Entropia

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16/20
Nom du groupe Quadrus
Nom de l'album Entropia
Type Album
Date de parution Mars 2017
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album4

Tracklist

1.
 Astral Nova (Intro)
Ecouter03:15
2.
 Shadow Provision
Ecouter07:25
3.
 The Alpha Origin
Ecouter08:01
4.
 Sense of Matter
Ecouter05:19
5.
 Alternative Hypothesis (Interlude)
Ecouter02:35
6.
 Deceptive Projection
Ecouter06:40
7.
 Attribution Theory
Ecouter07:06
8.
 Aggression
Ecouter07:59
9.
 Entropia (The Final Chapter)
Ecouter18:00

Durée totale : 01:06:20

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Quadrus



Chronique @ ericb4

22 Avril 2018

Une introductive et solaire esquisse concoctée par le combo grec...

Depuis plus d'une décennie, la séculaire terre égéenne semble être devenue le berceau d'une prolifique scène metal symphonique à chant féminin ; scène courue par un nombre sans cesse croissant de formations locales, prêtes chacune à en découdre avec l'âpre concurrence que leur opposent leurs nombreux homologues européens. Aussi, après Bare Infinity, Elysion, Fallen Arise, et autres Meden Agan ou encore Jaded Star, ce sextet athénien vient à son tour tenter crânement sa chance, et non sans armes efficaces pour se défendre. Ce faisant, le collectif hellénique marcherait-il déjà sur les traces de ses illustres prédécesseurs ? Se poserait-il en challenger de poids face aux Elvellon, Sleeping Romance, Walk In Darkness ou encore Beyond The Black ?

Cofondé en 2014 par le guitariste, arrangeur et vocaliste John Galanakis et le guitariste Marios Konnaris, le projet s'est arc-bouté sur un travail de longue haleine en studio, le combo n'accouchant de son premier bébé, le présent « Entropia », que trois années plus tard. Pour la mise en voix, nos deux acolytes ont pu compter sur l'expérience et les talents conjugués de la parolière et soprano Alexandra Misailidou (Burning In Deception) et de l'expérimenté vocaliste Jon Soti (Floating Worlds, ex-Fallen Arise, ex-Crusade Of Steel...). Le corps instrumental, quant à lui, s'est enrichi de la présence du batteur Nikitas Mandolas (Bionic Origin, Floating Worlds, W.E.B.) et du bassiste John Sotirakis. De cette fraîche collaboration émane un concept album généreux de ses 66 minutes, sur lesquelles s'enchaînent sereinement neuf plantureuses pistes ; galette reposant sur un enregistrement de bonne facture, signé John, mais accusant parfois un léger sur-mixage de l'orchestration, dispensé par George Kratsas (Bionic Origin), fin guitariste invité pour l'occasion.

A la lumière de cet opus nous est conté le sempiternel et néanmoins complexe rapport entre l'homme et l'univers. A cet effet, finement réalisée par Virginia Kakava, la jaquette d'inspiration fantastique place l'homme face à lui-même, à ses contradictions, et à des questions existentielles qui n'ont eu de cesse de le tarauder depuis la nuit des temps : quel est le sens de notre vie sur Terre ? Comment tout a commencé ? Y aurait-il un espoir de rédemption ? Autant de questions dont les éléments de réponse ici contenus seront laissés à la libre appréciation de l'auditeur. Une symbolique forte, source de multiples interprétations, qui n'est pas sans rapport avec la large palette d'influences dont s'abreuve cette introductive offrande. On effeuille ainsi un propos metal mélodico-symphonique progressif, un brin cinématique, voire théâtral, incorporant quelques touches folk, djent et black. Aussi vogue-t-on allègrement entre les univers de Nightwish, Epica, Dream Theater, Lyriel, Symphony X et Wintersun. De quoi nous intimer d'aller y jeter une oreille attentive...


Pour preuve de son attachement aux pièces cinématiques, la bande des six livre de classiques mais saisissants instrumentaux. Ainsi, dans une ambiance futuriste digne d'un Star Wars de la dernière cuvée, la cinématique et progressive entame semi-instrumentale « Astral Nova (Intro) » ouvre le bal, offrant une parfaite symbiose entre d'enveloppantes nappes synthétiques et un angélique récitatif féminin semblant tout droit venu des confins de l'univers. Exercice classique du genre, où cette première esquisse d'inspiration nightwishienne laisse sonner les tambours et s'enrichit d'une frissonnante muraille de choeurs. On comprend dès lors que le combo met déjà sérieusement le pied à l'étrier, l'ardent désir de poursuivre notre traversée spatiale nous gagnant dès les premières mesures. D'autre part, jouant les opportuns interludes à mi-parcours de notre périple, « Alternative Hypothesis » témoigne lui aussi d'arrangements de fort bon aloi et d'une belle gradation du corps orchestral. Mais le spectacle ne fait que commencer...

