Liste des groupes Metal Symphonique Fanum Somnia Final Cry

Nouvel entrant dans le si concurrentiel espace metal symphonique à chant féminin, ce jeune trio espagnol entend cependant, et légitimement, tout comme ses compatriotes de Diabulus In Musica et Against Myself, essaimer ses riffs et faire plus largement entendre sa voix. Conscient des enjeux et des risques courus à se lancer tête baissée dans la bataille, le combo ibérique affiche une certaine prudence dans sa démarche, n'accouchant de son premier et présent EP, « Final Cry », que quatre années suite à sa sortie de terre. Aussi, effeuille-t-on une auto-production modeste de ses 4 titres égrainés sur une bande auditive de 19 pimpantes et vivifiantes minutes. Ce faisant, ce premier et laconique effort constitue-t-il une arme de jet suffisamment efficace pour voir le collectif barcelonais jouer les trouble-fête parmi leurs si nombreux homologues générationnels, au point de faire de lui un sérieux espoir de ce registre metal  ?

A bord de la petite goélette, nous accueillent : Noé Left, chanteuse rock aux puissantes inflexions, suivie de Txell Cabedo (Haunted Gogs) à la basse et au chant additionnel, et de Farkas derrière les fûts. Pour l'occasion, ont été appelés en renfort les guitaristes Victor Jimenez et Denis chesnokoff aux guitares. De cette étroite collaboration naît un propos rock'n'metal mélodico-symphonique classique, aux relents progressifs, dans la lignée de Nightwish, Imperia, Delain, Winter In Eden, et consorts. Enregistré et mastérisé aux Dante Music Studios, le laconique mais fringant opus n'accuse que d'infimes sonorités résiduelles tout en offrant une belle profondeur de champ acoustique. Enfin, relevant de la patte graphique de Sergio Lago, la pochette d'inspiration fantastique laisse entrevoir une extrême finesse de trait doublée d'une palette de couleurs étoffée. Tous les voyants seraient donc au vert pour embrasser une traversée des plus sécurisées...

Si, comme nombre de ses pairs, les hostilités démarrent par un bref et cinématique instrumental aux arrangements ''nightwishiens'', la troupe est loin de s'y être réduite exclusivement. Aussi, les délicats arpèges au piano greffés sur les ondoyantes nappes synthétiques de l'aérien et gracieux « In My Dreams » cèdent-ils le pas à un entraînant mid/up tempo à mi-chemin entre Nightwish et Delain répondant au nom de « Chasing Freedom ». Dispensant des couplets bien customisés relayés chacun d'un refrain immersif à souhait que n'auraient reniés ni Winter In Eden ni Against Myself, l'enjoué méfait recèle parallèlement de saisissantes montées en régime du corps orchestral, des gimmicks guitaristiques des plus affriolants ainsi qu'un pont techniciste judicieusement positionné surmonté d'un bref mais seyant solo de guitare. Dans cette lignée, on retiendra le trépidant et énigmatique « Our Final Cry » tant pour son infiltrant cheminement d'harmoniques que pour le duo en voix de contraste octroyé en fin de parcours, les claires patines de la belle répondant alors en écho aux growls ombrageux de sa comparse.

Dans une visée plus rock que metal, le combo ne s'est guère avéré plus malhabile, loin s'en faut. Ainsi, non sans rappeler Imperia, le mid/up tempo syncopé « Stand Alone » se pare d'un léger tapping tout en se calant sur une ligne mélodique certes convenue mais des plus poignantes. A la fois bien cadencé et enivrant, mis en exergue par les chatoyantes et néanmoins toniques inflexions de la sirène, et disséminant d'insoupçonnées accélérations tout en livrant chacun un flamboyant solo de guitare signé Victor Jimenez, ce pulsionnel et complexe effort ne saurait être éludé par l'aficionado de rock'n'metal symphonique progressif.

Le trio espagnol nous livre certes une œuvre dans un mouchoir de poche mais des plus engageantes et témoignant d'une ingénierie du son plutôt soignée. D'aucuns pourront regretter un manque de diversité sur les plans atmosphérique et rythmique et des exercices de style quelque peu stéréotypés, ballades et fresques manquant à l'appel. Il faudra encore à nos acolytes se détacher de l'empreinte de leurs maîtres inspirateurs pour permettre à leur projet de gagner en épaisseur artistiques et consentir à quelques prises de risques pour espérer impacter plus largement leur auditorat. Carences partiellement compensées par une technicité instrumentale maîtrisée et des mélodies travaillées en profondeur et des plus immersives. On comprend qu'il est encore trop tôt pour espérer voir nos trois gladiateurs déloger les Beyond The Black, Elvellon, Walk In Darkness et autres Metalwings de leurs terres. Bref, une première et discrète entrée en terre d'abondance...