Liste des groupes Death Metal Cerebral Rot (USA-2) Excretion of Mortality

Depuis ma découverte du cinéma d'horreur, j'ai toujours eu une attirance certaine pour le gore et le côté malsain de nombreux films du genre que j'ai pu regarder. C'est aussi ce penchant qui a façonné, d'une certaine manière, ma passion pour le Death Metal. Il est certain que les visuels de Vince Locke oun d'Ed Repka ont su capter mon attention avant même d'avoir entendu la moindre note de Death ou Cannibal Corpse.

Mais, et hélas souvent, l'utilisation d'un excès gore sert à masquer la pauvreté scénaristique ou musicale. Pléthore sont les albums moyens voire mauvais disposant d'un visuel gore à souhait (souvent plus réussi que le contenu). Il arrive aussi qu'un artwork ne reflète pas vraiment l'atmosphère déployée par un groupe le long des morceaux.

C'est mon ressenti à l'écoute de ce 2ème album de Cerebral Rot, formation américaine formée en 2016 à Seattle. Déjà responsable du remarqué "Odious Descent into Decay", premier album paru en 2019 chez 20 Buck Spin, les voici de retour en 2021 avec l'attendu "Excretion of Mortality" en 2021, toujours pour la même crèmerie.
L'artwork, comme pour leur premier full-lenght, est à nouveau signé Karina Monzon, graphiste-tatoueuse au talent certain. Car si le dessin très gore et quelque peu naïf est plutôt réussi, il aurait mieux sied à un groupe de brutal death comme Gorgasm ou Impure Violation.

Musicalement, Cerebral Rot est toujours friand des riffs plombés et tordus, le tout baignant dans une ambiance poisseuse et malodorante. La paire de guitaristes (Clyle Lindstrom et Ian Schwab) enchevêtre lignes mélodiques et gros accords, avec un penchant palpable pour la répétition hypnotique de certains motifs ("Excretion of Mortality", "Spewing Purulence"). La basse relativement discrète de Zach Nell sert d'assise rampante comme sur "Drowned in Malodor" ou "Bowels of Decrepitude". Aussi à l'aise dans les parties lourdes que dans les accélérations soudaines, Drew O'bryant se sert de son bagage technique pour agrémenter son jeu de batterie de contre-temps et de descentes de toms du plus bel effet. Le growl de Ian Schwab est à l'aune de la qualité présentée, gras et assez articulé, avec une touche caverneuse qui le distingue bien.

Sans différence vraiment notable avec le premier album, Cerebral Rot poursuit son exploration du style en s'enfonçant plus profondément dans la décrépitude. D'une longueur conséquente (le plus court dure 5 mn), les 7 titres offrent au groupe le loisir d'apporter, durant les 47 mn, des variations recherchées comme sur "Retching Innards", surprenante d'inventivité. Il faut préciser également que cet album déploie ses richesses au fil des écoutes, tant il est truffé de détails pertinents.
Et pour enfoncer la vis plus loin dans le cerveau du deasther conquis, les bougres balancent l'énorme "Crowning The Disgustulent (Breed of repugnance") et ses 11 minutes qui passent crème. On navigue d'une intro angoissante à ces fameux riffs en boucle, en passant par des plans lourds et des soubresauts de violence intempestive, pour ressortir lessivé et ravi.

On sent évidemment l'influence de grands maîtres du death lourd et/ou sale (Incantation, Cianide, Carcass des débuts) mais Cerebral Rot développe ici une signature sonore bien personnelle. Des louanges peuvent être aussi adressées pour le travail de Detto et de Dan Lowndes (enregistrement-mixage et mastering) pour avoir offert au groupe cet écrin crasseux à souhait, tout en étant d'un équilibre bluffant.

Donc, même si l'artwork peut surprendre tout en restant dans les standards du death metal, il ne doit pas occulter la grande richesse de ce "Excretion of Mortality". 20 Buck Spin a la main heureuse ces dernières années avec ses signatures (Tomb Mol, Ossuarium ...) et ce 2ème album de Cerebral Rot corrobore parfaitement ce fait. Un album qui mérite d'être soutenu (et acheté !!!) et qui devrait ravir nombre de deathsters ici présents et ailleurs.