Que la Péninsule Ibérique nous propulse sur la scène heavy metal à chant féminin, pourquoi pas ? Elle nous convie dés lors à une furieuse tourmente à l'instar de cette jeune formation. Ayant déjà à son actif une démo, celle-ci nous propose un an plus tard cet EP auto-produit de cinq titres d'égale longueur, évoluant sur un espace auditif d'une vingtaine de minutes environ.
Le quartet se compose de la chanteuse à la voix rugissante Elena Zodiac, la bassiste Motorcycle
Marina, la guitariste Patricia Strutter et la batteuse Lucia Xauri. De cette classique mouture metal, il en ressort un son heavy tonitruant, mêlant une grande vélocité rythmique, des riffs hurlants et une basse vivifiante. En outre, le plus souvent, nous sont octroyés des soli de guitare d'assez bonne facture. Ainsi, le propos musical délivré par ce combo se rapproche dans sa forme instrumentale comme sur le plan vocal de celui du quartet heavy canadien
Skull Fist, avec une production d'ensemble moins experte.
Ce qui frappe d'entrée de jeu, c'est une faible marge du relief acoustique, tous les titres étant calés sur une même architecture rythmique. On est ainsi suspendu à un heavy pur, sans variations de registre, ni de modulations du climat orchestral d'ensemble. Les lignes mélodiques souffrent aussi de gênantes carences en termes de nuances et d'impact émotionnel. Doit-on alors s'attendre à un naufrage avant même l'arrivée de la tempête ?
Tout n'est pas à déconsidérer dans cette oeuvre, à l'image des plages centrales de l'opus. Ainsi, le dynamique "Blindslave" s'en sort de justesse grâce au doigté enjoué de Patricia sur ses cordes de guitare. De leur côté, les riffs ne desserrent pas leur étreinte et la voix furieuse et puissante de l'interprète rajoute encore à la ferveur de la piste. Dommage que le chemin mélodique soit aussi fade. Du coup, l'attention risque de s'étioler avant même la chute brutale du morceau. Les riffs acérés et la féroce rythmique de son voisin "Speed on the
Road" nous assaillent de la même manière. Et, les impulsions vocales, à la manière de
Crucified Barbara, avec moins d'emphase néanmoins, violentent nos tympans sans ménagement. On ouïra toutefois quelques beaux accords et la présence opportune d'un solo qui fait tout pour nous retenir.
Il est étonnant d'observer que l'entame tout comme l'outro de l'EP s'avèrent bien peu immersifs de par la pauvreté affichée de leurs harmonies. De son côté, le tonique et graveleux "
Sacrifice" nous projette sur de virulents riffs qu'accompagne une empreinte vocale survitaminée mais peu maîtrisée, les aigus flirtant avec les distorsions la plupart du temps. Ainsi, couplets et refrains souffrent d'une pâleur maladive de leurs champs mélodiques. Certes, un break opportun aura été pensé, laissant une reprise cinglante à la guitare lui emboîter le pas. Là encore, le combo appelle de ses voeux le toucher de guitare de Patricia, pour un joli petit solo. Mais, l'enveloppe harmonique nous embourbe à chaque pas un peu plus, et finit par nous noyer dans une mare de notes plus insipides les unes que les autres.
Si l'introduction passe à côté de sa cible, on espère que la conclusion sera plus apte à nous conquérir. Tempétueux, inquiétant, un bateau prêt à chavirer se fait entendre sur "
End of Time". Aussi, démarrant avec une guitare en retenue, l'orchestration nous aspire dans un inévitable tourbillon. Et ce, à l'image d'une bouillonnante rythmique corroborant des riffs qui se plaisent à écorcher nos pavillons déjà endoloris. Avec l'énergie du désespoir, les stridulations aussi rageuses que monocordes de la belle tentent de nous faire plier, en vain.
Ce ne sont ni la rythmique ébouriffée, ni les riffs déchaînés du sanguin "Heavy
Metal Warriors" qui vont retenir davantage notre attention. D'autant plus que la sirène n'a de cesse de nous infliger des inflexions rocailleuses et agressivement braillardes comme seul mode d'expression de son message oralisé. Un solo de guitare, pourtant bien amené, ne parviendra pas à nous affranchir des approximations des accords contenus dans ce titre, eu demeurant bien peu inspiré dans sa syntaxe mélodique.
On ressort de l'écoute de cet EP avec le sentiment de déjà entendu. Rien ne retient particulièrement l'attention tant les contrastes sont lacunaires dans leur principe d'émission. Une bonne volonté s'affiche pourtant chez ce quartet de charme. Mais il en faudra bien plus pour espérer figurer en bonne posture dans ce registre metal, tant les finitions, les enchaînements et les arrangements sont encore taillés dans la roche.
Pour une écoute ou deux, sans plus, afin de détecter un éventuel potentiel du groupe, on pourra conseiller ce bref propos musical aux amateurs de heavy pur à chant féminin. A l'heure où les formations de ce type rivalisent d'inspiration, il serait opportun que nos quatre princesses prennent le temps de peaufiner leur projet pour nous offrir une production irréprochable.
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