A force de revisiter les anciennes formations, les anciens opus des années 80, on ne s’étonne pas de rencontrer des combos de thrash ou de heavy revival tentant, parfois avec une certaine réussite, de faire revivre la flamme de l’époque vertueuse du metal. Le plus souvent le serpent se mord la queue. On gagne en nostalgie ce que l’on perd en originalité. «
Encyrcle », projet danois fondé vers
2012, ne fait visiblement que très peu parler de lui. Il est possible que les choses changent à son sujet, car le groupe a réalisé un opus de speed thrash assez bien fait chez Unspeakable
Axe Records. Cet album éponyme ne se contente pas d’un bête recyclage ; il utilise avec parcimonie ses nombreuses influences nord-américaines principalement, dont certaines n’apparaissent pas des plus évidentes ou faciles. C’est la première roue d’un carrosse fait pour rouler.
Pas sûr que vous tournerez en rond.
Nous sommes accueillis par ce qui ressemble une marche funèbre, composé d’un tocsin et de riffs gras et lents. A première vue on s’attend à du heavy ou à quelque chose imbibé de doom metal. Tout faux. Nous retrouverons bien plus tard de ce heavy metal larvé en interlude avec « En
Trance » ou encore dans en enrobage plus classieux avec l’autre instrumental «
Serpent’s
Dream », mais la piste qui succède « Chronoboros » est une cavalcade speed thrash des plus alertes, manquant peut-être d’un certain volume, mais absolument redoutable sur le plan de la vitesse. Musicalement, on se rapproche assez des premiers forfaits marquants laissés par «
Agent Steel ». Sans en comprendre le chant toutefois sur ce « To the
End ». Celui-ci apparait abordable, mais quelque peu surfait n’emportant pas la même dextérité dans le déchainement musical. « To the
End » malgré sa dominance speed à l’américaine, se révèle riche et contrasté. Davantage en tout cas qu’un « Obliveration
Eyes » qui fait plus clairement penser à la fougue ascensionnel d’«
Agent Steel » dans sa ténacité.
C’est un speed thrashisant qui dépote, comme cette formidable seconde partie de piste de « Deathlust », néanmoins plombée par la partie précédente plus avachie et lente, celle-là même qui enclenchera par la suite, mais un peu tardivement, la terrible furie. Dans cette folie furieuse et ces mélodies qui partent à cent à l’heure, on dégage le redoutable, conquérant et nerveux « Dizzy Me Deadly ». Le titre adopte une formule quasi identique à « Bloodbasker » et ses accents annihilatoriens. Une avalanche qui tranche quelque peu avec le heavy speed plus racé de « Facelasher » dont les airs pourraient voir leurs inspirations dans le titre « The
Hunter» d’«
Iced Earth ». «
Black Dust » va perpétuer ce souffle heavy metal, avec davantage de subtilité, un peu de noirceur dans son entame pour mieux élancer les mélodies qui vont suivre, puis donner forme à un heavy speed brut sans fioriture. Nous assistons ainsi à une mutation vers plus de solidité et de nervosité. Ce qui n’est pas trop le cas d’ «
Evoke the
Night » s’accommodant d’un heavy speed proche cette fois de la vague revival dans son approche mélodique et sa netteté, flagrant au passage du refrain.
Les danois d'«
Encyrcle » nous séduisent techniquement, bien que saisis dans la vague du revival, ils font l’effort d’un mélange parfois audacieux, allant du speed thrashisant à un heavy metal des plus limpides. Il manquerait peut-être un titre phare, un morceau qui puisse leur servir de première pierre angulaire dans leur quête de renommée. Il y aurait également à redire d’un chant qui ne participe parfois pas de la même fougue, de la même énergie, que celle formidablement exécutée par les guitares, dans un enthousiasme agile et même bluffant. Ça va vite, ça envoie la sauce, mais le chanteur court derrière le carrosse. Une seconde étape est donc nécessaire pour attester véritablement de l’efficacité de l’équipe et de son bolide.
14/20
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