Bon, tout d'abord, pour commencer, une petite mise au point : ce n'est pas dans le «
Hard FM » que donne Chris Amott, malgré le style attaché à l'artiste sur SOM. Mais il est vrai que la musique qu'il propose à travers ce superbe et premier album est très difficilement classable. Surtout si on veut lui appliquer de près ou de loin l'étiquette « metal ». Car de « metal », ici, il n'est absolument pas question. Mais Chris Amott est à la base un « musicien de metal », et ce n'est que justice de le faire apparaître dans ces pages. Surtout que ce qu'il nous propose ici est aussi original (pour un metalleux s'entend) qu'agréable et digeste.
Alors que nous propose-t-il? Eh bien on pourrait dire que c'est une sorte de « melting pot » de rock et de pop, agrémenté de quelques touches électro (discrètes et toujours bien placées). Autant dire que ce n'est pas ce à quoi l'artiste nous avait habitué. Bon, c'est vrai que l'évolution de son projet solo
Armageddon semblait aller vers plus de concision au fil des albums (extraordinaires au demeurant). Mais de là à proposer quelque chose d'aussi calme et minimaliste, si éloigné de ce à quoi son public pouvait s'attendre...
Alors, vous me direz, la prise de risque est minimale, puisque l'album n'est sorti qu'au Japon, donc à un tirage assez limité. Mais pour le coup ça n'arrange pas nos affaires, puisque l’œuvre vaut vraiment le détour... Or à 35 euros la galette (et d'occasion c'est encore pire) ça fait un peu mal aux fesses. Quoi qu'il en soit, j'espère vous donner envie d'écouter, voir de vous procurer cette petite perle, parce qu'elle vaut vraiment le détour.
Bon, soyons clairs si vous ne supportez pas un morceau sans batterie (il va sans dire qu'on oublie la double hein...), sans guitare saturée, avec une voix claire etc... vous pouvez d'ores et déjà passer votre chemin. Mais j'ose croire que quelqu'un d'intéressé par l'univers musical de
Christopher Amott trouvera son bonheur d'une manière ou d'une autre avec son dernier bébé (et je pense que ce fut sa démarche philosophique en lui donnant le jour).
Le premier point très positif à l'écoute, c'est l'impression de calme et de maîtrise qui domine.
Pas de gros break, pas d'envolée lyrique (aller, peut-être le solo de "
Holy Mountain", le titre le plus « énervé » de l'album), pas de satsatu', juste des sons très doux, une voix suave, un chant posé (mais pas toujours simple pour autant) et un mélange des styles très assumé.
On trouvera en vrac dans les influences du Pink Floyd pour l'aspect planant de certains morceaux (« Tibet », « Space Song »), du Neil Young version acoustique à la « Harvest
Moon » (« In the
Pale Moonlight »), de la Country/Blue Grass («
Track#5 », « From Here to There »), et d'autres encore indéterminées, sorties peut-être tout droit de la tête du génie : « Kilimandjaro » par exemple est un titre assez spécial : tout à la fois très « électro » (peu d'instruments « réels »), et très calme, très naïf...
Les paroles renforcent cette impression de candeur mêlée d'introspection que l'on retrouve tout au long de l'album : rien de très original, ni d'ésotérique. Juste des paysages (« Tibet »), des pensées nostalgiques (« In the
Pale Moonlight »), des réflexions contemplatives (« Space Song »)... Simplement des paroles claires, sincères, voir émouvantes (selon votre degré de sensibilité).
Chaque morceau a sa couleur, sa propre respiration. Voilà ce qui, je pense, résume bien l'ensemble : cet album permet de souffler, de se poser, pourquoi pas de voyager, dans une ambiance tranquille et feutrée, loin des tracas et du speed de la vie quotidienne.
Évidemment la guitare n'est pas en reste, Amott Brother oblige ! Mais point de débauche technique ici, point de shred, de sweeping, de bends de 5 tons... Simplement des techniques blues, folk, et une recherche certaine dans le son de chaque guitare, chaque effet utilisé, chaque mesure où la voix se pose.
Au final, un album certes plutôt « mou » si l'on se réfère aux goûts du metalleux moyen, mais ô combien reposant et agréable, et propice à la rêverie. On se le réécoute en boucle sans jamais s'en lasser, en découvrant chaque fois une nouvelle piste, un nouvel effet, une voix lointaine. Attention, il ne s'agit pas d'un chef d’œuvre, on ne l'écoute pas en s'extasiant sur le génie du petit frère (il y a
Armageddon pour ça). Mais si vous êtes un tant soit peu ouvert sur d'autres styles que le metal pur et dur, je ne peux que vous recommander ce pur moment de sincérité musicale qui porte si bien son nom : « Follow Your
Heart ».
PS : toutes mes excuses aux modos du site, j'ai mis en lien une vidéo avec image statique (« Tibet », 1er morceau de l'album), mais il n'existe aucune « vraie » vidéo touchant l'album, qui par ailleurs se trouve à un prix prohibitif...
Serait-ce lié à un problème de diffusion de l'album ?
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