Encore un énième groupe de metal symphonique à chant féminin, sans doute voué comme tant de ses pairs à une disparition prématurée des tabloïds, me direz-vous, et qui, en ces temps agités par la concurrence acharnée dont ce registre continue de faire l'objet, pourrait bien songer à vous donner tort ? Ce serait faire fi de la féroce détermination à en découdre de la part de ce sextet italien originaire de Pizzighettone, petite ville située dans la province de Cremone en Lombardie. Ce qui ne signifie nullement que la jeune formation s'est lancée tête baissée dans la bataille, tant s'en faut : créé en 2020, le combo lombard réalisera son introductive et éponyme démo quelque trois années plus tard ! Mû par un élan d'inspiration renouvelée, le collectif sortira dès 2024 son premier et présent album full length «
Echoes of the Will ». En quoi ses neuf pistes, incluant les deux méfaits de la précédente livraison, singulariseraient-elles ce projet de ceux, toujours plus nombreux, de leurs homologues générationnels ? Ce faisant, les 42 optimales minutes de ce set de compositions permettraient-elles à la troupe de venir grossir les rangs des sérieux espoirs de cet espace metal ?
Mais avant d'aller plus loin, faisons connaissance avec nos hôtes. A bord du navire, nous accueillent : Veronica Bosio, chanteuse non lyrique et aux puissantes inflexions ; Paolo Vaccaro et Fabio Sampellegrini aux guitares ; Alessandro Conti à la basse ; Paolo
Brutus à la batterie ; Alessandro Mantovani aux claviers. De cette étroite collaboration naît un propos rock'n'metal mélodico-symphonique à la fois échevelant, solaire et technique, inspiré, pour l'essentiel, par les vibes d'
After Forever,
Temperance et
Walk In Darkness. Jouissant d'une production d'ensemble de bonne facture, dont un mixage parfaitement équilibré entre lignes de chant et orchestrations, et d'arrangements instrumentaux finement esquissés, la galette autorise dès lors son parcours d'un seul tenant. De quoi nous intimer d'aller explorer plus en profondeur les entrailles du cargo...
A l'aune des passages les plus enfiévrés de leur offrande, nos acolytes parviennent d'un battement de cils à nous retenir, un peu malgré nous. Ce qu'atteste, en premier lieu, « Walkers in the
Castle », up tempo aux riffs acérés adossés à une frondeuse rythmique, à la confluence de
After Forever et
Temperance ; générant une énergie aisément communicative, pourvu d'un refrain, certes, convenu mais des plus engageants et mis en exergue par les chatoyantes impulsions de la sirène, et décochant un flamboyant solo de guitare à mi-morceau, l'éruptif manifeste ne se quittera qu'à regret. Dans cette énergie, s'impose également « Son of a Deity », up tempo syncopé aux riffs vrombissants, tant pour ses enchaînements intra piste ultra sécurisés que pour les insoupçonnées et grisantes montées en régime de son corps orchestral. Par ailleurs, le pulsionnel «
Born in
Blood » happera le tympan aussi bien pour ses sémillantes rampes synthétiques que pour ses truculents harmoniques ; ce faisant, cet élan vitaminé poussera à un headbang bien senti et ininterrompu. On ne saurait davantage éluder l'enfiévré « La Pucelle d'Orleans », eu égard à sa mélodicité toute de fines nuances cousue et à ses deux sémillants soli de guitare.
Dans une dynamique similaire, mais en réponse à un souhait communément partagé de varier ses exercices de style, le combo nous octroie un luxuriant et opulent effort instrumental. Ce faisant, le chaland pourra se sentir prestement aspiré par le seyant paysage de notes dont se nourrit l'énergisant instrumental symphonico-cinématique « Racconto d'Inverno ». Glissant le long d'une radieuse rivière mélodique, instillé de sensibles clapotis pianistiques que relaie un soufflant solo de guitare, ce galvanisant espace d'expression incitera assurément à y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité.
Un poil moins véloces, d'autres pistes pourront à leur tour nous aspirer dans la tourmente. A commencer par « Liotru », mid/up tempo aux riffs crochetés, non sans rappeler
Walk In Darkness ; essaimant de saillants coups de boutoir tout en préservant une sente mélodique des plus invitantes sur laquelle se greffent les poignantes volutes de la déesse, cet espace polyrythmique pourrait bien se jouer de toute tentative de résistance à son assimilation. Dans cette dynamique, «
Lycanthropy » joue non seulement sur ses variations rythmiques mais aussi sur des effets de contraste atmosphériques pour tenter de l'emporter. Ce faisant, de bouillonnants couplets se voient relayés chacun d'un félin et enivrant refrain mis en habits de lumière par les claires patines de la princesse. Et la sauce prend, une fois encore. On retiendra, enfin, les ''temperanciens'' mid/up tempi syncopés « The
Legend of Gammazita » et « Burke &
Hare » au regard de la soudaineté de leurs accélérations et de leur fringant solo de guitare.
A la lecture de ce pulsionnel et rutilant manifeste, force est d'observer que la troupe transalpine signe là une œuvre forte, sans l'once d'un bémol susceptible d'affadir l'attention du chaland. Pour se sustenter, d'aucuns auraient sans doute requis davantage de variété en matière d'exercices de style, ballades, fresques et autres duos manquant cruellement à l'appel. Si les prises de risques sont encore peau de chagrin, le combo appose néanmoins son sceau artistique et oratoire sur la majeure partie de la galette. Témoignant parallèlement d'un réel potentiel technique, au demeurant judicieusement exploité, et de lignes mélodiques finement esquissées et volontiers engageantes, ce premier élan cristalliserait une éruptive et chatoyante entrée en matière pour le combo italien, état de fait lui permettant de venir guerroyer sereinement parmi les outsiders de cet environnement metal. Wait and see...
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