A l'instar d'illustres formations telles que
Bare Infinity ou
Elysion, la Grèce nous illumine désormais d'un autre astre solaire à l'aune de ce groupe déjà bien en phase avec le registre musical dont il se prévaut. D'inspiration symphonique, la petite troupe officie dans un metal progressif d'une intrigante souplesse féline et d'une mélodicité loin de laisser indifférent.
Ce valeureux quartet, mené par la talentueuse chanteuse Vicky Psarakis (
The Agonist), a auto-produit ce minimaliste premier EP de quatre titres.
Pas un de plus. Ainsi, seules dix-huit minutes de plages musicales seront disponibles pour nous permettre d'être, ou non, séduit. Ou du moins, pour nous permettre de nous faire une idée sur les aptitudes instrumentales et vocales du combo égéen. Que recèle donc cette œuvre à l'apparente sobriété?
D'une part, les compositions s'avèrent bien ficelées, sans encombres techniques, ni accords malhabiles. Ensuite, les arrangements nous invitent à une mise en musique agréable, sensible et bien inspirée. Quelques effets se déploient également mais sans ostentation. De son côté, la technicité instrumentale est au rendez-vous de nos attentes, évoluant dans un univers mélodique impactant. Avec des riffs qui, eux-mêmes rentrent les griffes, et une rythmique savamment domptée, on comprend qu'on va déambuler dans un bain orchestral aux doux remous. Sur le plan vocal, on n'est pas en reste, la diva sachant nous émouvoir à chacune des notes qu'elle délivre. Et ce, que ce soit sur les insatiables couplets ou les délicats refrains. Quelle est alors la teneur du message musical dispensé par le groupe ?
Parmi les quatre pierres précieuses, un diamant ressort, et ce, dans un style proprement progressif. Une fresque de près de sept minutes nous entraîne dans un espace instrumental invitant. C'est ainsi que l'entraînant "You Could", sur fond de riffs contrastés, distille des perles de pluie de notes au piano sous forme d'arpèges, ceux-ci s'infiltrant aisément dans nos pavillons alanguis. En parallèle, des couplets à la carapace harmonique solide sont servis par les somptueuses inflexions vocales de l'interprète. C'est précisément dans les médiums qu'elle situe son espace d'intervention, modulant finement sa voix et s'autorisant même quelques montées spectaculaires. C'est à mi-morceau que s'embrase l'orchestration avant un break bien amené. Ce dernier s'efface alors pour passer le relai à la dynamique vocale en reprise. Comment résister alors à l'irrésistible envie de remettre le couvert?
A moins que l'on préfère les rubis, à l'instar du saisissant "
Perpetual Dreamers". La qualité des enchaînements n'a d'égal que les variations de tonalité, le tout agrémenté par le caressant coup de pinceau vocal. Une rythmique de velours un tantinet syncopée se conjugue harmonieusement avec quelques notes aériennes au saxophone. On regrettera toutefois la brièveté de la piste qu'on aurait aimée plus largement développée.
Par ailleurs, de belles variations rythmiques parsèment l'émeraude "The Planet's
Cry" et permettent de rendre compte d'un habile jeu de batterie. Celui-ci se greffe sur des riffs ronronnants de guitare. De plus, une voix chaleureuse enrichie de choeurs partage de façon cohérente l'espace sonore avec une instrumentation couplant piano et guitare. Et ce, avant l'amorce d'un break opportun. C'est sur un joli délié au piano que s'achève en douceur cette piste délectable.
On ne saurait oublier le saphir qui n'est autre que l'entame de l'opus. Une introduction mystérieuse aux claviers laisse évoluer un monologue et une guitare fluide, avant de percevoir des aurores vocales au loin. Progressif, "Poetic
Injustice" nous immerge ainsi peu à peu au coeur d'un champ vocal lumineux et puissant, pour finir en apothéose. Dommage que la chute soit aussi brutale. Un peu court aussi pour tenir la distance face aux trois autres pépites.
On ressort de l'écoute de ce carré d'as plutôt ravi d'avoir pu écouter une suite de titres qui s'enchaînent sans heurts et dont la production est assez soignée dans l'ensemble. On aurait cependant souhaité quelques soli de guitare plus affirmés, davantage d'emphase orchestrale sur certains passages et peut-être quelques propositions stylistiques plus variées, compte tenu du registre dans lequel le groupe évolue. Mais, il s'agit déjà là d'une intéressante introduction, avec quelques petites erreurs de jeunesse certes, mais qui s'effaceront bien vite avec le temps. Toutefois, l'essentiel de ce que l'on peut espérer répond présent, tant les émotions sont touchées. Et cela, notamment sous l'impulsion de ces notes si précisément placées et délicieusement virevoltantes.
On conseillera cet album aux amateurs de metal et de rock à chant féminin, au sens large. Rappelons que les compositions sont éminemment accessibles, proprettes et rigoureuses. Elles s'offrent donc aisément à une écoute prolongée. En conséquence, le groupe peut tabler sur un auditorat plus étoffé qu'il ne l'est pour l'instant.
On aurait aimé une rallonge de pistes, inutile de le nier. Mais les qualités esthétiques et rythmiques de celles déjà présentes permettront de patienter jusqu'à la prochaine production. Un beau potentiel s'affirme déjà chez ce combo encore en début de parcours, on l'aura compris. A partir de cette ébauche, on attend simplement la confirmation de ce talent avec la création d'un album complet.
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