Liste des groupes Hard Rock Deadline (FRA-1) Fire Inside

Contrairement à ce que d'aucuns peuvent s'imaginer, formuler clairement les raisons d'une désillusion à l'égard d'une œuvre, sans démesurément se laisser guider par le fiel amer de cette déception, n'est pas nécessairement chose aisée. C'est un mal pourtant absolument nécessaire que nous allons, une fois encore, mettre en pratique avec les Parisiens de Deadline et leur premier opus intitulé Fire Inside sortant en cette année 2014.

Commençons par en évoquer les chants qui, fort de cette voix qui ne sera pas sans nous évoquer parfois celle du grand Eric Fermentel (ex-Blackwhite), d'Axl Roses ou même de Miljenko Matijevic (Steelheart), nous laisseront perplexes. Des références qui promettaient d'être aguicheuses si le talent d'Arnaud Restoueix à maîtriser toutes les subtilités de la langue anglo-saxonne, et notamment ces rondeurs particulières, n'était pas si restreint. Rendant chacune de ses interventions rêches et crispantes, conjugué à une prononciation hasardeuse, l'homme s'évertue à détruire le fragile équilibre construit par ses petits camarades. Dommage.

Le souci concernera donc essentiellement cette langue et cette interprétation incapable de nous séduire. Cela étant d'autres écueils viennent également ici nous poignarder. Comme par exemple l'aspect terriblement daté de cette production nous renvoyant immanquablement à cette époque où autrefois un tel traitement sonore alourdissait considérablement la plupart des productions hexagonales. Ou comme l'inspiration essoufflée d'un art aussi morne. Comment peut-on sincèrement se tromper autant que sur ce October dégoulinant ? Comment peut-on sincèrement autant se fourvoyer que sur un piètre Rock You aux refrains désespérants et pénibles que, de surcroît, le quintet francilien croit éclairé de répéter jusqu'à l'épuisement ? Comment peut-on sincèrement être persuadé qu'autant de ballades seront à même de conquérir le publique et ce alors que ces musiciens semblent aussi peu enclin à y insuffler le minimum nécessaire pour les éloigner de la zone dangereuse où l'ennui nous guette?

Même la pochette ornant cette engeance est désastreuse. Elle nous offre l'image d'une représentation nous inspirant des adjectifs allant de "affreuse" à "douteuse". De plus, on ne saisit pas vraiment la nature profonde du message envoyé par l'illustration de cette cartouche d'arme à feu présentée comme un tube de rouge à lèvres. Simplement navrant.

En outre d'aucuns, à l'imaginaire fertile, en des lieux que la décence m'interdira de citer ici, crurent judicieux d'établir quelques parallèles entre ce Deadline et les Krokus, Gotthard et autres Helix. Musicalement la comparaison n'est pas totalement infondée si ce n'est que, là encore, aucun des créatifs présents ici n'arrive à s'approcher, même de loin, du génie des artisans œuvrant dans les formations citées précédemment. Ils leurs manquera constamment de ce feeling et de ce swing avec lesquels les artistes susnommés parviennent à illuminer leurs travaux. Ici, exceptions faites de quelques rares occasions, tout demeure, en effet, désespérément éteint, froid, sans vie.

Toutefois, afin de ne pas terminer ce pamphlet sur une note excessivement négative, tentons la prouesse de lister quelques-uns de ces titres où le groupe parvient à nous laisser entrevoir quelques lueurs. Bien évidemment, pour ce faire il faudra indéniablement faire fi des vocalises de ce chanteur, néanmoins Teach Me Love, Freedom Call, Like an Old Man et The Hunter auront, tout de même, quelques qualités à faire valoir.

Il manquera donc l'essentiel à ce Fire Inside. Un supplément d'âme, une lumière, ce talent ou peut-être même ce brin de folie susceptible d'éveiller en nous quelques échos et d'extraire ce disque de ce marasme morne et terne dans lequel il évolue.