Dzhatinga est un duo originaire de Biélorussie et composé d’Alexey et Dmitry Krapitsky. Auteur d’un seul disque prénommé
Black Wings en 2015 dans un deathcore pleinement traditionnel, les deux artistes ont été pendant près de neuf ans loin des scènes et autres rassemblements avant de discrètement revenir avec une seconde parution du nom
Forgotten and Lost et paru en autoproduction.
Composé de huit titres ainsi que de leur version instrumentale (excepté les interludes), nos biélorusses ont quasiment changé du tout au tout dans leur registre musical, une forme de renaissance inattendue mais ô combien bienvenue. En effet, notre mini-collectif s’est totalement éloigné de son deathcore conventionnel pour s’adonner entièrement à un death black mélodique des temps anciens. Au-delà même de la morosité et de la désolation, la petite troupe soumet également des sections théâtrales ainsi qu’une atmosphère épique qui se caractérise majoritairement par l’apparition de chœurs ce qui permet à l’auditeur de s’immerger davantage dans ce climat tragique. La prestation vocale, dans un entre-deux entre growl et chant écorché, subsiste dans un esprit de pure conformité, sans le moindre écart ou la moindre imprudence.
Les orchestrations sont finement peaufinées et ne viennent aucunement altérer la noirceur et la rancœur des compositions. Sur Portraying
God, on peut observer ces arrangements par ces touches de synthétiseur qui apportent une aura assez mystique mais aussi une accentuation de cette teinte mélodique et mélancolique copieusement mise en avant sur le morceau. Le titre final
Doomed To
Sorrow expose ce même tableau harmonieux teinté d’une pointe de luminosité de par un riffing un peu plus limpide ainsi que par ces solos de guitare qui procurent un sentiment d’espoir au milieu d’une scène funeste. Les détails, surtout pour une écriture maison, sont même parfois saisissants comme sur l’entracte Triumphus Mortis où l’imitation du souffle du vent et des vagues permet véritablement de s’introduire dans cet environnement quelque peu inquiétant.
Pour une mixture faite par leur propre soin, on est sacrément impressionné par le rendu qui est digne des pionniers du genre. Le seul reproche qui peut être exprimé sur ce registre provient de la batterie qui est sûrement programmée et dont la prestance est plutôt défaillante, une spécificité pour laquelle il est difficile de blâmer nos deux musiciens. La plupart des morceaux n’affichent aucun temps faible, bien que l’on aurait davantage apprécié des rythmes un peu plus soutenus comme c’est le cas sur Wrapped In A Cerement où nous pouvons jouir des rares blastbeats de l’ouvrage, le tout accompagné de quelques chœurs pour une ambiance ésopique et batailleuse. La seule ombre sur cette toile résulte de la chanson
Born Flagellant, un autre interlude de près de trois minutes où l’absence de dynamisme se fait vivement ressentir et où l’on a finalement l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose …
Avec
Forgotten and Lost, Dzhatinga marque une évolution significative dans leur parcours musical. Alors qu’ils étaient originellement ancrés dans le deathcore, les Biélorusses ont choisi une voie artistique audacieuse en se tournant vers un death black mélodique empreint de théâtralité et d’instants épiques. Cette seconde proposition offre une expérience immersive, où chaque composition est soigneusement orchestrée pour exprimer une gamme d'émotions qui va de la souffrance à l’espérance, sans jamais compromettre l'intensité sombre qui caractérise le genre. Malgré quelques moments plus faibles, cette esquisse est une bien belle offrande et devrait ravir quiconque qui saura en profiter.
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