Babes In Toyland, un autre groupe issu de l’âge d’or de la vague grunge américaine, un autre groupe qui, écrasé par la popularité de
Nirvana, n’aura pas subsisté dans les mémoires. Dans le meilleur des cas, on se rappellera de la chanteuse guitariste
Kat Bjelland qui « ressemble à
Courtney Love ».
Toujours prête à réparer une injustice, particulièrement quand elle concerne le metal au féminin qui est un genre, selon moi, bien trop peu représenté, je vais vous faire la chronique de ce "Fontanelle".
De tous les groupes de
Riot grrrl ou assimilés, je trouve que
Babes In Toyland est de loin le plus charnel. L’album est agressif, évidemment, enragé et engagé, plutôt féministe mais sans minauderie. Les compositions sont largement dominées par la guitare vindicative de
Kat, qui lui arrache un son sec, brut, pas très raffiné, il faut avouer, mais efficace toutefois, en symbiose avec sa voix surpuissante, ses vociférations enragées, qui s’accordent parfois une accalmie, en prenant des tons doucereux et trompeurs de jeune fille candide, avant de repartir sur des envolées plus belliqueuses. Je trouve d’ailleurs que la voix de Bjelland est assez remarquable en ce point : ne possédant pas à la base un timbre particulièrement joli, elle se démarque de ses consœurs parfois mieux dotées vocalement, en ayant à son actif un panel impressionnant : hurlements rauques, susurrements lisses, cris stridents, vagissements presque masculins, chant nivelé. Ses possibilités vocales sont d’ailleurs assez bien illustrées dans la fausse ballade "
Won’t Tell".
Son chant exceptionnel est au diapason des paroles certes un peu primitives de ses chansons, mais toujours animées de cette fougue et cette passion qui sont presque palpables.
D’ailleurs, il est intéressant de noter que lorsque Bjelland cède son micro sur "Magick Flute" à Lori Barbero, la batteuse des Babes, le morceau perd en densité et en vivacité, devenant assez impersonnel, malgré un schéma musical un peu différent, tempo plus lourd et lent, guitare réduite le plus souvent à un gémissement plaintif, basse mise au premier plan.
La rage du groupe est particulièrement perceptible dans le morceau d’ouverture "Bruise Violet" qui, malgré les dénégations des intéressées, ne peut que me faire penser à un règlement de compte avec
Courtney Love, auteur d’un "Violet"... un titre trop proche de celui-ci pour être complètement sans rapport ? Il faut l’entendre scander dans ses couplets « You got this thing that follows me around, You fucking bitch well I hope your insides rot !
Liar Liar Liar » pour se figurer que sa colère était plus que probablement tournée vers quelqu’un…
Par ailleurs, cette chanson est une de mes préférées. Celle dans laquelle on ressent le plus de passion, qui dégage une énergie presque captivante, malgré sa brièveté et la relative simplicité musicale.
Parmi les autres bonnes surprises de l’album, je trouve que "
Blood" se démarque aussi par sa musique catchy, "Handsome and Gretel" par sa lourdeur oppressante et l’agressivité incisive des propos tenus (et les « rires » grinçants de Bjelland entrecoupés de rugissements rauques valent le détour..), de même que "Quiet Room", la surprenante ballade au milieu de ce déluge de ferveur, qui atteste que, non seulement les Babes maîtrisent leur grunge, mais sont également capables de s’adoucir quelques minutes le temps de jouer une touchante ballade.
L’album terminé sur des bruits d’éclats de tessons de Gone (mettant en scène un viol, une agression ?), restent quelques élans de nostalgie, qui font presque passer au second plan le fait que le genre a un peu vieilli.
Si
Babes In Toyland n’est pas le groupe de grunge le plus techniquement abouti, j’ai toujours trouvé que le trio était demeuré extrêmement sincère dans sa démarche, bien plus que
Hole et son "Celebrity
Skin" par exemple, qui a un peu vendu son âme au Diable… Mais ceci est un autre débat.
Une chronique simple , et agréable à lire...Merci . Glad .
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