Insérant dans sa musique des éléments de la branche métallique alors que l'atmosphère dégagée et les thèmes développés sont, en général, foncièrement positifs, le Metalcore est un genre paradoxal. Et le fait que son cul se retrouve coincé entre deux chaises a de quoi laisser dubitatif quant à l'efficacité et même l'intérêt du genre. En témoignent de trop nombreux groupes dans le genre très connus et pourtant sans intérêt. Vous l'aurez compris : quand on fait du Metalcore, il faut vraiment se creuser la tête pour mélanger subtilement la force brute du
Metal avec l'atmosphère positive, afin que l'un des deux ingrédients ne se retrouve pas délaissé au profit de l'autre, ou ne prenne pas le rôle ingrat de remplissage inutile et inintéressant. Et c'est bien pour cela que je vous parle de
Light This City, qui arrive mieux que les autres a doser ce mélange. C'est d'autant plus réussi que le groupe est sous-estimé et ne s'est pas fait trop remarquer durant sa période d'activité. Car
Light This City a déposé les armes aujourd'hui.
Deuxième élément sur lequel je mettrai le doigt : les female vocals semblent être la nouvelle mode du nouveau millénaire. Cela se retrouve un peu partout dans la sphère métallique, autant du côté du Symphonique (Simone Simons dans
Epica par exemple), que dans les branches plus extrêmes telles que le Grind (Melanie Mongeon dans Fuck the Facts), sans oublier le
Death Melodique (Angela Gossow dans
Arch Enemy). Le Metalcore n'échappe pas non plus à la règle puisque ce n'est personne d'autre que Laura Nichol qui est aux commandes de
Light This City. Pour la petite anecdote, la dite vocaliste a remporté le prix de "Hottest chick of
Metal", ce qui ne devrait pas manquer de donner un prétexte de faire apprécier ce groupe a certains. Force est de constater que cela ne nuit en rien à la qualité de l'album.
Revenons à nos moutons. Pour nos musiciens de la Bay
Area, il s'agit du troisième album studio, le bien nommé
Facing the Thousand, et au même titre que leur précédent méfait, c'est Prosthetic Records qui se charge de la bébête. Le premier malheureux constat que l'on peut faire, c'est que la pochette est assez moche. Elle est également assez sombre et développe une atmosphère mystérieuse, ce qui provoque un léger décalage avec la musique. Justement, qu'en est-il ?
Comme je le disais, le groupe sait correctement intégrer les caractéristiques du
Metal dans leur musique. De ce fait, il se trouve que la musique de
Light This City ne se qualifie pas de violente, mais plutôt entrainante. Sans compter qu'elle s'écoute très aisément compte tenu de sa facilité d'accès. La première piste démarre par une petite introduction instrumentale assez sombre. Elle s'intègre parfaitement au morceau, mais voilà : ce premier morceau éponyme n'est que moyennement efficace et traine en longueur. Voilà que cela démarre mal avec les premières impressions !
Outre le refrain plutôt bien foutu, il n'y a pas grand chose à sauver de ce premier titre, oublié aussi vite qu'il est écouté, et se terminant franchement en queue de poisson. En ce qui concerne le morceau suivant, "Cradle for a
King", il ne sauve pas beaucoup la mise malgré un solo de guitare somme toute assez convainquant.
Rassurez-vous, tout cela est sans compter sur le niveau de maitrise des musiciens et sur les morceaux qui suivent, pièces maitresses de l'album, et qui viennent largement compenser les deux premiers morceaux qui ont de quoi nous laisser sur notre faim. Que ce soit sur les refrains ravageurs de "The Unwelcome Savior" ou le mid tempo mais non moins entrainant "The Maddening
Swarm" qui permet à l'auditeur de reprendre un peu son souffle sans l'ennuyer, celui-ci se retrouve enfin happé par la machine
Light This City ! Et que penser de "
Exile" et son refrain épique, sinon que le titre vous arrache un sourire ?
Nous remarquerons une chose, c'est que c'est décidément dans les refrains que l'on passe les meilleurs moments. Bien pensés, bien exécutés, bien souvent aux riffs simples ("The Unwelcome Savior"), mais terriblement efficaces : celui de "The Eagle" est définitivement le plus entrainant de l'album. La structure des titres a tendance à se répéter, ce qui signifie succession de couplets intéressants annonçant des refrains énergétiques, suivi d'une deuxième partie efficace mais moins intéressante que les couplets/refrains.
Certes, même si
Light This City est au-dessus de la masse Metalcore, il n'évite pas quelques maladresses. Par exemple, les vocaux de Laura Nichol, même s'ils sont efficaces, peuvent se révéler un peu linéaires sur la longueur. "City of the Snares" démarre sur des chapeaux de roues avec un riff qui vous scotche au plafond (le riff central d'ailleurs), mais les couplets démarrent par un blast-beat. C'est bien, mais je n'ai toujours pas compris ce qu'il foutait ici, comme s'il n'était là que pour faire du remplissage ! Cela est dommage, car il ne suffit pas d'insérer un gros riff par-ci et un petit blast par-là et de se montrer super technique pour faire de bons titres. Et le groupe semblait l'avoir compris. Je terminerai en précisant que les trois derniers morceaux sont un peu inutiles au même titre que les deux premiers, et ne concluent pas l'album de la meilleure façon possible : nous n'en retenons rien, même après plusieurs écoutes.
En conclusion,
Facing the Thousand est un bon album, mais qui contient quelques petites erreurs et qu'il ne révolutionnera pas le genre. Il mérite toutefois un bon 14, et si tout les morceaux étaient de la trempe du superbe "The Eagle", il aurait mérité quatre points de plus. Cinq titres très bons et cinq titres qui nous laissent sur notre faim, pour un ensemble toutefois homogène et bien fourni. Mais rassurez-vous : un titre mauvais dans un très bon album n'a jamais empêché l'album d'être très bon, et même si c'est la moitié de l'album qui est concerné dans ce cas-là (ce qui est un peu juste !), l'autre moitié en vaut la peine. Un album donc tout à fait convenable, mais qui passera totalement inaperçu au milieu des mastodontes du genre. Dommage !
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