Revoici les vétérans de
Vulcano en action. Les Brésiliens, figure mythique de l'underground sud-américain, et présent discographiquement parlant dès 1985 avec son
Live, acte de naissance primitif ayant donné suite au référentiel
Bloody Vengeance dès l'année suivante, disque encore mis à l'honneur en nos contrées par une tournée anniversaire tout récemment. Le quintette en est maintenant à leur onzième album studio, n'ayant au fil des ans jamais rendu les fourches, sauf entre 1990 et le milieu des 2000, comme beaucoup de formations de la même génération. Finalement bien moins sous les feux des projecteurs que leur glorieux passé ne pourrait le laisser supposer depuis le décharné Antropophagy (1987) faute à une distribution peu mondialisée, c'est avec les Danois de Mighty Music que
Vulcano a choisi de travailler pour promouvoir
Eye in Hell, leur nouveau méfait à la pochette toujours aussi blasphématoire.
C'est donc avec sans doute toute l'attention portée aux retrouvailles entre vieux potes que
Eye in Hell sera regardé de prime abord, seuls les die-hards fans ayant été acquéreurs de la discographie récente du groupe, peu disponible en bacs.
Vulcano, en plus de 35 ans de carrière s'étant décidé à signer avec un label aux canaux de distribution élargis, il est à parier que nombre de personnes redécouvrent la formation sur disque, les Brésiliens nous ayant fait l'honneur d'une présence au
Winter Rising Fest encore récemment. Sur une base toujours agressive, parfois débridée mais aussi diablement catchy dans certains refrains ("
Sinister Road" avec son riff piqué à Tom G.
Warrior à 1'58"),
Vulcano se situe en 2020 à mi-chemin entre
Venom et
Babylon au gré des morceaux que composent ce
Eye in Hell. De l'un il reprend les riffs simples mais toujours efficaces, une basse délicieusement proéminente ("
Sirens of
Destruction", "
Inferno") et le phrasé déclamé et craché à la face du monde ; et de l'autre certaines rythmiques et plans de batterie qui n'auraient pas dépareillé sur la toute première partie de carrière des Californiens ("
Sirens of
Destruction", "
Cursed Babylon"), parfois jusqu'à la similitude jusque dans le jeu de cymbales ("Mysteries of the Black Book", "
Cybernetic Beast" au phrasé typique lors de ses premiers instants avant l'emballement rythmique proche du blackmetal, rappelant l'inspiration générée par le groupe sur le courant extrême en ses débuts).
Eye in Hell tabasse franchement du collier et ne compte pas ses efforts, un peu à la manière d'un Infernäl Mäjesty récent qui se serait accouplé avec la bande menée par
Cronos (ou à aller chercher chez Sodom, autre figure tutélaire de la scène à rapprocher de cet album des Brésiliens) un soir de beuverie. L'expressivité du chanteur Luiz Louzada constitue un vrai atout, à l'heure de certains vocalistes interchangeables. Mais, compte tenu de la longévité et du statut des artistes, le manque de personnalité pourra se faire ressentir tout de même. D'un format moyen de titres avoisinant les 3 minutes,
Eye in Hell ne fait pas dans le progressif ni dans l'introduction en arpèges, et pourra tout à fait représenter un complément crédible aux fans d'un Midnight, en plus thrash toutefois.
Eye in Hell n'a pas vraiment de point faible en dehors de son côté
Babylon très (trop ?) prononcé sur certains morceaux, et reste un album costaud. C'est lors des moments plus débridés ("When the Day
Fall", "Strugglin Besides
Satan" ou l'implacable "
Evil Empire" aux leads malsains et au refrain saccadé) que
Vulcano convainc le plus, avec speederies abruptes souvent cassées par un riff, un moment plus ambiancé souvent réussi. Notons d'ailleurs une seconde partie d'album aussi percutante de son entame, l'album finissant par le titre éponyme, tout en rythmique écrasante et porté par une basse en adéquation, au parfum
Celtic Frost prononcé. On assiste donc là quelque part à l'antithèse de la démarche d'un
Sepultura évolutif, anciens partenaires de label et apparus sensiblement à la même période, avec un album à l'âme solidement plantée dans ses racines, mise en boîte légèrement crue comprise. Avec une diffusion désormais plus large, il est à parier que
Vulcano réussisse son coup avec
Eye in Hell quasiment la synthèse d'un gros pan de la scène extrême de ses premières années.
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