Dans ses passages les plus incisifs, la troupe s'avère particulièrement efficace, et ce, même si de complexes tirades techniques s'immiscent dans ces compositions. Calé sur un tapping martelant, à mi-chemin entre Haggard et Symphony X, l'épique up tempo syncopé « Shadow Provision » nous assène ses riffs démoniaques et ses blasts assassins tout en variant ses effets. Dans ce champ de turbulences évolue à l'unisson un duo mixte en voix claires, les limpides inflexions de la soprano répondant point pour point aux viriles attaques de son acolyte de baryton. On appréciera également l'impitoyable combat sur un pont techniciste entre un mordant legato à la lead guitare et de volubiles rampes d'un intarissable serpent organique. Dans cette mouvance, on restera scotché par les sémillantes séries d'accords du tempétueux « Sense of Matter » ; titre ''xandrien'' campé sur une sidérante quadrature vocale, nous octroyant, par là-même, la magnétique présence de la mezzo-soprano athénienne Iliana Tsakiraki (Enemy Of Reality). Jouissif instant s'il en est.

Par moments, le collectif égéen se plaît à varier ses ambiances, livrant alors une facette de son art susceptible de nous retenir plus que de raison. Ainsi, l'énergisant « The Alpha Origin » nous plonge dans une atmosphère orientalisante dans le sillage d'un Epica estampé « The Divine Conspiracy », et, ce faisant, nous aspire en son sein sans avoir à forcer le trait. Si une impression de déjà entendu nous étreint, les délicats arpèges au piano en réponse au sensible picking de George Kratsas offrent une insoupçonnée et grisante alternative, qui assurément trouvera un débouché auprès de l'aficionado du genre. On regrettera toutefois une brutale clôture d'une pièce qui ne l'appelait pas nécessairement de ses vœux. Par ailleurs, dans un climat celtique dans la veine conjointe d'Eluveitie et Leaves' Eyes, le vitaminé et néanmoins envoûtant « Attribution Theory » impose ses riffs corrosifs et de rayonnantes envolées lyriques. Feignant de nous perdre en cours de route, eu égard à ses nombreuses variations rythmiques, le brûlot n'en demeure pas moins seyant.

Lorsqu'ils desserrent la bride, nos six gladiateurs révèlent également de beaux atours, ceux que leurs challengers patentés pourraient bien leur envier. Ainsi, on restera happé par les suaves harmoniques du corpulent mid tempo « Aggression » ; nightwishien en l'âme, cet effort révèle également de truculents gimmicks à la lead guitare, qui ne sont pas sans renvoyer à un Dream Theater des premiers émois. Doublé d'une touche folk symphonique et octroyant d'insoupçonnés changements de tonalité, ce galvanisant méfait finissant crescendo se voit mis en habits de lumière par un duo mixte à l'unisson. Ainsi, les 8 minutes de cette proposition se révèlent infiltrantes de bout en bout de notre parcours, nous poussant même à une remise du couvert. Mais là n'est pas encore le point d'orgue de ce message musical.

Rares sont les formations de ce registre à avoir franchi le pas, celui de nous plonger dans une pièce symphonico-progressive excédant les 15 minutes. Aux fins d'un spectacle opératique d'envergure, nous est livré un futuriste et néanmoins chevaleresque « Entropia (The Final Chapter) » ; ou l'art de faire cohabiter des univers et des époques que tout oppose. Véritable morceau de la démesure déroulant ses quelques 18 minutes, où abondent de croustillantes péripéties, révélant moult effets de surprise au fur et à mesure de sa progression, ce joyau nous octroie une assise oratoire des plus rayonnantes, des choeurs en cascade venant donner le change à un charismatique duo mixte calé sur le schéma de la Belle et la Bête. Et ce n'est ni le rutilant solo de guitare, ni la stupéfiante accélération du rythme percussif qui nous feront lâcher prise de cette foisonnante pièce en actes oscillant entre Therion et Haggard, et doublée d'une touche black. Un masterpiece.

Si l'on ne décèle que de rares baisses de régime, le manifeste ne saurait cependant être exempt de quelques bémols. L'offensif « Deceptive Projection » en est une illustration. Pourtant doté d'une headbangante rythmique, mais se lançant dans d'interminables conjectures technicistes, et ce, sans avoir pu sauvegarder ne serait-ce que l'once d'une cohérence mélodique, ce propos peine à encenser le tympan. On n'insistera pas davantage.


Nous est ainsi livré une œuvre dynamique, vibrante, riche en gammes et en arpèges, diversifiée sur les plans rythmique, atmosphérique et vocal, et non dénuée d'une petite pointe d'originalité, mais qui doit se laisser le temps de l'imprégnation pour nous révéler tous ses secrets ou, du moins, en déceler toutes les subtilités. En dépit d'un bémol et d'une logistique perfectible, le propos ne souffre que de peu d'irrégularités, autorisant de fait une écoute prolongée chez l'aficionado du genre.

Quoi qu'il en soit, pour un premier essai, le combo hellénique affiche un remarquable potentiel technique, des qualités mélodiques qui ne sont pas en reste et une heureuse symbiose entre le corps orchestral et les lignes de chant. Et ce, même si l'ombre de ses maîtres inspirateurs plane encore sur nombre de ses cheminements harmoniques. Mais nos six mousquetaires ont bien le temps de peaufiner leurs portées et leur jeu d'écriture pour nous concocter une seconde production plus aboutie, et surtout plus personnelle, et de se muer, par là-même, en redoutables challengers. La concurrence n'aura alors qu'à bien se tenir. Bref, une formation à suivre de près...

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