Quoi de neuf sous le pâle soleil de Suède ? Ma foi, pas grand-chose, mais qui vous a dit qu’on voulait de la nouveauté ? On continue à nous servir de la musique furieuse et blasphématoire sans une once d’originalité, et ma foi, c’est très bien comme ça. Et cette fois-ci, c’est Wan qui s’y colle, combo crée en 2009 et officiant dans un black death primitif, caverneux et bas du front, qui semble n’avoir pour seul but que de dégueuler la haine, la misanthropie et la négativité qui pourrissent notre sombre monde en perdition.
Les Suédois sortent ici avec
Enjoy the Filth leur deuxième full length, et s’il est certain que ce
Enjoy the Filth ne marquera pas le monde du metal extrême, il fera sans aucun doute passer un très bon moment à tous les amateurs de musique régressive et pas prise de tête. Un seul coup d’œil à l’artwork nous fixe rapidement : non, on n’aura pas affaire à du death technique ou à du power prog’ : un logo rudimentaire et torché à la va-vite, une pochette noire – évidemment ! - particulièrement immonde qu’on croirait gribouillée par un gamin de 10 ans, un titre d’album aussi explicite qu’
Enjoy the Filth, le contenant ne trompe pas sur la marchandise, on aura du cru, du crade et du direct.
En 31 petites minutes, le tout est expédié, inutile de préciser que le groupe envoie méchamment la sauce, pied au plancher, sans trop se poser de questions, et balance ses riffs sans fioritures. Le premier titre, Day of Reckoning, a un plaisant arrière-goût de crust et rappelle les confrères nationaux de
Driller Killer. Le ton est donné : furieux, rapide et sans concessions, et cette intensité ne baissera pas jusqu’à la fin de la galette.
Le son est étonnamment bon pour ce genre de productions, puissant et bien organique, on est loin du chaos inaudible et grésillant de certains combos underground de proto black, ceci dit, rassurez-vous, le tout n’est pas trop aseptisé. Les riffs restent ultra basiques mais très efficaces, et devraient sans aucun doute réussir à faire headbanger plus d’un metalleux en manque de musique primitive et sauvage. Finalement, sous ces abords bas-du-front et brut de fonderie, ce
Enjoy the Filth brasse tout de même pas mal d’influences : on retrouve un côté black n’roll indéniable qui rappelle des combos tels Natteforst ou
Craft, avec des compos groovy (Helvite, Trollmor,
Belial), certes extrêmement classiques et dépourvues de toute originalité, mais foutrement bien branlées. Il y a également une influence thrash non négligeable, avec des titres directs et sans fioritures comme
Pagan Metal Damnation, Swing the
Hammer,
Enjoy the Filth ou The
Charger, véritable attaque black thrash qui pourrait figurer sans problème sur un album de
Destroyer 666. Ceci dit, il y a également un côté plus gras et plus lourd, ne serait-ce que dans le son, particulièrement épais et baveux, et on décèle parfois l’ombre maudite de groupes tels
Obituary qui plane au-dessus de ce charnier sonore (l’ouverture de Northern Brothers, la fin de
Pentagram Rockers). Le riff principal de The
Charger me rappelle même pas mal celui de
Genital Grinder de vous savez qui en version thrash, c’est pour dire…
Le tout respire cette urgence et ce je m’en-foutisme punk (la voix presque hardcore sur le Day of Reckoning et sur les couplets de The
Charger, les chœurs scandés à la hooligan sur ce même titre et sur Swing the
Hammer, les larsens de Pentagam Rockers, le riff de Trollmor, qui sonne très crossover), et les titres vont directement à l’essentiel, oscillant entre 0,42 et 3,40 minutes.
Pas de technique superflue, Wan mise avant tout sur la simplicité et l’efficacité, et ça marche ! Chacun des 13 titres qui composent cette galette est une ode à la crasse, la noirceur et la sauvagerie et s’écoute avec les tripes, s’adressant directement à notre côté animal et libérant nos bas instincts. Le fracassant
Burn vient terminer cette orgie infernale, avec ce rythme marqué et headbangant et cette basse délicieusement claquante.
Alors, quoi de neuf sous le pâle soleil de Suède ?
Pas grand-chose, donc. Ceci dit, avec ce
Enjoy the Filth, Wan parvient à nous sortir une galette de black trash n’ roll bien grasse, directe et groovy qui fait plus que tenir la route, et qui ravira sans problème tous les amateurs du genre et risque de surprendre pas mal de curieux de par sa qualité sans faille. Une bonne surprise, qui a en plus le mérite de nous faire découvrir un groupe à suivre de près.
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