Fares

ajouter les paroles de l'album
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
18/20
Nom du groupe As A New Revolt
Nom de l'album Fares
Type EP
Date de parution 29 Janvier 2021
Labels KNT Label
Style MusicalFusion
Membres possèdant cet album2

Tracklist

1.
 Kanuni
 04:57
2.
 Desert Eagle
 04:59
3.
 Juan
 04:05
4.
 New Traditional
 03:54
5.
 Peplum
 03:56

Durée totale : 21:51

Acheter cet album

 buy  buy  buy  buy  buy  buy  buy
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

As A New Revolt


Chronique @ JeanEdernDesecrator

27 Janvier 2021

Un EP qui groove salement sa grand-mère

"- Dis, Maman, est-ce qu'on peut faire du metal sans guitare ?
- Chht, tais-toi, tu vas encore énerver ton père."

La question de la pertinence du rock, et à fortiori du metal sans guitare a été vite répondue, comme le dirait un célèbre entrepreneur de location, et démontré par l'exemple. Nine Inch Nails, dans les années 90 -et même un peu avant, avait prouvé que la distorsion appliquée aux claviers pouvait décaper les esgourdes aussi bien qu'une six cordes sous Marshall, et se poser comme un extrême de son métallique.
Il fût un temps où As A New Revolt était un groupe de rock basé sur la classique configuration batterie/basse/guitare/chant, auxquels s'ajoutaient samples et même de la trompette. Leur premier EP éponyme sorti en 2015 était un mélange atypique de post hardcore à la At The Drive In, et de rock noisy agrémentés de touches d'électro et de jazz, avec de multiples changements d'ambiances. Alors que ce premier disque très réussi et intriguant laissait augurer un sacré potentiel, l'outsider grenoblois fît table rase passa de la formule du quintette à celle du duo, avec Julien Huillier derrière les fûts, Manu Barrero au chant, et c'est tout. Depuis, le chanteur se charge aussi en amont de la programmation de toute la musique : claviers, samples, etc...
La musique d'As A New Revolt a donc subi un ravalement radical, abandonné les structures alambiquées au profit de compositions simples et directes basées sur de gros riffs de keys distordus, le tout avec un son beaucoup plus agressif et puissant. Les vocaux de Manu ont depuis pris une âpreté carrément Punk, avec un timbre de voix rageur à mi-chemin entre Zach de la Rocha et Dennis Lyxzèn. Le résultat a été leur surprenant second EP "Speechless" en 2016, dont les chansons été reprises dans le premier album détonnant "TxRx" sorti en 2018, groovy comme du RATM, synthétique et novateur comme The Prodigy, éxudant la rage d'un Refused.

As A New Revolt nous revient en 2021 avec ce nouvel EP "Fares", et pour ceux qui se demandaient s'ils feraient encore un virage à 137° et demie, le duo reprend les choses... là où il les avait laissées. Pas de révolution donc, et on retrouve l'infernal groove de Julien Huillier, qui n'a rien à envier à un Brad Wilk ou un Chad Smith, tout en se permettant des incartades fulgurantes pour casser le rythme métronomique bordé de samples lorgnant parfois vers l'indus. C'est la colonne vertébrale qui insuffle la vie à la froideur synthétique des machines, et il le fait avec brio. Il y a des ghosts notes à la pelle, un gros travail du charley, à la StewartCopeland ("New Traditional", "Peplum"), qui apportent une richesse foisonnante à l'ensemble. Pour ne rien gâcher, le son de batterie est vraiment parfait, avec en exergue une caisse claire riche en harmoniques très nineties, et c'est tout à fait ce qu'il fallait pour un disque si riche rythmiquement. En alternance avec la batterie, les beats urbains squattent le pavé, principalement sur les intermèdes plus calmes ("Desert Eagle"), ou se mélangent à la rythmique grosse caisse/caisse claire pour en changer le son.
Du rythmique il y en a partout, et aussi dans le chant, car Manu scande avec un flow Hip Hop, et une voix qui arrache franchement. On pense à Limp Bizkit (ces interventions de grosses voix pitchées dans les graves), Hed(Pe), Rage Against The Machine pour le timbre, où à la Refused pour la rage écorchée, dont on retrouve aussi la radicalité dans les textes. Les paroles sont toujours aussi engagées, ou abordent des sujets un peu touchy de manière frontale, comme sur "Kanuni", sur la violence aveugle des vendettas familiales en Albanie.

Dans les grandes lignes, les deux compères restent donc dans la droite lignée de "TxRx", mais on note du changement sur le contenu mélodique, avec l'introduction d'influences orientales d'un bout à l'autre de l'Est (l'excellent morceau d'ouverture "Kanuni"), ou de touches hindoues qui m'ont fait penser à ce que faisait Grötus dans les années 90 ("New Traditional", et sa mélodie distordue stridente comme de l'industriel des usines de Bombay).
L'autre petit changement concerne les guit.., ah merde ! Pas les guitares, mais vous m'avez compris, les gros parpaings saturés. Plus lourds et massifs -sur "Juan" ou "New Traditional", on part carrément dans les gros riffs neo metal - avec plus de gras et d'ampleur, ils donnent au chevelu sa dose de saturation qui tache. On est plus trop dans le rock, ça c'est sûr, et quand à la question de savoir si c'est du metal ou pas, l'effet balayé décoiffé est là. Ce qui fait office de basse est finalement plutôt discret et se fond tantôt avec les guitares, tantôts avec la batterie (comme dans un vrai groupe, banane, me dis-je), et ne cherche pas à singer une quatre cordes. Son objectif est d'amplifier le groove et la lourdeur de la musique, et il est largement atteint.
Au chapitre des réserves, on pourra regretter que dans la globalité, du point de vue du fan du groupe, "Fares" évolue très peu par rapport à "TxRx". La base rythmique groove/machines/chant rappé hurlé reste la même, et la redondance pourrait se faire sentir à l'avenir, si le groupe s'endort sur sa recette qui marche à tous les coups.
Le chant prend le risque d'exaspérer parfois, notamment sur "Desert Eagle", qui ose le sacrilège Auto Tune, ou les "Trrrlll" de base de cage d'escalier. Mais il faut bien avouer que bien fait, ça passe, un peu comme l'avait fait Limp Bizkit sur son dernier "Golden Cobra". Pas un problème en soi donc, mais ça peut donner de l'eczéma certains, et dieu sait que les gens peuvent être susceptibles de nos jours...

Avec "Fares", paru le 29 janvier 2020 chez Sand Music, As A New Revolt signe un EP réjouissant, qui nous replonge avec bonheur à la glorieuse époque du rap/metal/neo de Rage Against The Machine, Hed (pe), ou encore Pleymo, tout en étant novateur dans le son. Si les influences sont assez évidentes et quelque part revendiquées, le duo a une touche vraiment personnelle qui s'est encore renforcée sur ce nouveau disque. Le format court permet aussi à AANR de n'envoyer que ses munitions les plus meurtrières, et de faire un carton plein. Inutile de dire que j'attends avec impatience un prochain album, surtout si le groupe parvient à apporter encore un peu plus de diversité à son expression. Et pourquoi pas de la vraie guitare ?

0 Commentaire

0 J'aime

Partager
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire

Autres productions de As A New Revolt