Malgré les apparences, le doom/death est continuellement en train de nous réserver des surprises. Même si on découvre des formations se situant dans la même lignée, même si on tombe sur des ersatz, même si certains combos ne révolutionnent rien, il y a toujours des groupes qui, bien que dans l'ombre, arrivent à concocter leur patte personnelle afin de se démarquer un temps soit peu de la masse. Il faut savoir où les trouver. Mais lorsqu'on les trouve, le résultat est plus qu'inattendu.
En cela,
Indecadence fait partie de ces petites surprises. Les Espagnols, après dix ans de formation, sortent enfin leur premier album début
2012 après une démo et un EP discrets.
Signés chez les ukrainiens d'Arx Productions, ils trouvent le moyen de sortir de leur cachette afin de livrer ce «
Elephant », un opus qu'il ne faut absolument pas prendre à la légère. La musique est à l'image de la pochette : nature, belle mais aussi lourde et imposante. En effet le sextet se situe entre deux tendances. Partisan de la lourdeur et de l'écrasement mais aussi de l'aérien et du mélodieux. Il tire ses influences de
Katatonia ou de
Paradise Lost tout en s'octroyant des passages atmosphériques à la
Anathema, voire ambient ou folklorique, sans oublier certains relents post-rock.
Indecadence ne fait pas dans la simplicité, le mélange forme un doom/death mélodique, atmosphérique et mélodieux.
Ici, rien n'est centré sur la souffrance ou de quelconques lamentations. Même si les ambiances sont généralement moroses, elles dégagent quelque chose de lumineux, grâce à une osmose parfaite entre les claviers, les samples de la nature, les guitares et l'alternance de chant. Le duo intoducteur « Diaro de un Difunto » et « Tryouts » montre bien le potentiel d'
Indecadence, mélangeant allègrement lourdeur et légèreté. Il y a toujours cette guitare écrasante en arrière plan et, en contraste, cette lead guitare éthérée créant des mélodies raffinées.
Si « Sleepy » renforce le tout avec un côté très planant et ces claviers quasi mystérieux, « Dissapointed » met l'accent sur le côté post-rock mélangé au death et à la lourdeur du doom. Growl caverneux, claviers vaporeux, chant clair hypnotique, l'ensemble est envoûtant avant de passer ensuite à quelque chose de plus traditionnel («
Willow 13 » entres autres). Il ne faut pas renier les parties atmosphériques et instrumentales, qui tranchent avec l'agressivité des parties death metal. «
Hypocrite » et « Incide » le montrent très bien, avec l'utilisation subtile du clavier.
«
Elephant », l'éponyme, est une belle continuité dans le royaume de l'éthéré. Point de metal sur ce morceau, mais de l'ambient très porté sur la nature et accompagné de touches électroniques, sans non plus être pompeuses. Une belle fresque envoûtante, quasi folklorique au niveau des guitares et des percussions typiquement espagnoles, emportant l'auditeur dans des contrées chaleureuses.
En clair, si vous êtes partisan du pesant et d'un certain tranchant dans le doom/death, ce «
Elephant » ne vous est peut-être pas dédié. Par contre si vous aimez le doom/death mélodique, atmosphérique et métissé, peut-être y trouverez-vous votre compte tant que ce sont les ambiances et la complicité des guitares qui ont le premier rôle. Une belle découverte pour un album passé quasiment inaperçu.
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