Comme son nom ne l'indique pas,
Manhattan Project provient de Grèce et tourne autour de cinq musiciens qui se revendiquent pragmatiques. C'est aussi de cette manière qu'ils qualifient leur musique puisque tout ce qu'ils veulent, c'est expérimenter au-delà de toutes limites, qu'importe les erreurs qu'ils puissent faire. Mais si on devait mettre des étiquettes, disons que le metal du quintet se veut instrumental et progressif, avec un son moderne et une grosse sensibilité pour les expérimentations.
Le groupe sort son premier opus "Engineering Chaos" et y dévoile toutes ses influences. Si les guitares ont une place importante, ainsi que la batterie et sa double furieuse, les parties symphoniques se veulent elles aussi prédominantes. Imaginez donc un metal prog instru qui goûterait aux tonalités djent, aux breakdowns mais aussi à des orchestrations au rendu cinématique. Vous obtenez un metal ambiancé, parfois épique, doté d'une aura quelque peu futuriste évoquant les récents méfaits de
Mechina, l'aspect cybernétique en moins.
Dès les premières minutes du premier titre éponyme, l'auditeur est propulsé dans un metal typiquement moderne. Les riffs polyrythmiques et dissonants s'associent à des touches électroniques et des plans symphos grandiloquents. On s'attendrait presque à entendre un growl débarquer, tant ce dernier se serait bien intégré à l'ensemble, mais n'oublions pas qu'il s'agit d'instrumental. Et le piège du metal instrumental, c'est de lasser les auditeurs et ne rien proposer d'intéressant sur le long terme.
Heureusement,
Manhattan Project arrive à ne pas tomber les deux pieds dedans. Chaque piste possède son atmosphère et son approche, liées entre elles par ses orchestrations travaillées et son feeling moderne. De l'intro militaire du titre "The
Manhattan Project" à l'ambiance extra-terrestre de "The
God Complex" en passant par le sitar et les percussions de "Vishnu", on découvre peu à peu des inspirations diverses et variées, ce qui évite à l'album de tourner en longueur. Même si le riffing reste souvent convenu et assez classique, la technique est au rendez-vous avec des plans costauds et des soli aux claviers, dans la pure tradition prog, comme sur le sombre "X-10".
La fin de l'opus se démarque par son côté plus old school, davantage inspiré par les groupes de heavy sympho. Les riffs changent aussi d'orientation, de même que les claviers où les violons deviennent plus soft, moins space opera. C'est après le terrifiant "
Metanoia" et ses cordes pressantes évoquant Les Dents de la Mer qu'arrive "Day One : Trinity". Ce morceau est si différent du reste de l'album qu'il évoquerait presque un métissage entre
Dream Theater et
Blind Guardian, d'autant qu'on retrouve du chant, et pas du growl si c'est à ça que vous vous attendiez. On vous laisse découvrir.
"Engineering Chaos" surprend et ne surprend pas à la fois. Il surprend par la diversité de ses ambiances et la technicité de ses orchestrations, mais ne surprend pas par ses guitares trop peu couillues et des mélodies un peu trop prévisibles. La production n'est de plus pas toujours à la hauteur mais reste satisfaisante pour du fait-maison. L'ensemble reste sympathique mais pas assez immersif malgré de très bons titres.
Encore merci Matai, pour cette chronique précise et éclairé.
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