Forceps

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14/20
Nom du groupe Calvaiire
Nom de l'album Forceps
Type Album
Date de parution Décembre 2013
Style MusicalHardcore
Membres possèdant cet album9

Tracklist

1. Foi Borgne
2. Flétrissure
3. Equarrissage
4. Atra Bilis
5. Aux Porcs
6. Simulacre
7. Suture
8. Via Dolorosa
9. Curatelle
10. Meurtrières

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Calvaiire


Chronique @ Naiwan

05 Décembre 2013

Il faut se plonger dedans entièrement, augmenter le volume suffisamment pour avoir mal.

Bien souvent, quand je consulte les news de notre cher site, je baille aux corneilles de ne pas trouver de choses à me mettre sous la dent. Parfois, je m'extasie tellement les mots inscrits forment un ensemble enchanteur devant mes yeux qui s'émerveillent.
Et de temps à autres, il arrive que je me gratte la tête tout en cliquant sur le lien de la news avec la molette de ma souris pour découvrir quelque chose qui m'intéressera, ou non.

Ici, je suis tombé dans ce cas de figure. Et grand bien me fasse d'avoir été curieux.
Depuis que j'ai découvert Kickback, je suis devenu assez friand de ce type de hardcore à la limite de la noirceur, aux riffs, à la puissance et à la charge énergétique dévastatrice, flirtant avec le Metal Noir. Après avoir bouffé la discographie des Français, j'avais trouvé deux trois formations comme No Omega qui semblaient dégager ce même type d'ambiance.
Lorsque j'ai cliqué sur ce lien, découvert l'artwork je me suis dit « Ok, ça, ça me semble être ce que j'aime ». Un mélange savant entre beauté picturale de la pochette, et ce que j'imaginais être la brutalité à l'état brut, sans concession mélodique, sans linéarité rythmique. Le pur chaos.

Je ne me suis pas trompé, et j'en suis ravi, car c'est exactement ce coup de fouet qui m'était nécessaire. A quel moment peut-on dire que la découverte d'un groupe et d'un album devient le calmant d'un manque qui se situe en plein centre névralgique? Et bien tout bonnement quand c'est bon. Mais pas bon comme un plat de pates bolo, non. Bon à la manière d'une déviance terriblement plaisante. Se couper les bras du poignet jusqu'à l'épaule avant d'en lécher le sang et de l'étaler sur son visage en hurlant de plaisir, c'est un peu ça qu'on ressent quand on se découvre à aimer quelque chose de « pas normal » à ce point.

Forceps, c'est un concentré.
Concentré de violence, de brutalité, de sons torturés et stridents, de larsens, de voix screamées à la limite de l'écorchure.
Concentré de sensations qui ne font que valser, passant aisément de la lourdeur d'un beatdown à la noblesse et la puissance du blast beat ancestral des familles.
Les sonorités sont clairement axées sur une production atypique misant en grande partie sur la présence des guitares accordées de manière très basse; guitares dont les riffs si peu entêtants, déstructurent une bonne partie du cerveau quand on en mange trop longtemps.
Pourtant, il reste des points d'ancrages qui poussent la folie au dehors, nous plaçant allègrement comme spectateur conscient de cette destruction. Certaines envolées, certaines lignes qui restent dans la poitrine même quand elles ont fini de résonner et de raisonner donnent à cette musique une conscience tout particulièrement poignante mais résolument néfaste.

Les rythmes punk et la rapidité d'exécution des morceaux plongent pleinement cet opus dans un revival de hardcore des plus infamement brutal. J'avouerai que même après une bonne vingtaine d'écoutes, je ne comprends encore pas tout au sens de la construction de ces morceaux, des enchaînements rythmiques et musicaux de cet album. Mais il est des choses qui n'ont pas besoin d'être comprises pour être appréciées, et « Forceps » est un peu comme la transgression d'un interdit qui obligerait nos intellects à s'auto-mutiler afin de faire couler plus de matière, plus de compréhension d'un monde décadent et d'appréciation de nos instincts les plus bas.

Reparti comme il est arrivé, le reproche fatal de cette création est sa longueur. Trop court.

Trop court? Non. Juste parfait en fait. Pour un condensé, c'est un condensé, et lorsqu'on lance la lecture du premier morceau, c'est un peu comme si la cocotte-minute nous explosait dans les mains.
Une demi-heure d'intensité, une demi-heure de défoulement et on prend cette galette comme un exutoire, une expiation à tous nos ressentis.

La colère, la haine, la brutalité, tout ce qui est associé à ces mauvaises déviances, à ces tempéraments de sang est multiplié par dix. Il faut se plonger dedans entièrement, augmenter le volume suffisamment pour que les oreilles aient mal au son de la caisse claire et de la saturation des grattes. Mais que cette haine est bénéfique. On en veut, on en mange encore, on reprend volontiers de ce plat qui nous gave, vomissant à s'étouffer avant de s'en enfourner davantage dans le gosier.

Vous l'aurez bien compris. Ici, ce n'est pas la beauté de la musique qui me parle. Ce n'est pas la beauté d'un esthète trop prétentieux qui aurait investi à la fois le corps d'un Gautier à qui les mains de Raphaël et les oreilles de Mozart auraient été greffées.
Mais le contraste est saisissant entre le monde autour, et soi, lorsqu'on est penché sur cette production à s'en détruire l'intérieur.

La gravité de la pochette en Sépia et la puissance de cette musique est révélatrice d'une combinaison perdante pour le commun des mortels.
Mais lorsque l'on comprend – ET JE NE PRETENDS PAS COMPRENDRE!!! – et que l'on jette à corps perdu son esprit, sa tête et ses tripes dans l'appréciation de cette musique...

On s'y perd comme dans un cauchemar des plus fabuleux.

8 Commentaires

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Kiritobi - 26 Décembre 2013: Quelle Chronique et quelle pochette ! Je suis pas fan du tout du genre mais je vais quand même y jeter une écoute ! Merci à toi .
Altross - 13 Fevrier 2014: Excellente chronique. J'ai découvert le groupe il y a peu, et damn, quelle claque ! Cet album a tout: brutalité, puissance à tous étages, textes bourrés de punchline... Ça faisait longtemps qu'un groupe ne m'avait pas fait cet effet.
Naiwan - 13 Fevrier 2014: Effectivement, j'ai encore deux mois après énormément de plaisir à l'écouter. C'est une pure tuerie.
Icare - 18 Fevrier 2014: Vivement le prochain Plebeian Grandstand! :-)
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