Paris Negative Hardcore doté d'un nihilisme envers et contre toute institution, et d'un gros majeur dans ta direction. Accusés d'être des nazis, des délinquants sexuels et je ne sais quoi d'autre. Pour ceux qui n'auront pas reconnu, il s'agit là du retour du monstre parigot
Kickback, n'en étant pas à son coup d'essai, puisqu'ils nous livrent là leur quatrième album en vingt ans d'existence (sans compter le mini
Les 150 Passions Meurtrières, très bon au passage).
Signalons deux choses sur leur discographie. D'abord, ces lascars n'ont sorti aucun album mauvais, ce qui est assez rare pour être signalé. Ensuite, ils n'ont pas fait deux albums qui se ressemblent. Parce que Stephen Bessac en a des idées dans la caboche, et, en plus de donner un souffle de fraîcheur à chaque nouvel album, il le fait très bien (ça aussi, de nos jours ça devient rare). Depuis le très teinté NYHC
Cornered sorti en 1995, la musique du groupe s'est intensifiée en provocation dérangeante, en violence, en brutalité. Leur label, GSR, et nous autres, ayant commandé la pre-order, en ont subi les conséquences, la sortie de ce nouvel opus,
Et le Diable Rit avec Nous, ayant dû être retardée car la société qui devait imprimer les livrets du nouvel album a refusé de le faire à cause de l'imagerie qu'elle contenait. Cela vous donnera une idée quant au ton employé par le groupe, déjà que le livret de
No Surrender était bien chargé.
L'arrivée de
Toxik H à la gratte du groupe
Arkhon Infaustus s'est fait ressentir sur
No Surrender, apportant à la musique de
Kickback une violence supplémentaire, et une légère teinte de Black
Metal, faisant de
Kickback un groupe unique.
Et le Diable Rit avec Nous était annoncé comme la suite logique de
No Surrender, et on n'en attendait pas mieux. Les deux morceaux postés sur Internet ont laissé des impressions mitigées auprès des fans, certains hurlaient déjà que le groupe s'essoufflait : fallait pas se fier aux apparences !
Pour être honnête, dire que cet opus est un pur album de Hardcore est assez difficile, on n'y retrouve que peu de points communs avec un groupe de Hardcore comme Terror ou
Biohazard. Cela risque de rebuter les purs fans de Hardcore et les fans du
Kickback de la fin des années 90, tant pis pour eux le groupe se fout totalement de savoir dans quel genre il joue! Preuve en est que l'auditeur se surprend à se demander s'il n'écoute pas du Black
Metal par moments, non seulement de par la présence de
Toxik H à la gratte, mais aussi par la production et par le riffing. Nous sommes bien loin des
Cornered et autres
Forever War. Il s'agit, à ce jour, de l'album le plus complexe et le moins accessible des Parisiens.
Parce qu'à l'écoute de ce
Kickback, les premiers mots qui viennent à l'esprit sont folie, destruction, dépravation. Tout comme à l'image de la pochette qui, à défaut d'être simpliste, est très évocatrice. Autant dire que même le dernier méfait du groupe,
No Surrender, est gentil à côté. L'attitude négative, l'imagerie et la musique du groupe forment un tout, et font surgir à la surface tout ce que l'être humain a de pire, de morbide et de sordide, dans un monde de bien-pensants qui voudraient nous faire croire qu'on vit au pays des bisounours. D'ailleurs, c'est à peu près ce qu'ils veulent nous faire comprendre.
Les morceaux ne font pas dans le compromis. Tantôt des déferlements de haine caractérisés par des gros murs de son, composés des hurlements de Stephen et des riffs de
Toxik H. Non, pas de blast-beat à tout va comme on peut en retrouver dans des branches de
Metal plus extrêmes, d'ailleurs c'est l'un des seuls points qui éloigne le groupe de cette étiquette (dont ils se défendent aussi). Mais peu importe :
Kickback, c'est
Kickback, et ils n'ont pas besoin de faire dans de l'ultra-technique ou d'insérer des blasts-beats de partout pour composer quelque chose qui poutre! Et lorsque les murs de son s'en vont, des atmosphères moins violentes s'installent, comme lorsque We Prowl They
Crawl débute. Sauf que moins violent ça ne veut pas dire plus calme, puisque vous ne ressentirez que de la peur. La peur de traverser une ruelle sordide de
Paris à deux heures du matin. Le groupe s'essaye même à insérer des passages plus mélodiques (que ce qu'ils ont fait jusqu'alors), comme le montre l'introduction de
Triumph and
Disgust très réussie. Cependant, n'allez pas non plus espérer que la musique du groupe s'encombre de solos : il n'y en a pas, il n'y en a jamais eu et on n'en a pas besoin !
