En cette année 1992 assez chargée, le label
Drowned Productions édite cinq albums, pour le compte de
Necrophiliac,
Unbounded Terror,
Demigod et
Purtenance, en ajoutant le split partagé par
Altar et
Cartilage, autant de réalisations qui atteindront quinze années plus tard des prix incroyables sur les marketplaces du web. Le split-album est quant à lui la juxtaposition de deux groupes de nationalité différentes, cependant tous deux scandinaves et pratiquant chacun un deathmetal rugueux, donnant au final un disque assez homogène.
Formé en 1990 non loin d’Örebro en Suède,
Altar enregistre sa première démo en août 1991 (No
Flesh Shall Be Spared) sous la houlette de Dan
Swanö au Gorysound Studio, lieu modeste ayant mis en boite à cette époque une vingtaine d’EP et démos pour plusieurs formations suédoises (
Marduk,
Gorement ou
Darkified), avant une mutation en Unisound Studio lorsque notre ingénieur du son se professionnalisera davantage. C’est au même endroit, sur une console huit pistes, durant quatre journées de juillet 1992, que le trio suédois immortalise Ex Oblivione pour les besoins du split-album. Le groupe y boucle cinq morceaux, tandis que Severed on the
Attic et No
Flesh Shall Be Spared, deux titres remixés de la demo-tape de 1991 (issue également des Gorysound Studios) sont ajoutés en bonus sur la version CD. Bien en place, rugueux & caverneux à souhait, calé entre Liers in Wait et le vieux
Therion, le deathmetal de la formation ne possède en revanche rien de foncièrement original, malgré quelques nappes de claviers (de
Swanö) ou guitares acoustiques timides, censées apporter plus de densité. Malgré une interprétation assez solide, les morceaux restent ternis par une production mince, avec un son de batterie manquant de consistance, et des guitares privées d’incision.
Fondé à peu près au même moment et originaire de Vassa en Finlande, au bord de la mer Baltique,
Cartilage compte quant à lui deux démos au compteur lorsqu’il enregistre The Fragile Concept of Affection pour le split-album, capturé en mars / avril 1992 dans un petit studio local muni d’une console huit pistes analogique. Le quintette immortalise pas moins de sept titres pour plus d’une demi-heure gravée sur CD, les morceaux The
Altar et
Ether Depression passant quant à eux à la trappe sur LP. Si les compositions de
Cartilage renferment globalement des riffs & leads plus aboutis, à l’image du bon
Afterlife Sorrow, ou encore de Blessing
Depths à l’ambiance originale créée par une basse et un clavier plus présents, qui supportent une voix en narration. Malheureusement
Cartilage se heurte lui-aussi à une production étriquée, privant les morceaux d’une meilleure dimension.
Chez
Drowned Productions, tandis que
Demigod s’impose avec un premier disque idéalement capturé par Ahti Kortelainen, et que
Purtenance loupe son entrée avec un album plutôt bancal, le split caverneux d’
Altar &
Cartilage manque d’un son à la hauteur, plus proche d'une demo-tape que d'un album. Cependant, sans révolutionner le style, nos deux formations assez proches dans le fond et la forme se complètent idéalement sur ce split, et n’en restent pas moins authentiques & révélatrices de cette scène scandinave jeune & bouillonnante. A titre personnel, c'est en tout cas un split-album que je ressors toujours avec grand plaisir, particulièrement la partie de
Cartilage (au 'caractéristiques' si 'finlandaises' de l'époque).
Fabien.
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