Nom de matricule :
Tujarot. Pays d’origine : Slovaquie. Année de formation :
2012. Style de prédilection : black metal. Line-Up : V. (chant et basse), A. (chant et guitare) et M. (batterie). Vous l’aurez compris,
Tujarot n‘est pas un combo très reconnu et fait partie de ces milliers de formations anonymes qui pullulent dans l’underground.
Pourtant, le trio a réussi à taper dans l’oreille d‘Iron Bonehead, qui réédite tel quel en juin 2018 le premier album autoproduit du groupe initialement tiré à 39 exemplaires uniquement. Et à n’en pas douter, le label a eu le nez creux, même si ce premier jet est loin d’être parfait.
Existencialista se compose de trois long titres pour un total de presque 35 minutes de musique. Le combo slovaque n’officie pas dans un black metal très original, mais il parvient à imposer une ambiance noire, incantatoire et presque ritualiste avec un metal à première vue assez minimaliste. C’est que les titres font tourner longuement les mêmes riffs en des boucles hypnotiques, amenant intelligemment de légères variations mélodiques ou de judicieux changements de tempo au moment opportun. Le chant black, très criard, lointain et largement noyé dans le mixage, parfois renforcé par un raclement de gorge plus guttural, sonne plus comme un instrument à part entière, renforçant la noirceur et le côté occulte de l’ensemble, tandis que les riffs de guitare, relativement communs mais efficaces, sont joués avec une conviction qui force le respect et finissent par nous emporter. Les musiciens n’hésitent pas à privilégier un blast rapide qui ajoute cette intensité essentielle au style, d’ailleurs le batteur varie pas mal son jeu, alternant martelage intensif et moments plus calmes, et proposant des descentes de tom bien placées qui font leur petit effet.
Bien sûr, le son joue également un rôle important dans l’impact émotionnel de l’EP, avec cette forte saturation typique du style mais néanmoins assez net pour bien faire ressortir tous les instruments, dont une basse bourdonnante que l’on ressent presque plus qu’on ne l'’entend et qui nous plonge la tête la première dans les abysses.
Aucun clavier pour
Tujarot, qui réussit donc le pari de nous emporter à la seule force des instruments traditionnels dans ce chas sonore si envoûtant grâce à un son adapté et à des compos inspirées, l'excellent Uranos en tête. Exitencialista dégage indubitablement cette aura si unique, à la fois noire, sauvage, malsaine, spirituelle et belle, ceci dit, on ressort de l’écoute avec un sentiment mitigé.
En premier lieu, l’ensemble est bien trop court, avec à peine 35 petites minutes seulement, parmi lesquelles il faut compter le « break » ambiant de Dryada qui s’étale sur plus de quatre minutes de quasi silence (d’ailleurs, la reprise mélodique est certes sympathique, mais ne mérite pas franchement l’attente). Il y a aussi la transition ratée de ce même morceau (cette sorte de riff proto death bancal et pataud qui, à 2,18 minutes vient entacher l’ambiance d’un titre, qui évoluait jusqu’alors dans un black prenant et habité), et d'une manière générale, malgré une courte durée, le tout tire parfois en longueur et se fait un peu répétitif dans ses riffs et ses structures (Hesperidské Nymfy), car pas assez fouillé et travaillé.
Pour conclure,
Existencialista est un bon premier jet et constitue une très bonne surprise, révélant un groupe totalement inconnu fort d’un potentiel impressionnant.
Tujarot évolue avec aisance entre true black et black atmosphérique, délivre une ambiance oppressante et propose une musique authentique et habitée, bien qu’encore largement perfectible. On attend donc déjà avec impatience le deuxième album, en espérant que le trio proposera quelque chose d’un peu plus consistant et soignera mieux ses transitions. Vivement la suite !
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