Jouer vite et fort ne vous garantit pas l’excellence et encore moins le succès. Et pourtant, des groupes se sont illustrés par leur jeu vif et puissant. C’est le cas notamment du fameux groupe de thrash metal «
Slayer ». La formation de Tom Araya et Jeff Hanneman a fait des émules jusqu’en Ukraine, où un groupe tente de suivre ses traces. «
Stormrider » voit le jour en 2007 sous l’impulsion de Yaroslav Dyatel et Alexander Kumeyko dans la capitale ukrainienne, Kiev. Après de nombreux changements de batteurs, la troupe se consolide avec l’arrivée de Ruslan Babaev derrière les fûts et de Sergey Losev à la basse. C’est alors que la troupe opte pour le nom de «
Crusher ». Un premier Ep est enregistré et parait en 2009. S’en suit des changements de line-up et le départ du fondateur Alexander Kumeyko. C’est en toute confiance que les compères, réduits à trois membres, se lancent dans la réalisation d’un premier long volume. Celui-ci sortira en début d’année
2012 sous la bannière de Total
Metal Records, une sous-division du label ukrainien
Metal Scrap Records. Par un modeste mais prometteur «
Endless Torment », «
Crusher » s’inscrit comme acteur dans une scène thrash metal ukrainienne en pleine ébullition.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, «
Crusher » nous initie au rite de passage de l’introduction post-apocalyptique, avec sons de cloche, éclairs et narration démoniaque. Rien de très surprenant, même si ça produit son petit effet. On commence déjà à cerner des capacités limitées dans leur démonstration instrumentale. Cette montée en pression qui précède le premier véritable titre « On the Needle », se compose de riffs assez malhabiles et d’une batterie imprécise. La suite saura en revanche nous montrer un groupe plus incisif et percutant, bien que l’on retiendra toujours un certain manque de maturité évident. Les ukrainiens, si on en croit tout d’abord « On the Needle », œuvrent dans un thrash metal à l’américaine, agissant plus comme un flux d’électricité que comme un bulldozer propre aux groupes allemands. C’est donc ici rapide, fou, usant d’un riffing mitraillé et de soli que l’on croirait pris de démence. Du «
Slayer » worship ?
Pas à ce point. On pourra néanmoins faire une relation à des groupes à l’instar du mexicain «
Strike Master », qui dans ses débuts conjuguait cette fougue avec un son de batterie tout aussi désordonné. Ça paraitrait un peu plus évident à l’écoute du sec et nerveux « Skatanic Ride », proposant quelques enchaînements acrobatiques de bon goût.
On regrette parfois la redondance de certains morceaux, surtout que le chant de Yaroslav ne figure pas en gage de variété et de puissance. Associé à une batterie inélégante, au jeu gauche, nous avons droit à des titres déséquilibrés à l’instar d’un instable et peu performant « Den of
Iniquity » ou d’un «
Thrasher in
Hell », qui aurait pu devenir excellent s’il n’avait pas tant mis cette batterie en avant. Le son envahissant de la caisse claire gâche l’étonnante énergie qui y est développée. Même la reprise du sulfureux « Jesus Saves » de «
Slayer » fait bien pâle figure à côté de l’original. La différence de niveau entre Ruslan et Dave Lombardo est d’ailleurs flagrante. Ce n’est plus un fossé qui les sépare, mais bien des années-lumière entre eux.
L’originalité de «
Crusher » reposera davantage sur des titres comme «
Politishit », usant de quelques riffs heavy metal perdus au milieu d’un véritable chambardement hostile. On retient ce titre pour son jeu élaboré et pour ses changements bruts de vitesse. « Living for... » jouit également d’un grande richesse mélodique. En plein milieu de piste, «
Crusher » créé la surprise en nous proposant la nonchalance du hard rock, puis aussitôt une dextérité thrash metal proche d’un Jeff Waters. Yaroslav est décidément meilleur guitariste que chanteur. Cette affirmation se conforte à l’écoute de l’éponyme «
Endless Torment ». Le chant ne suit que difficilement l’évolution musicale. Il a en permanence un temps de retard alors qu’il a été mis en évidence par rapport aux autres intervenants. Du coup, le tout paraitra mou et sans adhérence.
Nous avons là un groupe moyen avec son lot de défauts et de qualités. Il est regrettable que l’on ait à faire quasiment les mêmes reproches pour chacun des titres du volume «
Endless Torment ». Cela dit, ce que nous ont fait là nos thrashers venus d’Ukraine est tout à fait potable. Ils parviennent à imposer des morceaux d’assez bonne qualité, par un jeu sanguin, très électrique. Avec le temps, il est probable que le groupe, qui n’en était là qu’à son premier essai, se peaufine, s’améliore. En attendant, ces fils de Kiev devront se graver dans la tête le message d’une pub de pneus : « Sans la maîtrise, la puissance n’est rien ».
12/20
à mon camarade furaxyn
Bon bah y mieux dans le genre mais il y a pire aussi hé hé
C'est plat, pas inspiré mais j'ai entendu pire.
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