2011 est une année cruciale pour le cyber qui met en valeur une horde de jeunes groupes formés depuis peu. La concurrence devient donc bien rude, car même si le sous-genre n'a plus rien à prouver quant à son existence, il devient difficile de percer et de se démarquer dans ce milieu marginalisé.
Après avoir découvert tout une lignée de formations cyber « djent » metal telles que
Logical Terror ou
The Interbeing, l'Italie revient en force en cette fin d'année avec
Escape Through Decades en provenance de San Prospero. Ce petit combo s'adonnant à la pratique de reprises de
Machine Head et de Ill Niño a enfin trouvé le moment pour nous présenter sa première démo éponyme, auto produite et enregistrée par Giulio Gualtieri de LT.
Manque de moyen oblige, la démo ne jouit pas d'un son particulièrement bon. La musique semble curieusement compressée et peine à respirer, si bien qu'on croirait que certains instruments suffoquent par ce manque de place, dont les guitares, à la résonance pas très avantageuse. On perçoit tout de même leur tranchant et leur mélodie, malgré une certaine linéarité dans leur exécution, de même pour le rythme, qui peine à varier de titres en titres.
Hormis cela,
Escape Through Decades s'imprègne parfaitement d'une esthétique cyber certaine, les paroles et l'artwork montrant parfaitement la déchéance de l'humanité pervertie par les machines dans un monde futuriste et technologiquement avancé. En plus de cela, le quintet a réussi à avoir l'aide de Giovanni Grandi, un dj italien assez réputé par ses créations de sons cybernétiques. Ne vous y méprenez pas, rien de très « boîte de nuit » dans les compos, les sons électroniques sont seulement très recherchés et permettent en tout point de nous évader dans le concept attribué à cet opus. Rien que l'introduction et ces bruits robotiques/electro/cyber/froid/metalliques suffisent à eux seuls à évoquer l'univers aseptisé de
Escape Through Decades. Rien à dire de ce côté là.
Après, on se retrouve avec quatre titres assez courts et peu variés, souffrants d'une monotonie étonnante. Les rythmes sont souvent mid tempos et le jeu de batterie est souvent le même, une sorte de jeu accentué sur la double pédale. « Alice » par contre présente des changements intéressants, dont des accélérations, paradés de riffs maîtrisés.
Les titres s'enchaînent bien, parfois on n'a même pas forcément l'impression d'être passé de l'un à l'autre, et ce dû à un enchaînement impeccable. On peut cependant être désarçonnés par ce côté minimaliste, simple, peu recherché, tant dans les riffings que dans les parties chantés. Ces dernières comportent bien des inconvénients, la voix étant faible, en manque de puissance, d'hargne et de crédibilité. Sauf peut-être sur « Fade », glauque, cyber et pessimiste à souhait, où l'effet « blasé » de la voix couplé à un soupçon de growl et à des « choeurs » très étranges au refrain apportent un certain côté déshumanisé. Le rythme mécanique et les effets en arrière plan renforcent cette idée, alors qu'un « L.O.VE. », lui, mise tout sur la mélodie électronique du refrain, comme les expérimentations technoïdes de
Blood Stain Child.
Il est vraiment dommage que
Escape Through Decades ait raté de peu ce premier jet, le tout n'étant pas non plus ultra mauvais, mais la mauvaise production, les problèmes de son, de chant mais aussi la linéarité des rythmes et des riffs font de cette démo une démo minimaliste et en manque de concrétisation. Quelque chose d'approximatif, et peu facile à apprivoiser, mais malgré les nombreux défauts qui subsistent encore après de nombreuses écoutes, on peut arriver à y trouver une certaine force et un certain charme, si bien que l'écoute des cinq morceaux passe comme une lettre à la poste. Étrange qui plus est, le potentiel est sans doute caché quelque part et avec un peu plus de recul et de maturité, il est clair que
Escape Through Decades pourra faire beaucoup mieux pour la sortie d'un EP ou d'un full length. Affaire à suivre.
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