Liste des groupes Metal Mélodique Unén Forever Winter

Prudence est mère de sûreté, dit-on... Un adage suivi à la lettre par ce sextet finlandais natif d'Helsinki. Aussi, plutôt que de chercher à brûler les étapes pour essaimer ses riffs coûte que coûte, c'est pierre par pierre que l'opiniâtre et talentueuse formation échafaude son projet musical !

Créé fin 2021, le combo nord-européen ne réalisera ses deux premiers singles – «  Don't Wake Me Up (Before I Fall) » et « Dear Stranger » – qu'un an plus tard. En 2023, un nouveau line-up se dessine, au sein duquel officiera désormais Stina Girs, en remplacement d' Essy Sorakivi, au chant principal ; et la troupe continuera sur cette lancée, réalisant alors single après single, tout en conservant un rythme mesuré de ses sorties : « Made of Stone (Evanescence Cover) » et « Bring Back the Night » au cours ce cette même année, auxquels succéderont « My Love's Broken » et « In My Bones » en 2024 ; « Sky », « Forever Winter » et « Black Heart » en 2025. Ces cinq dernières publications seront précisément retenues parmi les douze pistes de leur introductif album full length, « Forever Winter », signé chez le puissant label italien Frontiers Records. Indice révélateur d'une sérieuse envie d'en découdre de la part de nos six gladiateurs !

Mais avant d'entamer notre périple, faisons connaissance avec nos hôtes. Aux côtés de Stina Girs, dont les félures s'apparenteraient à celles de Federica Lanna (Volturian, ex-Sleeping Romance), évoluent trois membres du groupe de metal progressif finlandais Psychema, à savoir : Kimmo Pitkänen à la guitare, Tomi Kallava à la basse et Timo Larjo à la batterie, auxquels s'adjoindront Harri Moilanen à la guitare ainsi que Petteri Sinervä aux claviers. Le groupe ainsi constitué nous immerge au sein d'un metal mélodique moderne aux touches rock'n'metal symphonique atmosphérique et progressif et pop-rock, dans le sillage coalisé de Within Temptation (nouvelle mouture), Beyond The Black, Xandria, Delain, Blackbriar et Volturian, la touche personnelle en prime.

Une œuvre à la fois volontiers solaire, parfois intrigante, un brin romantique et des plus enivrantes s'esquisse, faisant montre d'une technicité instrumentale affûtée, de mélodies méticuleusement élaborées et immersives, le plus souvent, et d'une signature vocale aisément identifiable et des plus chatoyantes. Pour mettre les petits plats dans la grands, la troupe nous livre un mouvement généreux de ses 53 minutes, jouissant dores et déjà d'une production d'ensemble de bonne facture, dont un mix bien ajusté entre lignes de chant et instrumentation doublé d'une belle profondeur de champ acoustique. De quoi nous intimer d'explorer plus attentivement la cale du navire, en quête de quelques pépites enfouies...

La plus clair de la traversée s'effectue sur une cadence mesurée mais nullement éthérée, le collectif slave trouvant alors, et sans ambages, les clés pour nous assigner à résidence. Ainsi, passée l'aérienne et seyante entame instrumentale symphonico-cinématique aux arrangements ''nightwishiens'', « Prelude for the Wicked », c'est au sensuel et organique mid tempo « My Love's Broken » de nous ouvrir les bras ; pourvu d'un entêtant refrain mis en exergue par les angéliques inflexions de la sirène et de sémillantes rampes de claviers, ce hit en puissance à mi-chemin entre Blackbriar et Volturian ne relâchera pas sa proie d'un pouce. On pourra non moins se voir aspiré à la fois par les engageantes harmonies et les hypnotiques notes en voix de tête de l'interprète dont se drapent le félin et ''delainien'' « Spoil Me » comme le sulfureux et ''volturien'' « I Will Always Find You ». Dans cette lignée, à la lumière de ses magnétiques arpèges d'accords, de la soudaineté de ses accélérations et de son éblouissant final en crescendo, le mid tempo progressif « Game Over » demeure l'une des belles surprises de ce set de compositions. Comment, enfin, ne pas se sentir transporté par l'enchanteur paysage de notes comme par le groove insufflé par le ''delainien'' mid tempo syncopé « Ice Queen » ? Mais le magicien aurait d'autres tours dans sa manche...

Un poil plus incisifs, d'autres espaces d'expression pourront à leur tour se jouer de toute tentative de résistance à l'assimilation de leurs vibes. Ce que révèle, tout d'abord, « In My Bones », mid/up tempo bien cadencé aux riffs crochetés, dans la veine de Beyond The Black ; pourvu d'un léger tapping et de couplets finement ciselés, glissant parallèlement le long d'une rivière mélodique des plus enveloppantes où se greffent les cristallines impulsions de la déesse, et recelant de galvanisantes montées en régime de son corps orchestral, le ''tubesque'' élan ne se quittera qu'à regret. Dans cette mouvance, on ne saurait davantage éluder « Black Heart », tant au regard de son refrain catchy mis en habits de lumière par les fluides oscillations de la princesse que de ses enchaînements intra piste ultra sécurisés. Et ce n'est pas son vibrant duo de guitares qui nous déboutera davantage de cette gemme, loin s'en faut. Non sans renvoyer à un Within Temptation de la dernière cuvée, l'entraînant et atmosphérique mid/up syncopé « Sky », pour sa part, nous happera par ses saisissants gimmicks guitaristiques comme par l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre. Plus percutant et corrosif, et sans y perdre de son aura mélodique, le ''xandrien'' up tempo « Rose », quant à lui, poussera assurément à un headbang bien senti et quasi ininterrompu.

Quand ils en viennent à feutrer leurs ambiances, nos compères se muent alors en de véritables bourreaux des cœurs en bataille. Ce qu'illustre, d'une part, « Forever Winter », ballade romantique jusqu'au bout des ongles que n'auraient sans doute reniée ni Within Temptation ni Xandria. Pourvu de gammes pianistiques d'une infinie délicatesse, d'ondoyantes et soyeuses nappes synthétiques, d'un fondant refrain mis en habits de soie par les ensorcelantes modulations de la maîtresse de cérémonie et d'un ''floydien'' solo de guitare, l'instant privilégié comblera assurément les plus exigeantes des attentes de l'aficionado de moments intimistes. Dans cette veine, et suivant un sillon mélodique, certes, déjà couru mais des plus émouvants, sur lequel semblent danser à l'envi les délicates volutes de la diva, la voluptueuse ballade atmosphérique « Disappear » s'assimile à une véritable invitation au voyage en d'oniriques contrées.

A l'issue d'une traversée dans cette mer limpide à la profonde agitation intérieure, un doux sentiment de plénitude nous étreint. Varié sur les plans atmosphérique et rythmique tout en faisant montre d'une ingénierie du son plutôt soignée et d'arrangements de bon aloi, cet effort n'aura pas tari d'armes efficaces pour asseoir sa défense. D'aucuns, pour se sustenter, auraient sans doute souhaité davantage de diversité en matière d'exercices de style, un zeste d'originalité supplémentaire inscrit au cahier des charges et une plus franche mise à distance de leurs maîtres inspirateurs. Carences partiellement compensées par l'aptitude du groupe à engendrer des lignes mélodiques impactantes mais nullement aguicheuses et à doter ses compositions d'une technicité instrumentale et oratoire maîtrisée. Autant d'arguments plaidant en la faveur de nos six acolytes, susceptibles de les placer dores et déjà parmi les sérieux espoirs de cet espace metal. Sans doute la première page d'une histoire au long cours...