Le cyber metal est très discret cette année, rien de notable n'a attiré les oreilles du cybermetalleux averti, à part le nouveau
Vortech il y a quelques semaines. Les formations du moment sont soit en stand-by, soit en plein processus de composition, soit en pleine mutation, comme c'est le cas de
Neurotech. Mais certains essaient de ne pas perdre la main, comme les Slovaques de
Khadaver. La bande à
Nihil Nix existe depuis près de 10 ans mais c'est depuis peu que le combo commence à réellement se faire connaître. Le premier album, sorti en
2012, avait fait la fierté de la Slovaquie, en cruel manque de metal indus. Il faut dire que le cyber/black des musiciens était bien fichu, perdu quelque part entre
Deathstars ou
The Kovenant.
Au bout de trois ans seulement, le multi instrumentiste
Nihil Nix et le batteur Luxin
Tenebris reviennent avec un nouvel album, toujours aussi pessimiste, nommé "Exstincto Mundi". Mais cette fois-ci, ils sont accompagnés d'un nouveau membre, Feral Inferis. Ce guitariste a participé activement au processus de composition et apporte un peu de fraicheur à la musique de
Khadaver. Il a permis notamment la remise à plat du morceau "
God-RW" (qu'on retrouvait sur l'EP du même nom sorti en 2010) ainsi que l'apport d'un peu plus de complexité dans le jeu de guitare. Il faut dire qu'il est un peu plus expérimenté que
Nihil Nix dans ce domaine, et cela se ressent rapidement : leur metal est conséquemment plus lourd et plus technique.
Un changement en entraîne souvent un autre. Les racines cyber sont encore bien présentes (un morceau comme "Zeroborn" en dit long) mais on sent une nette évolution dans la musique de
Khadaver, qui mélange son black metal à des touches death et symphoniques. Les claviers ont plus d'impact que dans "New World
Disorder" et mettent en avant une ambiance impériale et quasi cinématographique, comme sur "Via
Aeons and Cosmos" ou "Episteme Finite". Même le rythme est plus soutenu et moins électronique. Le chant criard a lui aussi laissé sa place à un growl death plus charismatique. Le cyber black synthétique aux influences EDM disparaît au profit d'un cyber/black/death/symphonique à la
Shade Empire ou
Lyfthrasyr.
Les compos de
Khadaver, malgré l'absence d'éléments dansants ou torturés, gagnent en qualité. Les mélodies sont bien trouvées, l'atmosphère est prenante, les guitares ont une certaine lourdeur et la production, faite maison, est plutôt puissante. Le sympho s'introduit lors des moments les plus opportuns et apporte beaucoup de relief. Les éléments cybernétiques n'apportent pas qu'un simple enrobage électronique, ils imprègnent les titres et les rendent souvent immersifs, futuristes, comme "Incipit Futurum" ou "Divine Data
Corrupted" pour ne citer qu'eux. Et même si parfois certaines atmosphères blackish ne sont pas originales, la forte personnalité de
Khadaver permet de remonter la pente ("Bionic Industries").
Khadaver ne s'est pas contenté de nous offrir un clone de "New World
Disorder". Il est allé au delà, a amélioré ses compétences et est allé plus loin dans le développement de son concept. Le futur est toujours aussi sombre et impitoyable, mené par la bionique et des entités à l'intelligence supérieure. Ce "Exstinctio Mundi" livre donc dix morceaux efficaces et ne nous laisse aucun répit, sans même nous faire bénéficier d'une petite piste ambiante pour calmer les ardeurs. Un très bon album.
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