Les anciens groupes ont laissé des témoignages qui ont marqué l'histoire, avec des albums définissant le spectre général naissant du deathmetal, en quelques années. Ainsi, entre 1988 et 1992, tout ou presque était déjà écrit. Alors, bien sûr, de nouveaux groupes ont amené leur touche depuis. Les combos les plus établis de cette période, malgré un creux général d'inspiration et de ventes au milieu des 90's (à rares exceptions près) ont aussi sorti des albums de grande qualité ces derniers temps, fidèles aux créneaux originels de chacun.
Sorti de nulle part ailleurs que du label Listenable (Cocorico !), voici venir Undead. Visages cachés, patronymes assez classiques (
Necros, Angélus, pour situer), impossible de savoir qui est qui. Avec un tant soit peu d'imagination, pourtant, on pourrait reconstituer le line-up, du moins dans l'imagerie vivante en chaque deathster. Prenez Marco Foddis (le
Pestilence pré-reformation - flagrant sur quelques passages, un vrai régal sur le limpide "
Voices Within" par exemple) à la batterie, Martin Van Drunen (
Asphyx, ex-
Pestilence,
Hail Of Bullets) aux vocalises, Chuck Schuldiner aux grattes, et vous aurez déjà une idée de l'identité de l'esprit dégagé par ce False Propheties, à la pochette représentative et adaptée.
Pourtant, loin de se contenter de singer un album/groupe en particulier (regardez du côté de
Gruesome), le quintet a l'intelligence de se réapproprier avec réussite de grosses louches du meilleur des années 88 - 92 (comprendre
Leprosy et
Spiritual Healing, le
Pestilence des trois premiers albums, un brin d'
Autopsy pour l'atmosphère lugubre, et un poil d'
Obituary, même si d'autres influences nobles pourront également être devinées ça et là). Les huit titres se réapproprient avec talent les spécificités des hits de ces chefs-d'oeuvres, connus jusqu'à la moelle par les fans. A de nombreuses reprises, on croirait entendre l'ombre menaçante ("Castrate Humanity" renvoie à un mix entre Consuming
Impulse et
Testimony Of The
Ancients -
Pestilence) ou frontale de ces albums référentiels, remis ici à l'honneur fort à propos (le rapide "Unbound To
Eternity" qui donne envie de hurler ses couplets saccadés à vitesse grand V, et son déluge de guitares).
Ceci dit,
False Prophecies, après quelques écoutes, propose une vraie personnalité, un vocaliste parfait, des leads excellents (sur quasi tous les titres, la paire de guitaristes Noctidiurnal/
Necros ne plaisante pas du tout), et des compositions tout sauf simplistes, à l'image de l'implacable "
Unborn" qui ouvre le disque, assez représentatif de l'orientation générale, avec ses microsecondes de batterie en intro, ses couplets empruntés à l'atmosphère de
Spiritual Healing, son riff terrible (clin d'œil à Schuldiner) relançant la machine, et son tempo écrasant qui précède un solo dantesque. Fermez les yeux et imaginez le line-up possible qui aurait pu pondre "ça" ! Tous les titres possèdent leur propre personnalité, et se révèleront vite passionnants, au delà de l'hommage évident à l'âge d'or du deathmetal.
Aucun titre de remplissage, avec des passages tantôt subtils et aériens, tantôt brutaux (de la double, mais pas tout le temps, et un mix parfait entre les différents instruments qui permettent de tout entendre), on se dit que le témoignage repris par Undead est en de bonnes mains ici. Un classique, pas moins, à la durée idéale (42 minutes de retour espace-temps) et au contenu jouissif. Mais aussi une cure de jouvence pour ceux qui rêvaient d'un digne successeur aux albums précités ; et un bon moyen en un seul disque de revivre la quasi-totalité de ce que le deathmetal proposait de meilleur au tout début des 90's.
http://guitariste-metal.fr/interview-de-necros-undead/
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