Liste des groupes Metal Symphonique Secrets Of Sin Fairytales

Tenter de se frayer un passage pour espérer s'imposer dans un registre metal symphonique à chant féminin dominé par Within Temptation, Xandria, Leave's Eyes et autres Nightwish ou Amberian Dawn, n'est pas chose aisée. C'est précisément le chemin emprunté par Secrets Of Sin, jeune quintet allemand venu de Biberach (Bade Würtemberg), simplement muni d'une première démo de trois titres se succédant sur une vingtaine de minutes d'un ruban auditif rythmiquement frétillant et techniquement bien emballé. Que nous réserve alors ce valeureux combo sur ce « Fairytales », humble propos inspiré par les arpèges, l'atmosphère et les échanges vocaux de Visions Of Atlantis ?

Nous découvrons une production metal symphonique gothique au bel élan percussif, aux gammes alertes, au riffing corrosif, livrant souvent de convaincants soli de guitare, avec une présence en filigranne des claviers, dont un sensible piano. Les lignes mélodiques, sans témoigner d'une esthétique irréprochable, ni s'avérer inoubliables, sont relativement agréables. Quant aux lignes de chant, elles reposent sur des duos mixtes bien harmonisés entre la voix douce et claire de Christina Groner et celle, graveleuse et puissante, du chanteur et guitariste Robert Mansk. Tout semble concourir à nous offrir de savoureux instants, en apparence du moins...

Le résultat en serait une œuvre en demi-teinte, in fine. Tout d'abord, le combo teuton nous octroie deux titres relativement mélodieux inscrits dans la même veine stylistique, sur un tempo différent, mais faisant montre des mêmes qualités et écueils difficiles à esquiver. Ainsi, le frondeur « A Soldier's Destiny » nous mène à des couplets bien ciselés et des refrains plutôt immersifs, mis en exergue à la fois par une lead guitare bien inspirée et l'engageant duo vocal. Un joli solo de guitare s'échappe de cette fournaise synthétique, aussitôt rejoint par le fringant couple oratoire, le long d'un cheminement mélodique sécurisant. Tout aurait pu aller pour le mieux si l'effet de compression instrumentale n'avait pas été aussi criant, inconvénient dû à un enregistrement trop lacunaire dans son principe d'émission. Par moments, des notes parasites s'invitent en plus d'un manque cruel de netteté et de mise en relief du corps vocal, noyé au coeur d'une dense forêt orchestrale. Qualités et défauts que l'on retrouve sur son voisin, le mid tempo « Silent Death », dans l'esprit de Visions Of Atlantis. Bénéficiant d'une belle lumière harmonique, avec une guitare acoustique loin d'être maladroite et un riffing bien resserré, ce titre dispose d'arrangements restant encore à peaufiner pour nous séduire davantage. C'est dire qu'il ne retire pas plus son épingle du jeu, disposant, de plus, de ponts décalés dans sa trame. Les échanges entre interprètes, s'ils semblent souriants, suivant une ligne mélodique sympathique, notamment sur le refrain, sont totalement dénués de caractère, nous laissant livrés à une écoute tout juste acceptable, au final. La magie n'opère pas, là non plus. Qu'en est-il alors de la piste restante ?

Il s'agit de la fresque de la menue rondelle, à l'instar de « Blind ». Près de dix minutes d'arpèges bien restitués et des parties de guitare assez entraînantes et techniquement éprouvées nous installent sereinement à bord de cet intarissable et vitaminé convoi orchestral. Toutefois, des screams baveux, et pas toujours d'une maîtrise absolue de la bête alternent avec la finesse du timbre de la belle, le duo faisant plutôt office de tampon avec la profusion de sections orchestrales que de nous octroyer une véritable signature. Un subtil solo de guitare au délié alerte s'installe alors, mais pour si peu de temps. On observe, par ailleurs, une profusion de breaks et de reprises enchaînés par pléthore d'instruments en liesse mais pas toujours discernables, par manque de profondeur de champ acoustique. Quelques harmoniques pourtant intéressantes ne pourront relever un plat trop lourd, aux assaisonnements presque indigestes, et manquant invariablement d'homogénité.

On ressort de l'écoute de la galette avec le sentiment doux-amer d'avoir affaire à un énième groupe de metal symphonique, sans réelle identité instrumentale et/ou vocale, s'étant précipité pour nous concocter une démo, qui aurait pu l'emporter, si elle n'avait pas été gênée par tant de défauts de production. Un mixage très approximatif, des finitions réduites à leur plus simple appareil, des enchaînements intra et inter pistes peu soignés ne permettront pas à cette formation de se hisser au niveau de ses modèles identificatoires, ni même de ses homologues stylistiques. Il leur faudra donc plancher encore, asseoir leurs gammes et leurs arpèges sur des bases artistiques et logistiques plus stables pour nous rallier à leur cause. On attend donc un rapide sursaut de leur part, pour ne pas se faire broyer par une féroce concurrence inhérente à ce registre metal à chant féminin.