Parce que la Grèce n'est pas que synonyme de philosophes forcés au suicide, de dieux plutôt névrosés, de dictature de colonel ou de crise financière (rien de mieux qu'une série de clichés pour commencer une chronique), il est toujours réjouissant de constater qu'elle sait s'illustrer ailleurs que ce qu'elle trimballe depuis des décennies ou des siècles, pour ne pas dire des millénaires. Que personne ne soit trompé par le nom, la pochette, ou la musique de
Murder Made God, absolument dans la lignée anglo-saxonne : le quatuor est bien originaire du pays de Platon, et de la ville de Thessalonique, pour les plus zélés géographes d'entre vous.
Murder Made God est arrivé sur la scène (en excluant une démo confidentielle en
2012) avec un premier album nommé «
Irreverence », à la pochette incendiaire (une statue du Pape érigée sur un tas de ruines et des flammes), édité chez
Brutal Bands. Le second, appelé «
Enslaved » et qui bénéficie d'une pochette non moins soignée renvoyant aux ambiances de certains films ou jeux vidéos («
Silent Hill » en tête) est distribué cette fois par les Américains de
Comatose Music, bon label œuvrant surtout dans le brutal death mais aussi le death technique. Signe avant-coureur de la confiance que le label porte en ce groupe précis, la promotion d' «
Enslaved » est faite dès la page d'accueil de leur site internet.
Jusqu'à présent (à l'heure où j'écris ces lignes, le disque n'est pas encore sorti pour le grand public), les très bons retours de nos confrères ainsi que la bonne teneur de l'opus précédent ont alimenté mon attrait pour «
Enslaved » et
Murder Made God encore davantage : un attrait qui n'a pas été trahi par la qualité de l’œuvre proposée...Qui bénéficie premièrement d'une excellente production. «
Irreverence » n'était pas en reste, et témoignait, en pensant également à sa pochette, d'une volonté sérieuse de maîtriser tous les aspects de la direction artistique. De très vite, être des professionnels n'ayant pas à rougir de la comparaison avec des productions plus budgétées. Sur «
Enslaved », le mixage est soigné, précis, et permet d'apprécier à leur juste mesure les capacités des musiciens et les compositions.
Dans ses compositions justement,
Murder Made God met un point d'honneur à la tenue et à des structures solides, rigoureux dans l’exécution autant que l'écriture. Les pistes offrent des variations de patterns, mais on n'a jamais l'impression d'un grand n'importe quoi cherchant à impressionner l'auditeur avant tout, ce qui, dans le death technique est une solution aussi critiquable que lassante. Leur musique est volontiers déchaînée, avec une double-pédale en furie qui martèle chacune des pistes avec une précision frappante («
Enslaved ») ne laissant planer aucun doute quant à l’appartenance death du groupe. En réalité, cette touche death est plus proche d'un certain deathcore, par ses choix de mixage, sa lourdeur et ses riffs comme sur « The
Titan, The Fighter and The Thief », ou du death brutal (la violence de quasiment toutes les intros ou «
Victims ») que du death technique à proprement parler.
La technicité se fait entendre sur des phases légèrement polyrythmiques ou des variations de tempo qui demandent une grande clarté d’exécution («
Subject 666 »), mais ne donne jamais une sensation vertigineuse de complexité ou de démonstration. Par modestie et goût pour la musique extrême,
Murder Made God met l'accent sur la puissance et la lourdeur, allant jusqu'à dégouliner ponctuellement, à partir de «
Assassinés ! », dans un son slam ensevelissant encore davantage l'auditeur. Cette humilité et ce plaisir de faire avant tout un disque efficace et rassasiant de death metal permettent à un morceau comme «
Depression » d'être un mélange parfait : intro au riffing pour heabdanbing prenant, usage d'un rythme ralenti pour un morceau encore plus groovy et lourdissime que les précédents qui donne envie de se jeter dans la fosse, puis une forte phase à la rythmique heurtée et peu mélodique faisant penser aux meilleurs patterns de groupe comme
Periphery.... La piste est LA tuerie de l'album, un sans faute intégral.
«
Enslaved » s'achève tel une boucle tant les morceaux initiaux et finaux sont proches. Tous deux avec une outro lourde au rythme plus lent, un motif entêtant et une double-pédale sans fin, comme une lente mais imposée échéance vers un horizon sombre... Un futur que les membres du groupe veulent sombre pour nous, mais que nous voyons avec un bon œil pour eux, en soulignant la réussite de cet album modeste, qui n'invente rien, mais assez bon pour nous faire attendre de bon pied les prochaines sorties.
-Chant très quelconque et qui a tendance a saturé.
-Des moments plus calmes qui me sorte un peu du morceau car mal intégré.
-Structure très solide mais déjà entendu.
(- Un artwork moche mais c'est pas ou vrai problème)
Pour moi 17/20
Encore un très bon groupe grecque qui entre dans le bal du death metal en compagnie de ces homologues : Vermingod, et Mass Infection.
Terriblement exécutée, cet album laisse présager du meilleur pour la suite, a moins qu'ils enferment dans un death ultra technique.
Car comme tu le dis , la technique doit être savamment dosé, afin quelle soit efficace, pour ma part la technique juste pour de la technique, je n'y accroche guère.
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