La puissance de son est proche de celle de
No Surrender. Je précise pour ceux qui n'ont pas écouté
No Surrender que ce très bon méfait ne faisait pas dans le subtil et que la puissance sonore de cet album était énorme. Mais on peut sentir que sur
Et le Diable Rit avec Nous, le son a été davantage travaillé. C'est d'ailleurs ce son si particulier qui donne toute sa splendeur noire à cet opus. C'est puissant et c'est sale.
Les morceaux de ce nouvel opus sont courts et au nombre de huit, pour un total de vingt-cinq minutes sans compter les pistes bonus. D'ailleurs, c'est le seul défaut qu'on pourrait reprocher à cet album, qui a alors la même longueur que le mini-cd
Les 150 Passions Meurtrières. C'est court certes, mais vu la qualité du produit, on ne va pas se plaindre.
Cependant, il est intéressant de signaler que
Kickback ne se contente pas de rentrer dans le tas, et vomir son dégoût de l'espèce humaine sur un gros mur de son. Il innove et s'aventure dans de nouveaux terrains. Ainsi, cet album ne manque pas de surprises, à l'image de Weltanschauung (ndlr : "vision du monde" en français), morceau sans paroles, et débutant par des riffs assassins et dont vous ne ressortirez qu'anéantis, et qui terminera par vous plonger dans un mid-tempo plus oppressant qu'autre chose. Ou bien de Le Chant du Diable, morceau le plus sale et le plus déstructuré du disque et qui se termine sur des grésillements... Ou encore de passages plus mid-tempo, comme au beau milieu de Cavalcare la Tigre ou dans Stained II. Mais n'allez pas penser que
Kickback fout des passages comme ça pour vous permettre de souffler, ou pour vous démontrer qu'ils peuvent être gentils. Les passages qui semblent plus calmes n'ont pour seul effet d'accentuer le coup de poing américain que vous vous boufferez lorsque le monstre sortira ses griffes. Parce que ce groupe ne fait pas que vous frapper en face, il vous frappe également au moment où vous vous y attendez le moins.
Ce nouvel opus est le plus torturé de la discographie des Parisiens alors qu'il n'est pas le plus violent. Si ce que vous cherchez, c'est vous en prendre plein la tronche, le précédent opus est tout adapté.
Et le Diable Rit avec Nous ne se contente pas d'être un album violent. C'est aussi un album travaillé qui, en plus de vous en mettre également plein la gueule, vous fera traverser les états les plus maladifs. De la violence gratuite à la dépravation, sans oublier le malaise et jusqu'à la perte de tout espoir, de toute conviction, de toute morale et de valeurs à défendre. Le nihilisme à l'état pur.
Pour ceux qui ont eu ou qui auront la chance d'obtenir l'édition limitée, ils auront droit à deux covers bonus annoncées depuis longtemps. Le groupe et le label ont gardé secrète l'identité de ces covers. Certains s'attendaient déjà à des groupes comme
Bestial Warlust. Comme toujours avec
Kickback, on s'attendait à tout... Mais certainement pas à ça ! Une reprise du titre It's A
Burning Hell du groupe suédois de Noise-Rock Brainbombs. Ce morceau mis à la sauce du combo parisien pue la haine, est franchement addictif, et pourtant, il est composé de... Un seul riff assassin répété continuellement. La deuxième reprise vient du groupe Geto Boys, et de leur morceau Mind of A Lunatic. Geto Boys, groupe de rap aux paroles qui pourraient rappeler celles des 150 Passions Meurtrières du combo parisien. Du Rap mis à la sauce
Metal, autant dire que c'est pas commun, et il est surprenant d'entendre Stephen rapper en compagnie de guests comme Mike
Apocalypse. Aucun doute, ces deux covers sont à l'image de l'album tout entier : réussi. Et elles viennent remédier au problème de la longueur de l'album.
Même si le corps de cet album est court, il n'en reste pas moins excellent, et, évidemment, à ne pas mettre entre toutes les mains. Et je le redis, l'attitude négative, l'imagerie et la musique du groupe forment un tout qui rend l'ensemble beaucoup plus intéressant. Si vous vous contentez du téléchargement, vous ne pourrez pas saisir à 100% l'essence de ce groupe. Signalons que GSR a sorti, en même temps que cet album, une version vinyle de celui-ci ainsi que de
No Surrender, tout deux avec un livret inédit, et limités à 500 copies. Après, faites ce que vous voulez mais comme ils disent... "Order now or cry forever" !
Older
Colder
Stronger
Effectivement, je préfère également No Surrender qui est beaucoup plus direct dans le propos et dans la musique. Le clip de Sideshow, incontournable.
Pour le booklet, je te laisse la surprise de découvrir.
(mon commentaire est pauvre, je dois oublier des détails, mais là j'ai plus trop l'esprit pour réfléchir ...)
Ah, au fait, je ne l'ai précisé nulle part, mais il y a une erreur dans la tracklist : les deux pistes bonus, 9 et 10, sont inversées.
J'espère juste que si un Kickback voit le jour dans quelques années, il ne sera pas un Diapsiquir-like.
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