Lorsqu'on m'a parlé d'Omrade et qu'on m'a conseillé d'écouter, je n'étais pas très convaincue. On me disait que c'était dans mon trip, de l'indus, de l'électro, de l'ambient. Pourquoi pas, mais étrangement cela ne me parlait pas. Je me suis forcée à écouter le titre qu'on m'avait refilé, "Motsogn", avec une certaine appréhension. Sans m'y attendre, je me suis complètement retrouvée captivée, hypnotisée par l'atmosphère nébuleuse dégagée. Un mélange d'ambient, de post-rock, d'indus et de jazz qui se dilate et se contracte le long de cinq minutes.
Tout ça pour dire qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Omrade est en fait un projet mené par un duo de musiciens chevronnés : Bargnat Xlx et
Arsenic, l'un d'entre eux étant dans le groupe de death/prog/sympho
Idensity. Omrade se décrit comme un groupe de musique avantgardiste mélangeant la trip-hop, l'ambient electronique et le metal, avec des influences comme
Ulver ou
Manes. En effet, on n'est pas loin, sauf que le duo ne puise pas ses racines dans le black metal. Il arrive malgré tout à rendre sa musique hypnotique et captivante, sombre et inquiétante, parfois optimiste et rêveuse. Il faut dire que décrire précisément ce que fait Omnrade est compliqué tant il mélange les styles et les éléments. Chaque morceau est différent et les seuls liens qui les unissent sont le piano et les vocaux, parfois agressifs, parfois distordus, parfois popesques mais toujours émotifs et pénétrants.
Si le titre "Motsogn" vous parle, alors vous pourrez vous faire une idée du reste d'"
Edari", le premier album d'Omrade sorti en avril dernier chez My
Kingdom Music. L'atmosphère si nébuleuse et mystique du titre introducteur se retrouve sur les sept autres morceaux, développant à leur façon des mélodies et des effets que l'on ne retrouvera nulle part ailleurs. Les styles empruntés sont divers et malléables, le duo ayant une étrange capacité d'adaptation. Le côté jazzy de "Motsogn" laisse par exemple sa place à un "Mann Forelder" symphonique et cinématique faisant au final apparaître une cavalcade de beats sur des guitares douces et généreuses. Le mélancolique et suave "Luxurious
Agony", dans un style post-rock et dans lequel apparaît en guest Guillaume Bideau (
One-Way Mirror), est un moment de calme et de sérénité avant l'obscur et inquiétant "Satellite and Narrow" développant une mélodie et une atmosphère qu'un groupe de black metal n'aurait pas renié. Une voix distordue s'élève, tel un mantra, avant de laisser place à des chants clairs et énervés. Les guitares électriques accompagnent les riffs industriels en arrière plan, nous bercent et nous terrorisent à la fois.
Omrade nous dévoile un univers aux mille facettes et impose à l'auditeur de nombreuses heures d'écoutes attentives. La lumière se fait rarement une petite place sur ce "
Edari" obscur qui nous ramène régulièrement à nos pires angoisses. Les moments de calmes sont souvent éphémères et nous amènent inéluctablement à l'horreur et aux ténèbres. C'est ce que nous montre "Aben Dor", introspectif, maladif, où les grincements et les voix gutturales torturées ne font qu'un. Dérangeant.
On échappe malgré tout à toute cette noirceur vers la fin de l'opus avec un ensemble relativement plus proche de la World Music. Omrade conserve le côté mélancolique, qui fait partie intégrante de sa musique. "Friendly
Herpes" développe alors percussions, chants traditionnels, atmosphères changeantes bourrées de reverb avant de partir sur une musique trance chaleureuse, loin de l'adrénaline de la trance que l'on connaît bien. Ce qui détonne avec "Ottaa Sen", cette fois plus synthétique et futuriste grâce à un cyber pop new wave technoïde et épique, avec des pointes de tribal, proche des derniers travaux de
Neurotech ou de
Mechina. Fascinant!
Que dire de plus. Omrade est un projet fabuleux aux multiples visages. Sa musique est plus qu'avantgardiste, elle est hybride, à la croisée du post-rock, du metal, de l'ambient, de l'électro, de la world music, de la trance, et bien plus encore. Développer une série de styles n'est, de toute façon, pas pertinent. Il faut écouter "
Edari" pour se faire une idée bien concrète de la chose. Et encore...les différentes écoutes, aussi nombreuses soient-elles, ne sont pas forcément suffisantes. Ce duo est un OVNI en puissance et j'ai déjà hâte de me procurer leur prochain album.
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