Peu d'informations ne permettent de nous enrichir de connaissances sur ce jeune groupe qu'est
Thraw, formé en 2006 en Slovénie, et qui ne dispose jusqu'à maintenant que de trois démos à leur actif. Toutefois, leurs derniers travaux sont, vu sous un certain angle que je vais m'efforcer d'expliciter, riches d'enseignements.
Avec cet "Encephalic Oppressions",
Thraw semble prôner la modestie faite roi, dans le sens où il ne semble pas limiter le genre du thrash technique à des ensembles de processus musicales complexes ou à des virtuosités de compositions. Bien au contraire, les slovènes semblent plutôt avoir une certaine conception du thrash, une sorte de vision de comment aborder ce style à leur manière.
Bien difficile de trouver les mots corrects pour un description juste alors que la musique parle pourtant avec une telle évidence, ce qui me pousse d'autant plus à vous inciter à jeter vos deux oreilles sur cet opus. A tenter le tout pour le tout, je dirais qu'ils font du technique anti-conceptuel.
Là où la plupart des groupes de cette spécialité semblent explorer une voie spécifique brisant les codes du thrash "classique",
Thraw semble rester humble en ce domaine, quitte à se demander s'ils ont vraiment trouvé leur route à suivre. Leur jeunesse les en excuserait. Leur musique prend des aspects parfois très minimalistes et austères, dont le manque de budget ne semble pas être la cause, tant la qualité de son, et donc la production avec, est de bonne facture.
Minimaliste? Du technique? Étrange non?
Pas si paradoxal finalement à écouter les cinq morceaux qui composent cette démo.
Thraw joue énormément sur les riffs et leur enchaînements successifs, avec l'utilisation de temps, contretemps, en accélérant ou ralentissant la mesure etc... Les deux premiers titres "Pandemic
Reflection" et "Condemnation" en sont peut-être les plus flagrants représentants, tandis que dans "
Mage's
Rage", la mélodie si on peut appeler ça ainsi subit le même traitement. Cela leur permet d'assurer une contenance musicale technique tout en restant très proche d'un speed/thrash acéré et sans concession. Voilà comment on obtiendrait une sorte du thrash technique minimaliste et anti-conceptuel. Peut-être serait-ce finalement ça leur voie? A voir, 23 minutes ne sont pas suffisantes pour délibérer définitivement.
Au-delà de ça, la voix d'Aleksander Smode rappelle drôlement le chant de Steve "Zetro" Souza d'
Exodus, période "Fabulous
Disaster", et contribue à la petite touche speed qu'on peut apprécier plus particulièrement dans "Obsene Anatomist". Pour boucler la boucle, "A
Piece Of Madness" reste globalement dans le ton général, avec néanmoins un son légèrement plus lourd pour un tempo à peine revu à la baisse.
En conclusion, nous avons ici une démo d'excellente facture et riche de promesses. Une réserve se doit d'être émise envers mes louanges car après trois démos, l'album véritable se fait attendre et son absence peut faire passer mes propos comme des conclusions hâtives. Tant pis, je prends le risque, car à lui seul, "Encephalic Oppressions" peut se bonifier avec l'âge en termes de réputation, et porter à lui seul la renommée de
Thraw.
A écouter, tout simplement, tandis que le groupe est quant à lui à suivre. Qui sait? On tient peut-être un vecteur d'avenir pour le thrash... ça se tente, vous ne trouvez pas? Moi, je me lance, à vous de voir.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire