Après un long silence de près de 5 ans, depuis la sortie du controversé
The Open Door, le groupe de la charismatique Amy Lee sort enfin de son mutisme avec un nouvel album sobrement intitulé "
Evanescence". Adulé ou détesté, le groupe a, depuis ses débuts hésitants sur
Origin et la reconnaissance commerciale de
Fallen, suscité bon nombre de réactions diamétralement opposées et s'est forgé une réputation généralement négative, qu'elle concerne la musique très calibrée du combo ou la personnalité (et la voix) de sa frontwoman. Assailli par les critiques et les fans hystériques,
Evanescence est un groupe qui se place toujours sous l'angle du paradoxe : cela se ressent dans sa démarche artistique qui, malgré une (trop ?) grande accessibilité, est marquée par une constante remise en question et des albums qui, quoi qu'on en dise, se suivent sans se ressembler. Tout le monde connaît l'histoire mouvementée du combo : après la sortie de
Fallen, le groupe explose, voit le départ de deux de ses membres fondateurs, à savoir
Ben Moody et David Hodges, et part sur de nouvelles bases avec
The Open Door, album beaucoup plus personnel et marqué par un style plus recherché, innovant et déstabilisant pour les inconditionnels de
Fallen. Après de nombreuses années d'incertitude, son successeur voit enfin le jour : l'attente fut longue, mais la récompense est de taille.
Evanescence : un titre qui ne pouvait être plus révélateur. Loin d'un quelconque manque d'inspiration, il est le symbole d'une volonté affirmée par le groupe de signer un album incarnant l'essence même de ce qu'est sa musique. Pourtant, cela ne signifie pas un retour en arrière, mais bien un nouveau départ : il s'agit d'un subtil mélange de toutes les influences présentes sur les anciens albums, et ceci dans une galette où les tubes se succèdent à un rythme infernal, étant donné qu'aucun des titres ne dépasse les 5 minutes. L'aspect extérieur de la pochette n'est, quant à lui, pas du tout attirant : d'une banalité affligeante, il est de plus esthétiquement très pauvre et le dégradé de couleurs ne porte en lui ni beauté, ni symbolisme. L'écoute commence donc par un a-priori négatif : mais la déception est de courte durée.
Inutile de dire que ces chansons ne permettrons pas à
Evanescence d'acquérir un nouveau public : tout ce qui a fait le succès du groupe y est rassemblé, à savoir une musique mélancolique, portée par la voix lyrique d'Amy Lee, et des paroles traitant essentiellement de la déception amoureuse.
Pas de véritable
Originalité, donc, au premier abord : mais si l'on y regarde de plus près, on remarque que l'album «
Evanescence » se démarque assez nettement de ses prédécesseurs sur un plan purement musical. Cela n'est, finalement, pas si étonnant : repartant une nouvelle fois avec un line-up totalement remodelé, Amy Lee évite l'écueil de la redite en donnant à la musique du groupe un nouveau souffle, incarné par la présence énergique du batteur
Will Hunt (
Black Label Society,
Dark New Day, ex-Static X). Celui-ci effectue en effet un travail remarquable tout au long de l'album : si la rythmique des guitares reste plutôt simple, le jeu de batterie est, lui, beaucoup plus recherché et évite aux chansons d'être trop linéaires. Il permet aussi de donner un rythme non négligeable aux compositions, chose qui manquait certainement sur les précédentes réalisations du combo. Les guitares sont également plus affirmées, avec des rythmiques typiquement néo-métal : les couplets de «
What You Want » ou « The Other Side » rappellent, par exemple, le jeu de
Korn.
Toutefois, l'ensemble réserve bon nombre de surprises : on remarque un relatif retour à la période
Fallen sur des chansons comme « Oceans », où l'alternance traditionnelle couplet-refrains se révèle toujours aussi accrocheuse. Mais certains titres rappellent également
The Open Door, à l'image de «
End of A
Dream », où l'on retrouve l'atmosphère mélancolique et lancinante du précédent opus. Les titres, sans être révolutionnaires, allient parfaitement accessibilité et recherche : "The Change", par exemple, est sans doute l'un des titres les plus marquants de l'album car il commence sur un couplet étrange, où les guitares jouent à l'étouffée, et continue sur un crescendo aboutissant sur un refrain lyrique des plus séduisants. On voit, enfin, l'apparition de rythmes totalement nouveaux pour le groupe, à l'instar du couplet de "
Never Go Back" où la ligne rythmique de guitare est à la fois « thrashy » et rapide. Dans son ensemble, l'album surprend et rassure à la fois : les fans ne seront pas déstabilisés et retrouveront tout ce qu'ils ont pu aimer dans la musique du groupe, à savoir un concentré de tubes qui reste dans la tête sans en ressortir.
L'ensemble, à l'évidence, est très calibré pour la radio : la veine "easy-listening" est même renforcée dans ce disque, les titres étant bien plus direct que sur
The Open Door. C'est cette trop grande uniformité de longueur et de construction qui est le principal défaut de l'album : le couplet de «
What You Want » est très vite énervant par l'intonation très pop et répétitive adoptée par la chanteuse, tout comme la chanson « Sick » agace par sa simplicité et son manque d'inspiration. Cependant, le reste de l'album s'avère très bien pensé, et se conclue magnifiquement par l'ovni « Swimming
Home », titre intimiste à l'ambiance électro qui montre une Amy Lee à la voix radoucie et charmeuse.
Vous l'aurez compris, cette chronique est loin d'être parfaitement objective : étant un admirateur du groupe depuis ses débuts, cet album m'a fortement enthousiasmé, et je n'ai pu m'empêcher de souligner ses qualités en laissant, peut être, certains défauts de côté. Je suis pourtant convaincu que cet opus possède un réel potentiel artistique, car ici,
Evanescence est parvenue à une alchimie qui manque à beaucoup de groupe dits « commerciaux », à savoir la capacité de créer des tubes tout en y incorporant une personnalité artistique. Beaucoup ne seront pas d'accord avec moi, j'en suis conscient : mais je conclurais en affirmant que la principale qualité d'
Evanescence est justement de ne pas laisser indifférent, et que les avis contraires sont, depuis toujours, les alliés des artistes controversés.
J'étais très sceptique à la sortie de l'album, d'ailleurs j'ai refusé de l'écouter jusqu'à ce qu'un pote le passe en arrière fond dans son salon.
C'est pas mauvais, c'est beaucoup plus metal que Fallen sans dénaturer leur style du tout, ça se laisse écouter.
Toujours pas mon groupe préféré, mais ça consolera ceux qui ont été déçus par le dernier Within Temptation =p
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