Etemen Ænka

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17/20
Nom du groupe Dvne
Nom de l'album Etemen Ænka
Type Album
Date de parution 19 Mars 2021
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album28

Tracklist

1.
 Enûma Eliš
 04:38
2.
 Towers
 09:05
3.
 Court of the Matriarch
 07:13
4.
 Weighing of the Heart
 03:05
5.
 Omega Severer
 09:42
6.
 Adræden
 03:13
7.
 Sì-XIV
 06:22
8.
 Mleccha
 08:09
9.
 Asphodel
 04:41
10.
 Satuya
 11:06

Durée totale : 01:07:14

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Dvne


Chronique @ JeanEdernDesecrator

02 Avril 2021

Une odyssée épique de lourdeur et de mystère

Dans la famille Sludge progressif, poursuivant le sillage du patriarche Mastodon, la lignée des descendants n'a rien à envier aux gènes glorieux de celui-ci. Qu'on parle de Baroness, de feu-Kruger, ou encore plus récemment de Barishi, les quelques noms qui ont creusé cette veine ont su ne pas singer le maître et montrer une vraie personnalité.
Dvne, groupe écossais fondé à Édimbourg par Daniel Barter (guitare, chant), Victor Vicart (guitare, chant), Dudley Tait (batterie), a connu divers line ups autour de ce noyau originel. Leur musique, un melting pot de doom, de rock progressif, de stoner et de sludge, s'est développée et enrichie sur trois EP, avant qu'ils sortent enfin un premier album. "Asheran", paru en 2017 chez Wasted State Records, avec ses tortueuses compositions à rallonge, repoussa ses frontières d'un coté vers un post rock psychédélique, de l'autre jusqu'au… black metal (mais sur un titre, n'en faisons pas une généralité). Depuis, le groupe a signé dans une grosse écurie, à savoir Metal Blade, pour un contrat de trois albums. Ainsi, le quintet a pu peaufiner son deuxième full length avec le producteur Graham Young, déjà à l'œuvre sur "Asheran".

Si en apparence les mêmes méthodes sont reconduites par rapport à leur premier album (morceaux longs, aspects progressifs,.. ), et que ce nouvel effort se situe dans sa continuité, avec "Etemen Ænka", les écossais prennent une nouvelle dimension. Dvne rentre enfin pleinement dans une phase d'exploration de son patronyme, de son univers. L'ajout significatif de claviers et de synthés enrichit les compositions, et immerge l'auditeur dans une atmosphère nimbée d'un futurisme chamanique.
Aussi, le titre énigmatique de l'album "Etemen Ænka", et certains titres de chansons ont été inventés, comme faisant partie d'un language mystérieux et imaginaire, dérivé des langues anglo saxonnes, nordiques, etc… et cela participe au dépaysement de l'auditeur, comme le faisait Frank Herbert avec ses lecteurs, avec les termes exotiques qui remplissaient la saga de Dune.
L'histoire qui sert de cadre à "Etemen Ænka" est centrée autour de tours gigantesques, sources de technologie et de pouvoir qui corrompent une civilisation futuriste. Par touches mélodiques ("Towers"), ou par nappes ambiantes , les arrangements au synthé d'Evelyn May et Victor sont savamment dosés pour enluminer la musique d'une aura sci-fi majestueuse. On pense à des films comme Blade Runner, et bien évidemment au "Dune" de David Lynch. Aussi, on trouve beaucoup de passages plutôt ambiants, et des débuts de morceaux en longs fade-in vaporeux.

Cet opus est une odyssée épique, avec de longues compositions qui dépassent souvent les huit minutes, elles mêmes introduites, mises en scène par des titres atmosphériques ("Weighing of the Heart" avec "Omega Severer", "le poussièreux "Adræden" avec "Si-XIV", et "Asphodel" avec "Satuya"). Cependant, Dvne n'oublie pas d'être rentre-dedans, avec les gros riffs menaçants de "Enûma Eliš", "Towers" ou "Si-XIV", ou des explosions de violence sludge qui parsèment les morceaux. En effet, le changement le plus radical concerne les guitares, dont le son s'est durci et métallisé. Même lorsqu'ils jouent à base d'arpèges de guitare claire ou crunch, la coloration et les types d'accords sont bien plus sombres et lourds. La six-cordes se taille la part du lion avec une belle densité (la superposition de guitares aériennes, diaphanes, réverbérées de "Court of the Matriarch"). L'influence de Mastodon, époque "Crack the Skye" se retrouve par moments dans le jeu de Victor et Dan, mais s'en distingue pour créer une touche unique et personnelle. La couleur rock ne reste présente que de manière épisodique, par exemple dans la batterie, avec cette utilisation de passages charley en double-croche ("Towers", "Si-XIV"), ou dans certaines parties psychédéliques aux guitares Floydiennes.

Le chant est reparti entre le français Victor Vicart pour les parties claires et les hurlements bio, et Daniel Tait pour les growls au bon goût de sanguette. Le timbre de Victor n'est pas sans rappeler celui de Daniel Tompkins (TesseracT), et joue de subtilité dans les aigus. Le contenu vocal est donc très riche, avec tantôt des contrepoints violents ("Omega Severer"), tantôt de belles harmonies. Cerise sur le gâteau, on a aussi quelques interventions de Lisa Robertson, chanteuse au registre habituellement classique, sur deux chansons, "Weighing of the Heart" et "Asphodel".

La production est dense, bien assise dans les bas médiums des guitares, qui sont bien mises en avant. La basse gonfle bien le son, et vient au premier plan de temps à autres (les tricotages astucieux sur "Mleccha"). Coté batterie, le son est efficace, avec parfois un coté tribal accentué sur les toms, tout à fait raccord avec le tableau brossé par le combo. Au final, c'est principalement le chant clair qui apporte de l'air et de l'ouverture au son du disque.

Il m'a fallu du temps pour adhérer à l'entièreté de l'album, eu égard à la longueur des morceaux, mais la fresque dressée par Dvne est fascinante pour qui veut bien faire l'effort de multiplier les écoutes. Le groupe sait aussi frapper fort et dégainer le riff qui tue, tout en ayant le souci constant d'apporter de la musicalité et une évolution narrative aux chansons. Tout au plus pourrait on regretter cet abus des longs fade in en ouverture des morceaux, d'autant plus qu'on sent le groupe à l'aise pour jouer avec la nuance, le rythme et l'intensité. Avec son deuxième album, Dvne a fait plus qu'une confirmation d'un talent évident, il montre qu'il a toutes les qualités pour s'imposer au pays des mastodontes.

3 Commentaires

10 J'aime

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krakoukass56 - 05 Avril 2021:

Yo, je crois que c'est l'ami Reverend13 qui avait mis en lumière ce groupe sur le fofo... Bonne chro comme d'hab, l'extrait est cool en prime, miam.

 

Klou - 06 Mai 2021:

Dès la première écoute, on sent un album exigeant mais qui se dévoile avec le temps, le prog comme je l'aime. 

vulkan78 - 31 Mai 2021:

Un album moins rentre dedans que le premier mais qui dévoile toute sa richesse au fil des nombreuses écoutes. Les influences sont plus nombreuses (Isis, Opeth etc) et celle de Mastodon est moins pregnante, l'identité propre de DVNE en sort renforcée. En bref, une merveille dont je ne me lasse pas. 

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