Liste des groupes Metal Alternatif Exoaura Exoaura

Parmi les rares groupes metal alternatif à chant féminin américains actuels s'illustre ce duo originaire de Spokane (Washington), officiellement créé en 2016 mais qui, depuis 2004, n'a eu de cesse de composer et de se produire sur la scène locale. Dorénavant, plus mûrs et déterminés aujourd'hui qu'hier, Lindsey Church (parolière, frontwoman, pianiste et arrangeuse) et son compère Adam Ingram (guitariste, bassiste, batteur et programmeur), ont élevé le niveau de leurs exigences, souhaitant dès lors s'affranchir des frontières par trop restrictives de leur Etat pour tenter d'embrasser une carrière à l'international. Et ce, à l'instar de cet initial EP éponyme de 6 titres (dont un titre remixé) égrainés sur un parcours auditif de 27 minutes, à la production plutôt soignée mais non aseptisée. Ce précieux sésame inspiré, entre autres, par A Perfect Circle, Tool, Plini, Lacuna Coil, The Gathring, leur ouvrira-t-il les portes de cette terre promise ?

Le combo étasunien marque ses premiers eu égard à ses passages progressifs. A commencer par le semi-instrumental d'ouverture à mi-chemin entre A Perfect Circle et Xandria (première période), « Wake », nous menant en d'orientalisantes et séduisantes contrées. Et ce, sur fond de lignes mélodiques tout en nuances, dans une atmosphère éthérée et sous l'impulsion d'un sitar indien. La magie opère d'autant plus que l'espace percussif s'épaissit et que la cadence s'accélère au fur et à mesure de l'élévation des célestes et envoûtantes vocalises de la sirène. Ballade progressive aux relents soul, « Reverence », pour sa part, se pose comme un instant privilégié harmonisant grâce des harmoniques et subtilité des arrangements, et où évoluent les sensuelles patines oratoires de la maîtresse de cérémonie. Bien qu'un poil convenue, la ligne mélodique s'avère apte à recueillir l'adhésion, notamment sur un refrain ronronnant qu'on ne quitte qu'à regret.

Dans une visée rock'n'metal atmosphérique gothique, le duo ne s'est pas montré plus maladroit, loin s'en faut. Entraînant titre aux riffs ondulants et à la lead guitare en suspension, et non sans rappeler un Lacuna Coil des premiers émois, le mid tempo « Infamy » ne lâchera pas le chaland d'un iota. Délivrant un refrain immersif à souhait mis en exergue par les cristallines inflexions de la belle et réservant une stupéfiante montée en puissance, cet instant privilégié se pare en prime d'enveloppantes nappes synthétiques, comme pour nous intimer de rester rivés aux accords enchanteurs du propos jusqu'à la note ultime. Dans cette veine, sur une rythmique syncopée, dans la lignée de We Are The Fallen, avec une touche de The Birthday Massacre, l'énigmatique et cadencé « Ambit » se dote également d'un flow rapeux et d'un groove haletant. Flirtant avec divers courants d'influence, nécessitant quelques passages pour le dompter, le méfait intrigue par l'étrange ballet qui se joue, mais jamais ne nous désarçonne.

Dans une tout autre ambiance, sur deux modes différents, et non sans originalité, la troupe nous fait voyager à travers le temps, d'une part, et l'espace, de l'autre. Ainsi, mystérieux low tempo aux faux airs de cabaret, dans la lignée de The Gathering avec un zeste de A Perfect Circle, « Siren » joue sur les variations atmosphériques et les fines modulations de la déesse pour tenter de nous rallier à sa cause. Entreprise couronnée de succès au bout de plusieurs passages circonstanciés. En outre, une version aux arrangements orientalisants, plus langoureuse et suave que l'originale, nous est octroyée. Ce faisant, celle-ci nous offre un regard alternatif et non dénué de charme, que l'on suit sans jambage jusqu'au terme de l'offrande.

Au terme de l'écoute de la menue et singulière galette, force est de reconnaître la féconde inspiration et la maturité compositionnelle de ses auteurs. Aussi, un potentiel technique et mélodique s'esquisse déjà à l'aune de ce sensuel et original message musical, à confirmer par le truchement d'un album full length. Certes, quelques finitions se révèlent lacunaires et un manque de diversité vocale se fait sentir. On aurait également souhaité quelques cheminements mélodiques plus oscillatoires et moins d'accords flottants. Cependant, l'amateur de leurs sources d'influences y trouvera matière à se sustenter, à condition toutefois de ne pas succomber à la tentation de la comparaison. Affaire à suivre...