Ex Nihilo in Nihilum est le deuxième album des Tchèques de
Et Moriemur, sorti en novembre 2014 chez le label russe
Solitude Productions, soit trois ans après
Cupio Dissolvi, leur premier opus.
La musique pratiquée par les musiciens pragois est un
Doom Death mélancolique et raffiné, jouant volontiers sur les alternances en passages typés
Doom (en parlant de cela on citera au passage le très typé début de "Dissolving") et séquences plus légères, que celles-ci soient en intro, en outro ou en interlude. Souvent calmes et apaisés, les morceaux basculent également assez souvent dans des séquences plus rythmées, quoique gardant toujours une certaine retenue, ne leur retirant par pour autant tout intérêt. Certains titres bénéficient ainsi de montées en intensité de toute beauté, véritables points d'orgue jouant un grand rôle dans l'intérêt de l'album - on pourrait ainsi citer le splendide final de "Norwegian
Mist", ou bien celui de "Le Choix".
Par ailleurs certaines séquences lentes à souhait (l'introduction de "Liebeslied" en est un excellent exemple) viennent régulièrement apporter des touches plus purement et profondément dépressives jouant agréablement avec la mélancolie plus douce présentée sur la majeure partie de l'album.
De manière plus générale, la gestion du rythme est assez intéressante, notamment de par sa capacité à bien mettre en avant les différents atouts et la personnalité de l'album.
Un trait important de la personnalité de l'album à noter est l'usage dans les textes d'extraits d’œuvres d'auteurs tels que Samuel Beckett ou
Marina Tsvetaeva, disséminés au sein des morceaux. Le résultat est intéressant: outre l'intérêt apporté par la variété de langages utilisés (ceux-ci sont au nombre de sept, tout de même), ce procédé renforce l'aspect finalement très poétique (au sens premier du terme: qui concerne la poésie) de l'ensemble. Cela est en outre accentué par l'utilisation très importante tout au long de l'album de passages "parlés", déclamés ou murmurés, qui mettent plus en valeur les textes que ne le ferait du chant. Les prétentions littéraires du groupe y gagnent donc beaucoup, ainsi que l'atmosphère de l'album.
Outre cela le chant est essentiellement constitué d'un growl de bonne qualité et s'intégrant bien aux instruments.
Les arrangements au clavier jouent également un rôle important, allant de la calme et mélancolique solennité apportée par les chœurs sur "Sea of
Trees", aux orgues de "Dissolving", en passant par les subtiles notes de piano de "Liebeslied" et par les cordes de "Black
Mountain", long titre de plus de seize minutes terminant l'album (si l'on excepte la courte piste "Below") enchaînant les séquences diverses avec plus ou moins de bonheur, et souffrant parfois de quelques longueurs.
On pourrait par ailleurs reprocher à l'occasion à ce
Ex Nihilo in Nihilum quelques mélodies un peu faciles, ou bien quelques arrangements de cordes moins subtils que la moyenne de l'album. Rien de bien grave cela étant, et les personnes appréciant le genre de personnalité musicale dont fait preuve ici la formation tchèque devraient être satisfaites de ce deuxième album.
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