Au milieu des années
1980, le Canada était réellement une terre fertile pour la mouvance la plus extrême du thrash metal.
Outre les groupes tels que Voivod,
Razor,
Slaughter ou
Sacrifice qui se sont très vite fait reconnaître comme groupes emblématiques de cette scène, il y a également eu tout un vivier underground avec des groupes extrêmement brutaux, comme Karrion, Cremains,
Voor,
Treblinka,
Armoros, Southsayer et notre Aggression.
Formé en 1984 - le soir d'
Halloween- par les deux guitaristes,
Sasquatch et
Burn, d'abord sous le nom d'Asylum, le groupe recrute tout d'abord Botcher rencontré à une fête très arrosé. Embauché en tant que bassiste chanteur, il laissera cependant très rapidement sa basse - ou du moins ce qu'il en restait puisqu'il avait une facheuse tendance à griller tout son matériel- à Dug embauché lui par le biais des petites annonces. Le batteur
Gate, un pote à Botcher est le dernier arrivé. Le groupe se fait très rapidement remarqué par le mag'
Metal K.O. qui va prendre le groupe sous son aile et le manager. C'est d'ailleurs eux qui vont souffler au groupe ce nouveau patronyme Aggression bien plus représentatif de leur musique.
Aggression enregistre sa première démo en septembre 1985. A cette époque, Aggression était musicalement très proche de leur compatriote
Sacrifice. Donc en gros, le groupe envoyait un thrash très influencé par la période Haunting The
Chapel de
Slayer. Cette excellente première démo bénéficiant d'un son tout à fait correct et en plus soutenu et promu par un magazine metal va permettre au groupe de se faire un petit nom dans la scène national underground. Aggression va faire pas mal de première partie, notamment de
Anvil, Voivod,
Celtic Frost,
Possessed,
Dark Angel et pleins d'autres. En fait, à chaque fois qu'un groupe étranger venait au Canada et cherchait une première partie,
Metal K.O. leur soufflait à l'oreille Aggression.
Les concerts d'Aggression étaient toujours extrêmement violent, notamment un dans un bar qui sera entièrement détruit par les fans qui avaient très mal pris le fait que le patron baisse le son.
Bref, Aggression avait tout pour faire partie des Grands du thrash. Ils se font d'ailleurs rapidement signer par une maison de disque américaine du nom de Facemelt Records qui les envoie en studio pour enregistrer leur premier album qui devait s'intituler
Forgotten Skeleton. Malheureusement, juste avant de sortir l'album, la maison de disque fera faillite, entraînant dans sa chute ce
Forgotten Skeleton - qui portera donc bien son nom- mais aussi le groupe qui splittera peu après.
Le groupe se reformera brièvement en 1987 surtout dans le but de réenregistrer la majeure partie des titres de
Forgotten Skeleton pour pouvoir enfin sortir un album. Malheureusement, ils feront encore le mauvais choix d'une maison de disque incompétente qui ne fera aucune promotion et ne s'occupera même pas de leur chercher des dates de concerts. En plus, à cette époque là, le groupe était complètement noyé dans la drogue, il ne s'en fallu donc pas plus pour une mort définitive d'Aggression.
En 2004, le label
Morbid Moon Records arrive à récupérer les droits de
Forgotten Skeleton et le sort sur le marché avec en prime la première démo du groupe. Cette sortie sera d'ailleurs accompagné d'une vague reformation.
Quelle claque dans la gueule cet album !
Forgotten Skeleton est bien plus brutal et primitif que leur album officiel,
The Full Treatment. On est en 1986 et les mecs te font pratiquement du
Repulsion; le morceau "Green Goblin" c'est carrément ça et il aurait vraiment pu figurer sur
Horrified. Sinon, on retrouve aussi beaucoup de
Slayer ("Kachina Dolls", "Demolition"), bien entendu un
Slayer très énervé, mais également du D.R.I. pour ce petit côté hardcore hyper bourrin notamment sur "Bloody
Massacre Carnival". Putain, quelle énergie ! quelle brutalité ! Une réédition réellement indispensable pour les fans de thrash "rentre dans la gueule".
Entre un article consacré au groupe dans Hard Force numéro 6 (1987) qui annonçait la sortie prochaine de l'album "Forgotten Skeleton", et l'achat de "The Full Treatment" deux ans plus tard j'avais pas compris...
En effet entre temps Aggression était passé de cinq à quatre membres, perdant son vocaliste Butcher, son batteur Gate (peu de temps avant la sortie de l'album), et son second guitariste Burn (qui lui ne sera pas remplacé), puis avait sorti son disque avec un titre différent sur un petit label (Banzai Records) uniquement disponible en Europe en import...
Un grand merci à Wodulf (qui s'est rebaptisé Rossbaycult) pour toutes ces informations qui m'ont permis de comprendre ce qui était arrivé à Aggression à cette période.
Cependant, et malgré une production plus claire (par rapport à "Forgotten Skeleton") "The Full Treatment" n'en demeure pas moins un très bon album, également très violent pour son époque (1987).
Terrible album et leur meilleur à ce jour. Avec des rafales de riffs incandescents ("Bloody Massacre Carnival", "Rotten By Torture", "Kachina Dolls"...) et quelques passages scandés à la punk/crossover/HxC à la Dealing With It, renforcés par une batterie survoltée, le groupe réussit un grand écart en mélangeant l'incision de Razor/Slaughter avec sa propre patte héritée de son cursus décrit dans la chronique. La version Morbid Moon Records reste à privilégier (démo). D'une intensité jamais relachée, Forgotten Skeleton correspondra aux fans d'hyper rapidité thrashisante dépassant les limites en 1986, date de l'enregistrement d'origine maintes fois repoussé. Frais et vindicatif à la fois. Un 16/20 bien costaud.
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