La qualité d'un album tient parfois à peu de chose près. Faute de quoi, dès qu'un compositeur (en l'occurrence, Chad Kroeger) s'efface du groupe ou atténue la collaboration de façon significative, ne serait-ce qu'en passant de six à un seul morceau d'écrit, la formation en question, bien qu'elle puisse s'exprimer davantage, peut parfois avoir quelques surprises. Si
Default avait su limiter les dégâts en délivrant un premier album assez correct du nom de "The
Fallout" et probablement, du seul fait de ses singles, il n'en reste pas moins que certaines fragilités liées à la consistance et à l'efficacité des morceaux avaient été observées.
Pour un jeune groupe tel que
Default, partir à la conquête du monde américain avec comme seul bagage, le lead single "Wasting my Time" (issu du premier essai) ou même, continuer son ascension sur les territoires glacés du Canada, peut se révéler particulièrement difficile, dans le sens où, la venue d'un nouvel artiste imposant tel que
Theory Of A Deadman, la création et les premières signatures post-grunge du label 604 Records dirigé par Chad Kroeger, la montée en puissance de
Nickelback et bien sûr, le combo
Three Days Grace s'ajoutant à cette longue liste, et venant livrer une bataille sans merci avec son premier album éponyme sombre et rageur, laissent finalement peu de place au quatuor.
En dehors du single "Throw It All Away" qui représente bien les valeurs post-grunge de
Default, on ne pourra pas vraiment dire que ce "Elocation" soit un opus efficace, car le groupe vient malheureusement d'appuyer les défauts de son premier essai, tout en dégradant la qualité de ses mélodies. Mais pour en revenir au morceau, qui soi dit en passant, aurait très bien pu faire office d'un énième hit sur "The
Fallout" - on peut toutefois saluer l'aspect efficace et hargneux que l'on aurait aimé retrouver tout au long de cette écoute. On pourrait également s'étonner que le seul titre marquant de cet album, soit aussi le seul coécrit avec les services de Chad Kroeger.
D'un autre côté, le morceau d'ouverture "Who Followed Who?" semble avoir définitivement perdu le talent, nous offrant ainsi un semblant d'énergie, qui nous dévoile en fait, le manque cruel d'inspiration du groupe. Les cordes vocales de Dallas Smith faiblissent, les refrains alternatifs se font sans grande conviction... Il en est de même pour "Movin' On" et son manque de profondeur, qui, malgré les quelques relances mélodiques de son vocaliste se retrouve en mauvaise position sur l'album, tout comme "Without You" - sorte de ballade linéaire suscitant la lassitude, pour n'en citer que quelques-unes.
Pourtant, le groupe bénéficie d'un beau packaging artistique à en juger par les producteurs présents tels que Rick Parashar (
Pearl Jam,
Alice In Chains,
Temple Of The Dog) - Butch Walker (
Sevendust) ou encore Chad Kroeger. Que donc garder d'un album, à l'allure d'un sous-
Nickelback et à l'énergie semblable à un
Scott Stapp au bout du rouleau, outre le single déjà évoqué ? Quelques rythmes intéressants ("Crossing the Line") - quelques solos sympathiques comme "(Taking My)
Life Away" (autre single ayant fortement contribué à la popularité de cet album) et à la limite, un morceau assez osé "Cruel" qui reprend du Jeff Buckley, dont le rendu reste honorable, mais rien de bien marquant à ce niveau.
De "The
Fallout" - il ne restera que le vague souvenir d'un groupe qui aurait pu devenir bien plus prometteur par la suite ("Let You
Down" se charge de le rappeler, du fait de sa présence sur ces deux albums, version studio puis acoustique). Là où
Default échoue, d'autres réussissent à se confirmer et à étendre leur popularité. Faute de quoi, "Elocation" n'est ni plus ni moins qu'une sorte d'alerte donnée pour le restant de la carrière au quatuor canadien.
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