Gohrgone est un groupe français formé en
2012 à
Paris. Déjà forts d'un premier rejeton sorti en 2014 intitulé "
A Divinis", les Parisiens reviennent en fin d'année 2016 avec un nouvel album intitulé "
Finis Ixion". "
A Divinis" était en soi un bon début, malgré quelques idées assez mal organisées. Que nous donnera donc le prochain rejeton ?
A préciser qu'au niveau des paroles, le groupe a pour thématique la mythologie grecque. Donc, outre le fait que le nom fasse référence à la Gorgone, le disque lui se concentre en particulier sur le
Styx, le fleuve qui, selon les mythes grecs, fait la jonction entre le monde des vivants et les Enfers, et que tous les défunts doivent emprunter.
Dans l'ensemble, "Gohrgone" nous joue un blackened death sombre et massif à l'instar de leurs compatriotes de
Svart Crown de par la noirceur qui se dégage des morceaux, comme sur "
Cursed wind" ou "
Deception's cloud". C'est très lourd, on a l'impression de se faire écraser à la fois par une enclume et un marteau-piqueur tant ces deux entités semblent parfaitement en adéquation sur ce disque. Le timbre de voix du chanteur Nicolas
Lord Noue semblable à un cerbère enragé ne fera que renforcer cette impression. Le
Styx n'a décidé d'épargner personne, et de par sa colère noire, il déversera la mort partout ou il débordera.
A peine notre barque s'est-elle mise à naviguer sur les eaux du fleuve que l'introduction "
Styx awaits" nous met dans l'ambiance avec les murmures cauchemardesques des âmes damnées nageant dans ces eaux maudites ; puis vient la première tempête, le destructeur "The ember grave" qui nous balance ses tourbillons démoniaques déguisés en rythmiques aussi lourdes qu'un pachyderme, le tout avec une ambiance noire. On sent que la traversée sera loin d'être un long fleuve tranquille.
Après le titre éponyme en guise d'interlude placé au milieu de l'album, afin de souffler un peu au milieu de ces tumultes, on enchaîne sur la dernière partie du voyage qui s'annonce tout aussi violente et sans pitié pour les malheureux qui auront la malchance de tomber par dessus bord. Lorsque enfin arrive le dernier titre "Tides of despair", la moitié de la chanson devient alors un passage entièrement composé d'instruments traditionnels grecs sur fond de ruissellement, comme si le navigateur avait trouvé la lumière au bout du tunnel. Car oui, chez les Grecs, l'enfer n'a pas la connotation négative de son homologue chrétien, puisque tout le monde y descend à sa mort.
Le disque une fois fini, un dernier regard en arrière s'impose : la tempête semble bien loin derrière, mais la vue des damnées continuant de nager dans d'inimaginables souffrances nous rappelle que le chemin s'est effectué dans la douleur, et le sera tout autant pour tout autre inconscient ayant l'audace de naviguer seul. Mais pour nous autres auditeurs, les eaux du
Styx nous auront inondés de plaisir, car ce n'est pas tous les jours que l'on tombe sur un album aussi jouissif. Je retraverserai donc le
Styx avec plaisir, bien que ce soit à mes risques et périls.
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