comment concernant la thématique choisi par l'artiste ou la signification d'un nom de groupe, on est pratiquement assuré de découvrir de nouvelles choses. C'est ainsi que j'ai appris que Kurnugia représente dans la mythologie babylonienne soit les Enfers, soit des terres minières si vastes qu'elles peuvent contenir des mondes. Bref pas exactement une destination pour des vacances de rêve.
Si la référence est pointue, le curriculum vitae des membres de cette formation américaine, fondée à Cleveland en
2012, est un peu plus parlant. En officiant dans
Decrepit, Emblamer,
Nunslaughter ou
December Wolves, les 5 musiciens ont roulé leur bosse dans l'underground américain et s'entendent ici dans l'expression de leur passion pour le Death
Metal. Après la parution de deux E.P. ("
Tribulations of the Abyss" en 2013 et "
Condemned to Obscurity" en 2016), ils intègrent l'équipe espagnole
Memento Mori pour l'enregistrement et la sortie de leur premier album, "
Forlorn and Forsaken", en avril 2020.
Alors quels sont les raisons qui les rendent "désespérés et abandonnés" ? Sûrement pas l'artwork soigné de Mark Cooper, qui ici par son classicisme rappelle les œuvres du grand Dan Seagrave. D'ailleurs, cet artiste signe également celle de Funeralopolis, qui sort le même jour sur le même label (tarif d'ensemble peut-être, je ne sais pas comment ça fonctionne concrètement).
Classique, le groupe l'est aussi dans son approche musicale. Le long des 9 pistes plus l'intro, Kurnugia s'évertue à jouer un Death
Metal bien ancré fin 80-début 90. Passée l'intro qui rappelle un peu celle qui ouvrait "
Cross The
Styx" de
Sinister, déboule "To The
Cursed Depths" tout riff dehors, avec ce qu'il faut de double pédale, de tchouka-tchouka et d’agressivité pour en faire un bon titre. La formule reste peu ou prou la même sur "
Crown of
Suffer" aux belles touches early-
Entombed et l'impie "
Eroded Faith".
Le groupe n'est pas avare non plus des mid-tempi écrasants comme sur "Thy
Sanguine Altar" où Paul Gorefiend fait étalage de ses qualités de growler/screamer ou les plus nuancées et aventureuses "Shroud of
Damnation" et "Pervert the Pious", qui multiplient les enchevêtrements rythmiques prompts à satisfaire le deathster aguerri. Cette disquisition atteint son apogée sur le splendide diptyque "
Decaying Serenades" et "When The Moment of Death Arrives", brillants témoignages de la force du groupe à écrire des titres exigeants, tout en évitant l'écueil d'une débauche technique stérile.
La production soignée offre au groupe un bel écrin qui ne sonne ni artificiellement trop daté, ni trop moderne. Tous les instruments sont bien en place, le bagage technique des musiciens apportant une assise confortable aux growls très gras de Gorefiend, certes pondéré par des cris arrachés bien sauvages.
Le seul grand reproche qu'on peut adresser à Kurnugia est d'être trop révérencieux face aux groupes fondateurs qu'ils admirent. Tout au long de l'album, on ressent ici des touches évidentes
Entombed, Death (certains soli font penser à Rick
Rozz sur "
Leprosy"),
Immolation,
Deicide ou
Morbid Angel. L'album manque aussi peut-être d'un titre rapide vraiment fort. Mais comme il n'est pas toujours évident de proposer quelque chose de réellement neuf dans ce style, il serait aussi ballot de faire la fine bouche et de ne pas donner sa chance à ce premier album réussi.
J'irai écouter ça. Les références ne peuvent que séduire
Du bon death que tu vas sûrement aimer Jéjé,
Merci pour le papier poto toujours agréable de te lire. Encore un skeud à acheter... Mon dieu comment vais-je faire ? :-$
Tu n'as plus qu'à vendre un rein !!
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