Un jeune groupe, dès lors qu'il réalise un premier album plutôt remarqué, se doit d'enchaîner pour marquer les esprits sous peine de retomber dans l'anonymat. Or il se déroula près de 6 ans avant que "Faithless" ne vienne succéder à "
Apocalypse". Comble du problème, le thrash tout entier à cette époque s'était vu ringardisé, alors inutile de dire que le groupe était dès lors retombé aux oubliettes.
Alors quand on reparle des suisses d'
Apocalypse de nos jours, aucun souvenir ou presque de ravive la nostalgie de ce second opus. Pourtant, il a beaucoup pour se faire préférer à l'éponyme. La production est beaucoup plus claire et soignée tandis que le ton se durcit quelque peu. Tout cela dégage une impression de maturité au détriment de la spontanéité d'origine.
On retrouve donc dans cet album du heavy/thrash bien agressif et lourd; très lourd parfois même comme dans "Faithless" et "Bad Breath"; teinté de hardcore de par ses riffs assassins et saccadés et par ses back vocals qui renforcent les refrains. L'intensité à la limite du décousu de certains titres comme "
Division" et "
Reason To live" accentue cet effet hardcore. Tout cela fait penser à du bon
Anthrax, plus époque Persistence Of Time car on sent moins de bonne humeur. "House Of
Confusion" aurait dans cette veine fait bonne figure dans la discographie des new-yorkais.
Le chant de Nick Raeboud sonne quant à lui proche de
Toxik et
Powermad mais avec des tons de voix à la Chuck Billy jeune, donnant une consonance speed à l'ensemble. Cela a pour effet de polir un peu le rendu musical très brut. Au final, il y a beaucoup d'influences stylistiques pour un rendu très riche et au final très technique, comme le démontre "
Extreme Sensation" dans lequel on jurerait entendre Mustaine.
Autre aspect agréable à écouter, ce sont les variations régulières qui animent les morceaux, notamment "Unwanted" et "Sensation". Grâce à une grosse intensité rythmique du batteur Momos Domenjoz, elles conservent une musique distrayante, capables même de sortir des phases vraiment très intéressantes comme les longues mélodies lentes et berçantes sur des titres furieux, que ce soit par les guitares comme dans "Slay For Play" ou par un chant un peu halfordien comme dans "Unwanted".
Les solos ne semblent pas flamboyants notamment parce qu'ils ne sont pas surjoués et sont même parfois difficilement audibles. Toutefois, ils méritent qu'on y tende une oreille, tant ils restent terriblement absorbants à l'image de l'enchaînement "Faithless"/"
Reason To
Live". "Shoot You
Down", sorte de ballade évoluant de manière croissante dans la vivacité qu'elle avait un peu brusquement stoppé, leur laisse plus de place d'expression.
Solide et captivant, il conclue en beauté une carrière mal gérée qui pourtant aurait pu porter le renom d'
Apocalypse aux côtés des très grands de la scène suisse: j'ai nommé
Coroner et
Celtic Frost. Méconnu, carrément oublié même, "Faithless" n'en reste pas moins un témoin fiable de la richesse du thrash européen devenu underground des années 90.
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