Les Brésiliens de
Tribuzy, en sortant un album de Heavy Speed
Metal d’inspiration européenne, avaient créé la sensation au cœur d’un vieux continent pourtant coutumiers, pour ne pas dire saturé, de ce genre de production. Cet
Execution aurait pu, et aurait dû, agoniser dans les abîmes de l’oubli tant son contenue manquait de cette inspiration créatrice qui donne à une œuvre son caractère sinon unique, tout au moins attachant. Car, en effet, chaque titre coupable y dévoilait une hérédité dans laquelle on pouvait, sans mal, reconnaître tous les traits bien trop évidents de parents influents (
Judas Priest,
Primal Fear, Cage,
Centurion). Le talent y était, certes, très présent, mais l’imagination totalement absente et seul le concours de quelques prestigieux invités, donnant lieu à quelques duos délectables, aura élevé un ensemble bien moyen (On pouvait y entendre notamment
Bruce Dickinson,
Michael Kiske,
Ralf Scheepers, Matt
Sinner, Roy Z,
Kiko Loureiro,
Roland Grapow).
Deux ans plus tard, c’est sous la forme d’un album live enregistré en ces terres brésilienne, à Sao Paulo, et intitulé
Execution Live Reunion, que
Tribuzy tente de revenir sur le devant de la scène. On peut légitimement s’interroger sur l’intérêt d’un tel procédé. Surtout aussi prématurément. Et ce d’autant plus que ce manifeste contient essentiellement l’ensemble des morceaux déjà entendu sur
Execution, simplement agrémenté d’un titre supplémentaires acoustique (The
Means). On se réjouira cependant d’y retrouver certains des illustres convives venus prêtés main forte sur l’album studio.
Dès les premières mesures d’un belliqueux
Aggressive, l’embarras nous étreint pourtant. Le temps ici semble, en effet, être resté figé en des heures où
Judas Priest, ou encore
Primal Fear, régnait en maître. Le propos de
Tribuzy, et comment pourrait-il en être autrement, demeure, assurément, emprisonné au cœur d’une réalité alternative dans laquelle les concepts d’originalités lui semblent toujours aussi dérisoires. Bien évidemment l’auditoire acquis, mais aussi cette adrénaline liée à l’excitation de la scène, parviennent, tout de même, à faire naitre une ferveur communicative qui confère à ces pistes un regain d’intérêt mais qui n’arrive pas, au final, à les rendre suffisamment convaincantes pour faire de ce groupe une référence. Cette délicieuse exaltation n’est donc, somme toute, qu’un remarquable vernis impuissant à dissimuler totalement les lacunes de ces chansons. Le manque de personnalité de
Tribuzy demeure donc un problème apparemment récurrent. Récurrent et insoluble.
Notons, tout de même, que l’enthousiasme, déjà évoqué, du groupe met en relief l’aspect le plus nerveux, presque Thrash, de ces compositions. Au-delà de ce fait, les qualités, et les défauts, de ce disque restent, globalement, les mêmes que ceux de son prédécesseur. Encore une fois, au chapitre de la créativité, cet opus demeure donc hautement dispensable alors que concernant le talent, il déborde de vertus.
Evoquons maintenant plus précisément quelques-unes de ses plages. Parlons, tout d’abord, de la version live de
Beast in the Light, remarquable dialogue entre
Bruce Dickinson et Renato
Tribuzy, qui confirme l’excellente impression qu’il nous fit ressentir lors de son écoute dans sa version studio. La voix d’Iron Maiden y justifie, avec une facilité déconcertante, son statut de chanteur culte, volant même la vedette à un Renato instinctivement occupé à reproduire les intonations d’un Rob
Halford ou d’un
Ralf Scheepers. Parlons ensuite d’
Absolution sur lequel
Ralf Scheepers vient, avantageusement, remplacé
Michael Kiske. Parlons aussi de The Nature of
Evil, reprise de
Sinner issu de l’album du même nom, où Matt
Sinner vient, un peu maladroitement, supplée Renato au chant. Parlons pour finir de The Mean, ballade acoustique, dont la seule faculté attachante consiste à nous offrir une respiration salutaire après une telle débauche d’énergie. Ce titre nous permet aussi de voir un potentiel plus nuancé concernant ce groupe, ce qui est, peut-être, de bon augure pour une éventuelle suite qui, à ce jour, semble compromise.
Quoi qu’il en soit, si le conformisme européen n’est pas une entrave pour l’auditeur, et pour peu que les ressemblances ne le gène guère, alors il trouvera ici, sans aucun doute, plaisir à partager ces instants avec ces natifs de la terre de braise. Toutefois le talent ne suffit pas nécessairement et, nul doute, que sur un chemin aussi conservateur,
Tribuzy aura bien du mal à s’imposer sur la durée.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire