Sorti début 2008 sur
Occultum Productions,
Fabulas est composé par Orkakl, l’ex-leader d’Oraya.
Occultum étant un label assez élitiste et
Fabulas limité à 66 copies, on pouvait attendre quelque chose de réellement spécifique.
Pour sa première sortie,
Momentum Mortis ne nous a pas laissé une démo, ni même un album, mais carrément un double-CD (avec plus d’une vingtaine de pistes). Un pari risqué pour une première production… Mais, à l’image de Dernière Volonté et dans un genre légèrement différent,
Momentum Mortis relève le défi et ne déçoit pas.
Le projet musical officie dans le dark ambient folk. Avec des instruments médiévaux ou classiques comme le violon, le tuba ou le piano, il crée de courtes compositions aux rythmes assez calmes (ce qui ne veut pas dire qu’ils ne soient pas chargés d’émotions).
Tout l’album est conduit par de longues notes de violon. Abrasives et lentes, elles donnent un sentiment de langueur qui emmène l’auditeur dans le monde tragique de
Momentum Mortis. Personnellement, je les trouve parfois un peu linéaires. Mais l’album est très réussi. Orkakl donne une atmosphère spécifique à chaque piste, de manière assez minimaliste. On accroche rapidement.
Les instruments (piano, clavecin, guitare…) sont variés, toujours parcourus par la langueur du violon.
Chaque morceau est court, tournant autour de deux minutes, juste le temps d’imprégner l’auditeur d’une certaine atmosphère avant de passer à la suivante, ce qui ne laisse pas le temps de s'ennuyer, et rompt avec la monotonie lassante des compositions d’un quart d’heure. Le chant, susurré et ténébreux, constitue un instrument de plus qui vient survoler les mélodies.
Dans le second CD, Orkakl a eu la bonne idée d’inviter quelques noms de l’underground pour poser leur voix sur quelques-uns des morceaux, comme Matthieu de
Douce Morphine ou CountOccultux de
Dementia Ad Vitam. Leurs chants viennent bousculer, toujours langoureusement, la possible linéarité qui risquerait de s’installer au bout de tant de pistes et créent des atmosphères toujours plus prenantes. Ainsi, la voix de Matthieu et des notes de violon très brutes donnent une ambiance des plus noires au morceau « Ce Soir », tandis que « My Love » nous plonge dans un amour tragique avec les chants tremblants de
Vanessa et d’Ombeline.
Mention spéciale au livret : très long et d’une beauté à couper le souffle. C’est probablement l’un des livrets les plus soignés que j’aie jamais vu !
Chaque morceau a une image qui lui correspond, et elles fourmillent de détails. En feuilletant le livret, on est réellement impressionné, plus encore que par la qualité de la musique. Il paraît que tout cela a été composé avec une palette graphique… on se demande comment cela a pu être fait, tant le résultat est complexe et attire le regard.
Chose étonnante : Orkakl, le compositeur des titres et créateur du livret, n’a que 19 ans ! Comme dit le dicton, la valeur n’attend pas le nombre des années.
Fabulas n’est pas un album très accessible au premier abord, mais vaut le coup d’être acheté. Au bout de plusieurs écoutes, on se rend compte de la complexité de l’album et de la multitude d’aspects qu’il porte. Les 66 copies ont été écoulées en quelques mois, et malgré leur prix plutôt élevé, je ne regrette pas l’achat d’une d’entre elles ! Qu’on se rassure,
Momentum Mortis a sorti un EP depuis (In Cruoris Patre), que vous pourrez télécharger gratuitement sur le myspace du groupe, histoire que vous puissiez découvrir tout de même les atmosphères si spécifiques que nous réserve Orkakl.
Un futur pilier de la scène ambient, à n’en pas douter.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire