Ah grands dieux, que la vie est terne et triste. Tout vous paraît être moche. Les fleurs artificielles, le sourire de votre banquier, les affiches de la prochaine campagne présidentielle coupant la moitié d’un corps de Père Noël vous proposant une réduction de 20% sur l’achat de terrines du sud-ouest. Du moins c’est-ce qui est écrit sur le papier collé sur la vitrine d’un ancien magasin aujourd’hui peuplé par des anticonformistes fraichement convertis en prolétaires. Quelle misère! On voudrait tout de suite se soulager par un disque, et pas n’importe quoi, quelque chose de vivifiant, d’entrainant, de joyeux. Tout l’inverse de ce que l’on voit par notre fenêtre et même à l’intérieur. Du power mélodique. On reproche au style d’être niais et trop gentillet, mais il fait bien son œuvre pour remonter quelque peu le moral. Dans ce style une formation ukrainienne méritait l’intérêt. Je dis « méritait » car il y aurait beaucoup à en redire aujourd’hui. «
Conquest », formation créée en 1996, s’est fait promettre à un bel avenir dès son premier opus «
Endless Power ». Un power mélodique rapide s’essayant à faire du «
Helloween », un chant à la traîne, certes, mais le tout rend bien. Une nouvelle étape a été franchie en 2005, soit 5 ans plus tard avec «
Frozen Sky ». «
Conquest » accentue sa phase mélodique pour réaliser un semblant «
Freedom Call ». On remarque alors une confortable présence des claviers sur ce volume. La confiance régnait alors entre ces ukrainiens et leurs auditeurs. C’était peut-être ni très original, ni véritablement bien maîtrisé, mais on avait droit à des morceaux vifs, gracieux et efficaces. Puis en 2009, sort un nouvel album. Déjà à la couverture, on sent venir quelque chose. Une espèce d’armoirie à la
House Of Lords, en moins bien fichu, un fond noir et une tâche de sang qui ne correspondent pas du tout au style convenu pour «
Conquest ». Auraient-ils changé musicalement? Peut-on y voir une nouvelle mutation? Si changement il y a, ce sera cependant pas en mieux. Il faut le signaler dès à présent, de « conquête » on parle désormais de « défaite » avec «
Empire ». (« Berezina » aussi ça va bien comme terme, mais ça ne rime pas.) Ce n’est pas avec cela qu’ils seront amenés à porter une couronne de lauriers, c‘est moi qui vous le dis.
Bon! On s’attendrait bien à quelque chose d’aussi radieux et guimauve que «
Frozen Sky », dès l’amorce « In the
Darkness », faisant dans le bruit des vagues et les sonorités claviers inspirées de la dream des années 90. C’est immédiatement après que nos espoirs sont balayés. Les claviers tenus par
Lady Dea se mettent à couiner dans un riff, qui viendra ensuite nous agresser tout le long de la piste. Ce n’est qu’un élément parmi d’autres, mais celui là nous fait réellement sortir les yeux de nos orbites. C’est horrible, affreusement simpliste. Comme joué par un enfant remuant qui s’évertuerait à gonfler ses parents en faisant un bruit peu agréable et néfaste pour la santé. Hormis cette prestation que l’on tente d’oublier sans succès, on retrouve le bon riffing des guitares. Rapide, transcendant. L’inspiration à «
Helloween » est particulièrement frappante, surtout le chant qui ferait penser à celui d’
Andi Deris. On y retrouve aussi les solis quasiment tirés de l’illustre formation teutonne. La batterie survoltée ferait elle songer au «
Sonata Arctica » des débuts, quand Tommy Portimo s’employait à délIVrer des pointes de vitesse. On pourra reprendre une description en tout point identique pour son suIVant «
Far Beyond », même pour l’agression aux claviers, gâchant abominablement le refrain.
Un air bien simpliste et pompeux joué par cette machine diabolique sur « The
Never-Ending Quest
Will End ». Ce serait plus à la manière des formations folk/pagan bizarrement. Cela en serait acceptable. Enfin, ce serait peut être notre mental qui a décidé de passer l’éponge. On jubilera néanmoins de l’intensité effarante produite par les autres instruments. Quel souffle! On en vient alors à une nouvelle victime à mettre directement au compte de notre serial killer
Lady Dea. Magnifique meurtre. On aurait cru en écoutant l’entame harmonieuse de «
Faith Within » qu’elle aurait compris son erreur, qu’elle s’excuse. Et nous comme des idiots on lui dit « tu es pardonnée ». Et ben, croyez-moi ou non, c’est là qu’elle adresse un beau bras d’honneur. Elle réitère ses couinements laids et honteux pour enquiquiner l’assistance et pourrir la musique de «
Conquest ». Le riff principal que l’on lui a malheureusement accordé est une mouche crevée flottant au milieu d’un potage aux légumes. Bien sûr l’affamé qui ne se montrera pas dégoûté et qui fera abstraction de ce détail foutrement gênant, appréciera le potage à sa juste valeur. Cela aurait mérité un peu de sel. On sent les limites des autres membres sur les rythmiques à mid tempo.
Au nombre de ces titres à mid tempo, proche d’un «
Sonata Arctica » post « Reckoning
Night », on retrouve « We Have Returned ». Les guitares prennent ici du poids à notre grande satisfaction. La musique en serait plus cohérente, sauf que W.
Angel, le chanteur, nous trahit ces quelques difficultés à bien maîtriser l’anglais. Sa prestation manques de fluidité. Un peu mâché donc. C’est encore le chanteur qui est à la faute sur la ballade « When the Skies
Fall ». Le ciel ne nous tombe pas sur la tête (c’est déjà fait), mais on en finit trempé des pieds à la tête. Rien de proprement engageant, ni de très original. C’est étrange comme cela fait penser à du Robbie Williams et à beaucoup de trucs nuls crachés par la FM ces derniers temps. L’homme à la voix mâchée se paye même le luxe d’un cheveu sur la langue. On critique, on critique, mais l’ensemble est assez appliqué, produisant un certain effort pour rendre la chose émotionnelle, même si ça marche pas. Quand on vient à en parler de la radio, on en retiendrait le titre éponyme «
Empire » qui vaut une palme en niaiserie. Digne d’un tube Fun Radio. Cette prestation mole sur fond dream sera très surement zappée par les auditeurs courageux qui auront dû à affronter le restant. Le chanteur a l’air de s’ennuyer ferme, et ce sentiment est incroyablement contagieux. Qu’est-ce que c’est linéaire. On aurait pu croire que le mauvais goût ait atteint ses propres frontières, mais cet opus serait rempli de surprises, de mauvaises surprises. Revoilà notre machine diabolique et sa claviériste infernale. « We are the Ones », retenez bien le nom, est un titre ... de power dance. Encore un mariage forcé sans l’avale des autorités publiques. Heureusement, ils ne se prendront la peine de rediffuser ce mariage que sur l’entame et le refrain. Cela pourrait paraître déjà trop. Le reste est tout au plus acceptable, mais ne nous consolera pas d’un tel choc. Dire, qu’ils semblaient avoir compris notre déprime sur «
Prisoner of the UnIVerse ». Le synthé y fait bien quelques pics dans notre direction, mais se prend une gifle par les guitares, faisant taire ces sons horribles par moments. Enfin, comme dans tout ce disque ces périodes de répit ne sont que passagers.
Dire que l’on m’en a fait cadeau. C’est un vrai message de haine qui m’a été adressé avec ce «
Conquest » de 2009. N’ayant aucun rapport avec ses deux précédents, «
Empire » n’est qu’un brouillon de power mélodique. Une farce de mauvais goût adressée aux fans de cette formation ukrainienne, en pleine progression alors. Qui doit être brûler? Je désigne de suite la claviériste. Au feu la sorcière. Pour le chanteur ce sera des coups de bâton. C’est vraiment désolant d’assister à pareil spectacle. Les compositions avaient l’air correctes, les guitares et batterie envoyaient la sauce. Il a suffit qu’il y ait un ou deux perturbateur(s) pour tout foutre en l’air. Et chez «
Conquest » ce sont les membres les plus utiles qui s’en vont à chaque fois. Aïe, aïe, aïe! Que ce monde est moche et injuste.
09/20
Bien sûr que Frozen Sky était pas mal, on aurait cru que le groupe allait gagner en mâturité. Et bien c'est tout le contraire.
Merci Tristan! ^^
Je suis d'ailleurs très surpris que l'on fasse des éloges de cette formation. D'accord les deux premiers opus sont pas mal, mais on trouve tellement mieux ailleurs et dans le même style. Par contre celui-ci, rien qu'à entendre les notes sur mini casio, c'est la totale incompréhension.
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