En l'espace d'une décennie,
Nirvana est devenu une référence à adopter pour les jeunes artistes sortant le premier disque de leur carrière. L'image d'un grunge mélancolique, solide et inspiré les a beaucoup influencés dans leurs compositions. Mais certains ont fini par y perdre leur identité musicale et tout le talent qui va avec (ce qui n'est visiblement pas le cas de ces bébés qui n'ont jamais rien eu à revendiquer musicalement parlant).
Avec un nom de groupe clairement ciblé, un style vestimentaire façon j'me la joue rock'n'roll et quelques chemises ouvertes,
Falling Girl pensait peut-être que la gloire allait les frapper, mais nous ne sommes pas dans un tour de passe-passe ni dans un concours de beauté et l'EP tient plus d'un artiste-cover-amateur que d'un petit groupe indépendant avec des compositions qui lui sont propres. Malheureusement, le physique ne fait pas tout dans la vie et ce n'est pas de belles poses ou un joli minois sur la pochette qui fera la différence. Cependant, il faut bien reconnaître la légitimité de nos super-héros puisqu'ils possèdent un pouvoir magique un peu spécial et absolument unique : celui de combiner à la fois imitations à deux francs, stéréotypes et clichés musicaux en tous genres, le tout réuni dans un seul et même EP, pour notre plus grand plaisir...
Sauf que les imitations foireuses trouvent rapidement leurs limites, comme sur l'horrible « Teenage » par exemple. Par ailleurs, les premières paroles suffisent d'ores et déjà à cerner les ressemblances, aussi affligeantes soient-elles, avec le vocaliste Shaun Morgan lorsque l'individu répondant au nom de Damien descend dans les graves. Ceci dit, sans pour autant y retrouver la puissance et la mélodie d'un
Seether car l'instrumentation ne recèle aucun jeu qui soit réellement intéressant, et ce n'est pas chez
Falling Girl que l'on retrouvera de longs solos bien efficaces... Les riffs ? Ils ne connaissent même pas, excepté pour ce qui est de reproduire discrètement du
Nirvana sur l'introduction de «
Spirit of My Dreams » (ressemblant assez fortement à «
Old Age » qu'on le veuille ou non). Puis, ils appuieront les stéréotypes jusqu'à se perdre totalement dans leur propre soupe musicale, passant d'une voix grave des plus exagérées à un refrain de punk ridicule, tout en essayant de caser à tout prix une énième imitation de
Kurt Cobain.
Nos petits cœurs enchaînent fort avec « Seem Happy », si fort, qu'ils pourraient presque concurrencer Laurent Gerra et ses géniales imitations de Johnny Hallyday (après coup, ce serait un trop beau compliment à leur faire, j'en suis désolé). Car en effet, on se met de suite dans l'ambiance
Nirvana (une fois de plus)... sans que bien sûr, il n'y ait une quelconque efficacité (légèreté plutôt?) dans le morceau ou une ressemblance quelconque d'un point de vue des mélodies/refrains adoptés. Si vous pensiez que nous n'arriverions pas à repérer le phrasé et l'accent bien Français de certains mots, comme ce « Sometimes I
Burn » avec le "r" du « burn » bien appuyé, vous vous trompez sérieusement. D'ailleurs, le meilleur reste encore à venir puisque des chœurs de pop-atmosphériques feront leur apparition, créant une atmosphère...heu...déconcertante.
« One,
Two, Three, Come On... »
Il n'en fallait pas plus pour déclencher le fou rire chez l'auditeur, et ainsi, confirmer les craintes vis-à-vis de cet EP éponyme. Voici donc le single, que dis-je, le HIT de
Falling Girl : « Desparate ». Ajoutons à cela que si le concours d'imitations commençait à devenir particulièrement pesant, le trio laisse maintenant place aux bons vieux clichés grunge. On nage en plein dans le ridicule, et si le chant clair peut, à la limite, passer correctement (je commence déjà à regretter ce "compliment"...), les quelques poussées de voix que nous offre généreusement Damien sont pour le moins indigestes. En comparaison, c'est comme s'il était en train de muer au même instant avec le nez bouché et la voix nasillarde. Concernant l'instrumentation, elle reste linéaire du début jusqu'à la fin. Ceci étant, à notre grande surprise, un nouveau rebondissement se produit :
Falling Girl déploie toute sa rage vers la fin du morceau, avec des tentatives de cris porcins, à nouveau lancées par le leader du boys-band francilien, tentant même de créer une atmosphère d'une extrême noirceur ; pathétique et sans succès.
En fin de compte, on pourra toujours accuser le manque d'expérience de ses membres, mais il n'en reste pas moins que ce «
Falling Girl » est bien loin d'être un objet, ne serait-ce qu'honnête. Le trio vise en particulier les jeunes adolescentes, et cela se ressent sur chaque pièce avec des ambiances pop-rock, quelques paroles sucrées, une bonne dose d'amour et beaucoup de tendresse bien évidemment. Avec ce premier effort (c'est le cas de le dire...), l'auditeur sera à la fois sûr de se prendre une grosse claque (oui oui !), en plus de réaliser ce qu'aurait pu être le grunge si des groupes tels que
Soundgarden,
Alice In Chains ou encore
Nirvana avaient eu le syndrome-
Falling Girl, à savoir, massacrer les styles musicaux en les rendant les plus mauvais possible.
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