Enfeus Lodge

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15/20
Nom du groupe Enfeus Lodge
Nom de l'album Enfeus Lodge
Type EP
Date de parution 2008
Style MusicalBlack Avantgardiste
Membres possèdant cet album19

Tracklist

1. Iri-has Chu, d'un Désastre Obscure 11:11
2. O Grand Fossoyeur des Paix Nocturnes 06:24
3. Le Roi des Morts 03:58
4. Je Suis d'Ailleurs 06:45
5. Ars Moriendi 06:49
Total playing time 35:07

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Enfeus Lodge


Commentaire @ TasteofEternity

17 Janvier 2021

Necromantical Concilium Black Metal

Telo Delenda Est

La Mort vous va si bien.

"Toulon, Necropolis enfiévrée, Grande Catin de mon souvenir, sois bénie dans l’infamie. L’Ombre va t’honorer au seul prix de ta progéniture. Arraché à l’Enfer qui les a vus naître, et prospérer, un quarteron de Fils du Vice t’a été envoyé. Retiens ta bave, et rentre ce ventre boursouflé par les abus incessants, aujourd’hui ta souillure vaut gloire d’antan. Voilà que les Légions du Concilium s’abattent sur Toulon. Déshonneur suprême, que tes larmes n’effaceront jamais."

Qu’il est jouissif de profiter d’une opportunité pareille pour s’attacher quelques instants à Xaphan et Hunferd. Le premier est un banni au nom des préceptes de la bien-pensance. Las d’être frappé d’anathème à tout vent, ce fils de bouc se drape sous de nombreux noms de scène, un pour chacune de ses activités criminelles : propagandiste possédé sous le nom de Xaphan, poète décadent sous les traits de Comte Romuald de Tresseuil, vidéaste lubrique à ses heures sous le titre de Baron Saturne, cet aigle conquérant ne relâche que rarement ses serres. Hunferd, le nécrophilistin, ombre furtive du Concilium, loup solitaire au cœur de pierre et à la glace dans les veines, sorcier se régénérant dans des corps refroidis, empile les projets (OTAL, DS, EL…) comme autant de victimes expiatoires. Ils étaient faits pour se rencontrer. Ces deux-là partagent un noir secret que la morale réprouve. Dans l’Ombre, ils chassent la candide pâleur d’êtres fraîchement occis. Animés par l’Esprit de la Mort, ils traquent sans relâche cette timide lueur qui s’échappe à l’ouverture du tombeau, tout autant que cette odeur méphitique. Il ne restait plus qu’à trouver le sanctuaire pour la cérémonie, qui allait sceller leur alliance pour l’éternité. Au frontispice, sur une plaque de marbre noir, deux mots en lettre d’or, Enfeus Lodge : les ruines de l'âme s’enflamment dans l’ultime Necrocoïtus.

« Tout cela se passe dans les caves de mon âme, et toutes ces idées saugrenues sont ensevelies très soigneusement au fond de moi ; du dehors on ne voit rien, et j’ai la réputation d’un jeune homme tranquille et froid. » T.Gautier

Ne faîtes pas les dégoûtés, et encore moins les surpris, mécréants que vous êtes. Faut-il vous rappeler que depuis deux millénaires maintenant à chaque messe vos prêtres se gavent du corps et du sang du Christ pendant que vous baissez la tête et vous agenouillez devant ?! Par ailleurs le si charmant conte, mis en animation par ce cher Walt Disney, dénommé la Belle au Bois dormant ne pourrait-il pas être interprété comme une fable nécrophile sous des atours chevaleresques ? Alors reveillez-vous et prenez conscience des emprises qui pèsent sur vous et de la violation permanente des interdits sous le joug desquels vous traversez une incarnation tél un pauvre hère. Affranchissez-vous de ces héritages mensongers et goûtez à la véritable vie éternelle.

Quand on a voyagé avec les entités de ces deux mange-morts, on n’est guère surpris devant l’aspect monumental de l’œuvre. C’est une véritable ôde à la Mort. Hunferd a développé ce talent de composer des riffs accrocheurs sortis du néant, dans le cadre d’un black metal contemplatif, qui sait se faire attendre. Sur des accords de guitare acoustique, se construisent de lentes boucles mélodiques entêtantes jusqu’à ce que sa compagne électrique vienne tout éclabousser. Au sommet, le chant ignominieux, gras et intarissable de Xaphan déverse son flot d’insanités, sans jamais baisser la garde. Ces hurlements caractéristiques d’une âme en perdition sont reconnaissables entre mille. Le livret nous permet de nous immerger dans la poésie nécrophiliaque de ces esprits déchus :

« Quand, à mes pieds, un caveau béant, à la folie ouvre sa cage,
Je sens venir le noir courage d’y pénétrer comme on se pend. »

Ce premier morceau de plus de 11 minutes avec cette double introduction est une œuvre dans l’œuvre. La suite accélère sensiblement le tempo, ouvre la voix à des passages déclamés, marque de fabrique de BIS, qui permettent de jouir au maximum de la qualité des écrits proposés par Xaphan. On se laissera charmer par la puissance mélancolique qui se dégage du quatrième morceau Je Suis d’Ailleurs, à l’émotion palpable :

"Ultime descendant de la race des nouveaux Dieux.
Je suis le relent du coeur, nauséeux, le monstre des sentiments,
Le banquet pathétique et illusoire, l'âpre carnage,
Le festin pathologique d'un âge : Histoire."

On regrettera sans doute une section rythmique un peu trop en arrière et linéaire, sous-estimée par les deux nécromanciens. Alors oui, les breaks, les nappes de claviers « tragico-comiques », les samples de loups, la narration féminine, les textes aux sonorités recherchées, tout cela pourrait alourdir inutilement la charge, et surtout jouer les trompe-l’œil pour tenter de camoufler un manque d’inspiration quelconque, alors qu’en réalité cette grandiloquence assumée est le pilier central d’Enfeus Lodge. Les deux autres étant la guitare ensorcelante d’Hunferd et le chant hystérique de Xaphan. Il y a un parti pris baroque, et mélodique, qui tranche brutalement avec les sorties de SV et OTAL. Il s’agit de funérailles grandioses, de rituels nécromanciens qui mélangent esthétique et sauvagerie, d’ultimes honneurs rendus.

Alors qu’on nous enseigne que le socle de toute société qui se respecte se fonde sur un interdit, celui de l’inceste, on en oublierait presque celui de la nécrophilie. Xaphan et Hunferd ont tôt fait de nous rappeler à l’ordre et à travers Enfeus Lodge, de mettre en lumière leurs propres pulsions inavouables pour la société moderne, comme autant de rite de glorification de la Mort. Une œuvre qui défie la Loi des Mortels par bien des aspects, sous couvert d’esthétique, se vautre dans ce que le simple quidam dénommerait l’Horreur. Enfeus Lodge est une plongée dans des Ténèbres impénétrables.

"Le sommeil de la raison engendre des monstres"

Telo Delenda Est

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