Mortal Sin, c’est sans doute le groupe venu d’Australie le plus reconnu dans la sphère thrash, notamment grâce à un «
Mayhemic Destruction » sorti en 1987 qui fit alors grand bruit. Empli de qualités et salué par la critique, ce premier album avait fait rentrer dans le milieu le nom de ces australiens venus de la banlieue ouest de Sydney.
Pourtant, c’est bien en 1989 que les membres du groupe consolidèrent fortement leur notoriété. Premièrement en assurant les premières parties de
Metallica, dont ils ne se cachent jamais de s’en être inspiré. Mais surtout, en sortant ce «
Face of Despair » sous le label Phonogram Records, pièce maîtresse d’une consécration annoncée deux ans auparavant.
Je cite le label car elle a ici une primordiale importance tant la qualité de la production est sans aucune mesure supérieure à celle de «
Mayhemic Destruction ». Elle dote ce «
Face of Despair », à qualité presque comparable, d’une écoute bien plus agréable.
Toutefois, la réelle différence intrinsèque avec son prédécesseur est la qualité dans la construction des titres.
Plus carré, plus propre et une énergie mieux canalisée dans des directions plus pertinentes pour un résultat évidemment plus efficace.
Difficile de ne pas citer les influences de groupes tels qu’
Exodus tant leur musique s’inscrit dans la droite lignée de la tradition Thrash Bay
Area, mais cela est plus caractéristique du groupe que de l’album en particulier. Vous retrouvez ces influences dans toute la courte discographie de
Mortal Sin.
Ces influences, on peut les ressentir dès le départ avec trois premiers morceaux très intenses, où «
I Am Immortal » et « The Infantery Corps » ; deux morceaux très agressifs, le premier avec son intense jeu de batterie continue, le second avec ses sautes d’humeurs vifs et rapides ; encerclent un «
Voyage of the Disturbed » plus lourd, un peu moins rapide mais plus rythmé, à l’aspect plus épique grâce à des consonances mélodiques plus proches du Heavy que ses homologues cités juste avant.
Je profite d’une relative constance dans le déroulement des titres pour affirmer que le timbre du chanteur est plutôt commun. Je dois avouer que paradoxalement, ça ne me déplait pas, tant il m’est arrivé de tomber sur des chants plus personnalisés qui se sont révélés être de bien exécrables surprises. Je me permets d’avancer ce fait d’autant plus que malgré ce désavantage, le chant est au final plutôt léché. «
Martyrs Of
Eternity » le démontre d’ailleurs assez bien, tout comme « For Richer For Poorer » et «
Suspended Animation » aux refrains entraînants.
« Innocent
Torture » a, quant à lui, tout pour se démarquer. Il est le seul à disposer d’une réelle intro où le verdict de culpabilité tombe sur un acculé qui hurle son désespoir. Variation, rapidité et rythme, tels sont les ingrédients pour une recette en trois étapes : premièrement une couche lourde, lente et martelée suivie d’une nappe de thrash très rapide et dynamique, pour finir sur un enrobage de rythme soutenue, presque dansant. Un plat d’une richesse qu’il faut déguster.
L’album continue son petit bonhomme de chemin dans le sens des mes propos précédents, avec une vivacité indéniable. On remarque la belle mise en bouche au début de « H » pour finalement un titre assez commun, ou encore un énergique « Terminal Reward », plaisant sans être transcendant.
Le silence vient à se faire roi… l’album est fini. Toutefois après une écoute plutôt jouissive pour nos pupilles auditives reste t-il toujours un arrière-goût. Et il a de l’importance car il est révélateur de certaines vérités et constitue souvent la base d’une éventuelle réécoute. Et c’est de là que blesse le bât, que
Mortal Sin flanche dans une certaine mesure.
Le seul souci de ce «
Face of Despair », et il peut pour certains être de taille, est qu’il est trop thrash. Etrange, pouvez-vous penser, que tenir de tels propos de la part d’un aficionado comme moi. Rassurez-vous, je n’ai pas retourné ma veste, mais juste posé un regard critique. En effet, je veux dire par là que cet opus est trop pur, obéit trop gentiment aux règles informelles du thrash pour se démarquer avec évidence.
C’est avec une certaine difficulté que j’exprime ce ressentiment car il m’est interdit de parler de manque d’originalité. Ce serait faire un faux procès par mauvais esprit. Il n’y aucun plagiat venu de nulle part.
Non, ce qu’il manque sûrement, c’est une griffe, une signature plus personnelle, venue d’influences extérieures au thrash, apportant une spécificité plus significative. J’espère avoir clairement explicité la nuance… sinon pensez à un enfant prodige, dont le génie est étouffé par la pression des normes, et vous aurez saisi la substance de mes propos.
Au final, difficile de promouvoir ce «
Face of Despair » au rang de coup de cœur. Toutefois, il faut lui rendre l’hommage d’être une valeur universellement sûre, gratifiant une culture thrash de par sa qualité. A partir du moment où vous avez cet album à disposition d’écoute, vous avez l’assurance de bénéficier d’un moment, certes pas envoûtant, mais indéniablement plaisant. Cela, il faut bien en reconnaître la valeur.
Bienvenue au club fabien; j'adorais cette émission aussi, et le radio K7 s'en souviendrait aussi s'il n'etait pas depuis longtemps parti dans la benne à ordures. Meilleur moment : La découverte de feu INCUBUS et son "Sadistic Sinner" d'anthologie !!
Fabien.
Tiens, tant qu'on y est, grâce à une de tes chroniques, j'ai rentré le "Decameron" d'EPIDEMIC, que je trouve très bon. Le Treasures Within de MERCILESS est commandé aussi (enfin la réedition...).
Rentré il y a qlq jours, cette album est depuis en ecoute reguliere sur la platine. Je trouve qie la voix du chanteur a 1 timbre proche de phill rud de Sacred Reich....
Bel album de thrash et belle decouverte.
Merci pour la chro
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