Liste des groupes Metal Atmosphérique Lied Expecting Somewhere

Mélancolie…solitude…sombre espérance à travers une poésie désenchantée d’un monde si simple à contempler. Il suffit d’ouvrir les yeux…
Dépression. Combien d’artistes se sont servi du monde pour isoler et créer leur catharsis profond ? Combien ont tenté d’alerter les foules en dénonçant une civilisation au bord du gouffre ? Combien ont sombré en prenant conscience qu’il n’y avait plus d’espoir…

Lorsque l’on écoute Lied ? et son premier ep "Expecting Somewhere", ils sembleraient que les marseillais n’y croient déjà plus tant en émane une profonde tristesse et une beauté vénéneuse. Visiblement inspirés par les grands prêtres de la nostalgie que son Anathema ou le My Dying Bride actuel, Lied ? s’évertue à créer un monde lent, mélancolique, à fleur de peau et aussi beau qu’il n’est sombre. La simple vision de la pochette très épurée mais quelque part envoutante et cruel du ep vous plonge instantanément dans un monde en noir et blanc, là où la couleur ne semble plus filtré par vos yeux.
Ressemblant bien souvent à un Ellipsis qui se serait calmé dans sa folie expérimentale, les marseillais dégagent des sensations non pas inédites mais à la sincérité des plus touchantes, des plus viscérales, malgré des fautes de gout liés à une jeunesse encore probablement un peu fougueuse. A commencer par Chris Franco, parfois d’une justesse remarquable ("It Ain’t Life"), parfois complètement hors de propos, comme en total déphasage vis-à-vis de la musique, en plus d’être d’une justesse technique plus que limite ("New Days"). En revanche, il excelle dans un "Americarms" où il dévoile toutes ses capacités les plus extravagantes, ne se laissant aucune limite, malgré un timbre encore en quête de complète personnalité.

Musicalement, c’est dans un certain minimalisme que le groupe se retrouve, basé sur des arpèges légers, reposants, sensibles et beaux et une base rythmique souvent fragile et sensuelle ; particulièrement sur le jeu de basse, très mise en avant dans le mix.
"The World She Is Living In" surprend en final de ce premier mini-album par sa teinte fortement pop et hypnotique, languissante mais captant l’esprit intensément de par ses leads mélodiques magnifiques bien que très simples mais…si beaux. Néanmoins, encore une fois, c’est peut-être vocalement que l’ambiance est gâchée, non pas que Chris chante mal mais plutôt qu’il ne semble pas fusionner avec l’ensemble musical.
A cela s’ajoute invariablement un gros problème de production, très roots et « fait maison ». Procédé honorable et parfaitement compréhensible mais qui vient trancher le potentiel artistique d'"Expecting Somewhere" en lui conférant un aspect cru et bancal que la musique ne dégage pas telle qu’elle. Car là où la musique se veut sensuelle, triste et humaine, la production ôte ces sensations pour lui conférer une vision froide et mécanique, notamment dans un son de batterie d’une platitude extrême et dans des guitares que l’on préfèrera plus acoustique (les plus beaux moments étant ceux là) que le maigre crachin électrique que la production daigne offrir à l’auditeur.

Certes, tout ces éléments sont parfaitement excusables et laissent tout de même un niveau général plus qu’acceptable pour un premier jet, une sincérité jamais remise en cause et surtout une attitude et une vision du spleen qui ne pourra qu’éclore à l’avenir. Finalement, c’est réellement le son qui handicape l’écoute et empêche le dépaysement complet, un simple problème de dosage et de moyens pour pouvoir complètement émouvoir son auditeur…Lied ? en est probablement capable…l’avenir nous dira si une meilleure production et une plus grande maitrise vocale, peut-être plus ciblée et moins psychédélique par moment, fera des marseillais un groupe capable de tutoyer les sommets de ses groupes favoris…l’avenir est en leurs mains