La Russie n'est pas très connue pour son metal industriel, et pour cause, il existe très peu de groupes officiant dans ce style, contrairement au black symphonique qui se fait petit à petit une certaine réputation. Mais il est un sous-genre qui semble avoir trouvé son fief en Russie : le Cyber
Metal. De
Illidiance à
Vergeltung en passant par
Hi-Tech ou
Digimortal, l'expansion se fait petit à petit dans un pays où vendre des albums n'est pas chose facile.
Et pourtant.
All For Fake, originaire de Moscou et fondé en 2009, suit les traces de ses confrères afin de nous livrer son premier album studio, « Forget Myself », enregistré dans les studios Nosense et signé chez Molok Records. Situé entre
Illidiance et
Sybreed, voire
Mnemic, le quatuor s'aventure sur le chemin tortueux du Cyber
Metal tout en se parant de mélodies froides, de rythme mécanique et d'ambiances sombres, pessimistes et aériennes.
A l'image de cette imagerie terne, robotique et aseptisée, les moscovites ne font pas dans la dentelle et proposent, eux aussi, leur vision future de l'humain, sa condition. Il ne suffit que d'un regard vide et machinisé au sein des rouages d'un réacteur pour que l'on comprenne le destin funeste de l'homme : ce dernier ne sera que l'ultime témoin de sa destruction, avant qu'il ne soit trop tard...
Les membres arborent fièrement les couleurs du cyber ainsi que les tenues vestimentaires les plus représentatifs, circuits électroniques imprimés sur les vestes, lentilles de couleur et lunettes bio hazard. Une façon de prouver son identité, mais aussi, d'aller au bout des choses avec le concept, aussi atypique soit-il.
Dès l'introduction « Fake For All », l'auditeur est embarqué dans cet univers particulier et loin d'être simpliste. Même si les sonorités électroniques et les techno beats peuvent en rebuter plus d'un, c'est une manière plus ou moins efficace d'exposer ce côté tonitruant et percutant, afin d'évoquer le changement radical de l'évolution et de la condition humaine.
Plus mécanisée, plus décharnée semble-t-il, l'espèce va à sa perte, et ce n'est pas le titre suivant qui nous dira le contraire. « Forget Myself » se situe bien dans cette veine, des riffs coupant comme des lames de rasoirs, des claviers entêtants et omniprésents, et une alternance de vocaux à la
Sybreed, entre chant clair mélancolique et chant crié voire growlé torturé.
Fier de son pays,
All For Fake utilise la langue russe pour toutes les parties chantées de l'album, mais cette langue change du traditionnel anglais et permet de s’immerger davantage dans une autre façon d'exprimer les choses, même s'il est difficile de comprendre les paroles en général si tant est que nous ayons un traducteur à disposition. Malgré tout, cela procure au groupe un soupçon d'originalité, en plus d'officier dans un style encore méconnu, à l'image d'un « ????????? ???? ??? » (« Turn This World ») assez révélateur.
En tout cas, la musique du groupe ne perd pas de son caractère authentique et de son efficacité tout au long de l'album, entre parties plus atmosphériques et mécaniques en fond et parties plus agressives, guitares incisives et chants criés en tête. Malheureusement, le chant clair, bien que dans l'esprit, linéaire, mélancolique et décharné, n'est pas toujours à la hauteur et il est facile de retrouver quelques fautes de justesse.
Le bas blesse aussi au niveau de l'homogénéité des morceaux, qui ont tendance à avoir une structure quasi identique, malgré de bonnes choses et surtout de bonnes parties au claviers et à la guitare. Mais l'album en lui-même reste quelque peu charmant et intéressant, même s'il ne dépasse pas pour autant les maîtres du genre, dont
All For Fake semble s'inspirer.
Un cocktail explosif et bien produit, bien qu'à confirmer, il faut davantage varier les plaisirs et prendre de l'assurance. Un groupe russe de Cyber à suivre de très prêt.
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