Bon public en matière de deathmetal, le Japon ne compte en revanche durant la première période du style guère de formations s’étant exportées hors de ses frontières, exception faite de l’incontournable
SOB, qui oeuvre toutefois à l’époque dans une veine hardcore-grind bien plus proche des premiers albums de son frère spirituel
Napalm Death. Formé en 1989 et auteur de plusieurs démos & EP,
Transgressor compte justement parmi ces premiers groupes du soleil levant à conclure un deal avec un label européen, le jeune Cyber Music en 1992 pour l’occasion, écurie qui signera notamment une année plus tard les deathsters néerlandais de
Ceremony et
Dissect ou encore l’original & talentueux
Phlebotomized en 1995.
Transgressor n’officie toutefois pas dans un registre purement deathmetal, développant un penchant pour le doom assez prononcé. Les titres de son unique album
Ether for Scapegoat sont généralement longs et dégagent en effet une ambiance pesante, contrecarrée par des instants rapides & agressifs. Le titre Immense
Extinction débute par exemple sur des riffs lourds puis accélère la cadence le temps d’un passage dominé par les guitares incisives de Kimihide & Yoshio et le chant guttural grave de
Takashi, avant de plomber carrément le tout sur un tempo pachydermique et la voix du growler devenue plaintive, non sans rappeler le climat pesant de l’incontournable
Forest of
Equilibrium de
Cathedral.
Notre groupe nippon jongle ainsi habillement entre death & doom durant trois quarts d’heure, équilibrant remarquablement ses sept morceaux tout en privilégiant l’épaisseur de ses atmosphères. Si le titre
Disembodied reste l’un des plus agressifs malgré un sacré ralentissement en approchant de sa fin, les terribles Whiteness & Deathlife nous prennent quant à eux carrément aux tripes sur leur passage central d’une lourdeur oppressante, accompagné d’un clavier sombre légèrement en retrait et de guitares tout aussi torturées.
Idéalement représenté par la peinture d’Hans Memling (1471) plaçant le décor au milieu de l’enfer, illustration que les deathsters aguerris connaissent certainement à travers l’imparable Conquering the Throne d’
Hate Eternal paru sept années plus tard,
Ether for Scapegoat renferme une ambiance dense & lourde qui le démarque de nombreuses réalisations deathmetal de l’époque. La course à la vitesse n’a pas de sens chez
Transgressor, adepte d’un deathdoom particulièrement sombre calé quelque part entre
Winter et
Sorrow, nous lâchant une oeuvre personnelle qui, sans atteindre des sommets, est passée bien injustement inaperçue.
Fabien.
Et encore une tombe d'exhumée
Merci Fab
Quoiqu'il en soit, on a ici un death bien rampant, bien gras et sacrément lourd.
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